S’il y a des sujets qui sont sur toutes les lèvres aujourd’hui au Mali en crise, ce sont bien les revendications sociales qui refont surface, les calendriers électoral et référendaire divulgués par l’administration territoriale et le nouveau découpage administratif du pays. A voir de près les revendications sociales et les protestations sur les élections, le référendum et le découpage administratif, l’on constate la mauvaise foi du gouvernement à respecter ses propres engagements, ses décisions unilatérales. A y voir de près, le gouvernement ne doit-il pas, pour éviter un retour à la case de départ, prioriser la gestion de ces contestations qui se dessinent à l’horizon et qui pourraient entacher le bon déroulement de la transition ?
Après la grande tempête des revendications sociales que les autorités de la transition avaient connues au début de leur installation, le calme était revenu avec l’obtention d’un accord avec les syndicats, notamment l’Union Nationale des travailleurs du Mali (UNTM). Cette accalmie sur le front social avait donné de l’espoir aux uns et aux autres pour la bonne marche de la transition. Mais c’était sans compter les difficultés liées à la gestion du pays que les autorités actuelles ont décidé de faire en solo au début et qui continue de leur poser des problèmes. En effet, depuis quelques semaines, les revendications sociales ne cessent de refaire surface. La plus grande, qui est plus inquiétante, est celle de l’UNTM qui a déposé sur la table du gouvernement, un préavis de grève de 4 jours, le 26 avril dernier. Et après, si rien n’est fait pour appliquer les procès verbaux de conciliation signés entre l’UNTM et ses alliés et l’Etat, il y a quelques mois, menace l’UNTM, d’autres actions, comme la grève illimitée, seront déclenchées. En somme, l’UNTM reproche à l’Etat de ne pas respecter ses engagements.
En plus du préavis de grève de l’UNTM, la synergie des syndicats de la Police nationale du Mali prévoit d’aller également en cessation de travail, du 24 au 26 mai 2021. L’on note aussi la grève annoncée de la Coordination des Comités de la DAF, des DRH, des CPS et des DFM des ministères. Cette coordination menace d’observer trois semaines de grève, allant du 31 mai au 18 juin 2021. En dehors de ces menaces de grève annoncées qu’il faut prendre très au sérieux, les autorités de la transition font aussi face à d’autres protestations. Il s’agit de celles contre la coupure intempestive de l’électricité. En effet, depuis quelques jours, la devanture de l’Energie du Mali (EDM) est devenue l’attraction des populations mécontentes de l’incapacité de l’EDM à fournir le courant aux usagers. Le ministre de l’énergie et de l’au, qui avait dit à sa prise de fonction que le problème de l’électricité n’était pas insurmontable au Mali (déclaration qui avait donné de réels espoirs aux populations), a changé de langage. Il se cache derrière la somme de plus de 2000 milliards de Fcfa pour résoudre la crise énergétique au Mali. Cette confession explique tout. Elle voudrait dire aux Maliens que les mécontentements, les sit in, les grèves ne pourront changer la situation actuelle; qu’il faut prier, se remettre à Dieu pour qu’un Messi vienne nous sauver.
Désaccord sur le chronogramme électoral
Sur le sujet des calendriers électoral et référendaire annoncés par les autorités de la transition à travers le Ministre de l’administration territoriale et de la décentralisation, Colonel Abdoulaye Maïga, les protestations, propositions n’ont pas tardé à l’endroit des autorités. Dr. Choguel Kokalla Maïga, porte-parole du M5-RFP, a dit clairement que le « calendrier électoral n’était pas tenable ! ». Après, ce fut le tour des députés de l’Assemblée Parlementaire de la Francophonie (AFP), invités par le président du Conseil national de la transition (CNT), Colonel Malick Diaw, de proposer aux autorités de la transition, à la fin de leur mission de bons offices au Mali de l’APF pour la réussite de la transition, de tenir les élections présidentielles et législatives et décaler les locales. Idem pour les organisations de la société civile malienne qui ont vivement invité le gouvernement de la transition à organiser uniquement les élections référendaires, législatives et présidentielles, le délai étant très court pour organiser toutes ces élections de novembre prochain à fin mars 2022. Certains sont déjà pessimistes par rapport à la bonne organisation des élections. Selon eux, il n’y aura pas d’élections transparentes. D’autres arguments avancés concernent la question de l’organe unique des élections qui est mise dans la calanque grec et celle liée à l’insécurité qui prévaut dans le pays et qui pourrait être un obstacle à l’organisation d’une élection transparente, crédible et acceptée par tous.
Désaccord sur le nouveau découpage administratif
Le nouveau découpage administratif annoncé par les autorités de la transition n’a pas tardé à recevoir des protestations dans beaucoup de localités du pays. C’est le cas à Makala, à Tombouctou, à Niafounké, à Tonka, etc. Ces décisions impopulaires doivent amener l’Etat à méditer sur sa façon de faire. Autrement dit, le gouvernement doit faire de sa priorité, la gestion de ces protestations qui se dessinent à l’horizon pour éviter un retour à la case de départ. Cela, pour permettre à la transition de suivre son chronogramme afin d’arriver à bon port. En faisant fi de ces questions en suspens, il faut s’attendre, dans les jours voire des mois à venir, à un blocage.
Hadama B. Fofana
Source: Le Républicain- Mali