Le Conseil de sécurité de l’ONU a renouvelé, mardi dernier, pour une année, c’est-à-dire jusqu’au 31 août 2023, ses sanctions contre le Mali. Le renouvellement de ces sanctions malgré les avancées non seulement dans la lutte contre le terrorisme mais aussi dans les réformes politiques et institutionnelles prouve que le Conseil de sécurité obéit aux désirs de la France d’Emmanuel Macron, en conflit avec le Mali.
Six mois après les avoir émises, les organisations sous-régionales (la Cedeao et l’Uemoa) ont levé leurs sanctions « illégales, illégitimes et inhumaines » contre le Mali. Cela, après avoir constaté les avancées dans les réformes politiques et institutionnelles devant aboutir à l’organisation d’élections libres, crédibles et transparentes. Les relations entre le Mali et l’Union africaine sont aussi au top. La visite au Mali du président en exercice de cette organisation, Macky Sall, en est une preuve tangible.
L’incohérence du Conseil de sécurité
Que veut le Conseil de sécurité au Mali ? Après avoir renouvelé le mandat de la Minusma sans prendre en compte les recommandations du Mali, après s’être tu sur les provocations de la France contre le Mali, le Conseil de sécurité de l’ONU n’a trouvé mieux que de renouveler ses sanctions contre le Mali. Lesdites sanctions concernent l’interdiction de voyager et le gel des avoirs s’appliquant aux individus et « entités qui entravent » la mise en place de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, jusqu’au 31 août 2023. Aussi, a-t-il prolongé jusqu’au 30 septembre 2023 le mandat du Groupe d’experts chargé de surveiller l’application des sanctions, ainsi que la demande d’encourager la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (Minusma) à assister le groupe.
Mais, ce que le Conseil de sécurité de l’ONU n’a pas voulu noter, c’est l’avancée dans la lutte contre le terrorisme. La montée en puissance de l’armée est désormais un secret de polichinelle. Il y a certes toujours des efforts à faire, mais la situation sécuritaire s’est nettement améliorée.
Concernant la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation nationale, la tenue de la deuxième édition de la réunion de haut niveau décisionnel des parties est une avancée importante. Il est à rappeler que lors de cette réunion, plusieurs décisions ont été prises. Certaines de ces décisions sont, entre autres : l’intégration de 26 000 ex-combattants en deux tranches avant fin 2024, la création et l’opérationnalisation d’une commission ad hoc chargée de mener à bien le travail sur les hauts directeurs civils et militaires des mouvements signataires, ainsi que la décision du gouvernement d’accélérer les réformes politiques et institutionnelles sans rapport avec la révision constitutionnelle.
Donc, s’appuyer sur le retard dans la mise en œuvre de l’Accord pour sanctionner le Mali est une incohérence, car les autorités de la transition ont toujours réitéré leur volonté, leur disponibilité pour la mise en place de ce document.
La question Wagner
Les relations entre le Mali et la France continue de se détériorer depuis la rectification de la trajectoire de la transition. La France, n’ayant pas su digérer la diversification des partenaires par le Mali dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, parle d’une collaboration entre l’armée malienne et les ‘’mercenaires de Wagner’’, une société de sécurité privé russe. Elle affirme avoir accéléré son départ du Mali à cause de cette prétendue collaboration. Du côté du Mali, les autorités nient tout lien avec un quelconque groupe de mercenaires. « Au Mali, nous ne connaissons pas de Wagner. Nous avons des relations d’État à État avec la fédération de Russie », a déclaré le ministère des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Abdoulaye Diop. Malgré ces démentis, la France et ses alliés continuent d’accuser d’être en train de travailler avec des ‘’mercenaires’’.
Par ailleurs, ce qui est paradoxal dans la décision du Conseil de sécurité de l’ONU, c’est de renouveler les sanctions contre le Mali qui est plutôt victime. Pourquoi le Conseil tarde à se prononcer sur la plainte du Mali contre la France par rapport aux multiples violations de son espace aérien ?
Cette posture du Conseil de sécurité montre son incohérence et il donne raison à ceux qui estiment qu’il est aux ordres des puissances dont la France.
B. G
Source: LE PAYS