Le projet de nouvelle constitution ne fait pas consensus au haut conseil islamique malgré l’adhésion du Cherif Ousmane Madani Haïdara. En dépit des efforts de la commission de finalisation pour donner une définition claire et nette du principe de la laïcité mis en cause, la tension ne faiblie pas. Pour mieux comprendre cette situation qui menace de diviser la communauté musulmane, Me Ibrahima N’Diaye, représentant du haut conseil Islamique au sein de la commission de finalisation du projet de nouvelle constitution a invité chacun à faire des campagnes selon la lecture qu’il fait du document. Pour lui, la constitution n’est pas une norme religieuse et ne doit pas être une source de division des croyants d’une même religion.
Après les travaux de finalisation, le projet de nouvelle constitution de la République du Mali toiletté a été remis au président de la transition et à certains leaders d’opinion. Mais il faut reconnaitre que le document ne fait pas l’unanimité au sein de la communauté musulmane à cause du mot laïcité qu’il contient. Si le président du Haut Conseil Islamique Cherif Ousmane Madani Haïdara a, lui, accepté et bénit le projet de nouvelle constitution, d’autres Co religieux jusqu’au sein du Haut Conseil Islamique rejettent le document à l’état actuel. Ces derniers estiment que la future norme nationale est une menace pour la région musulmane dont plus de 90% des Maliens pratiquent. Pour donner son point de vue sur la question, en tant que représentant du haut conseil islamique au sein de la commission de la finalisation de l’avant-projet de la nouvelle constitution, Me Ibrahim N’Diaye était au micro de Issa Kaba Sidibé à l’émission de renouveau matin, hier 15 mars 2023. Il reconnait que d’importants travaux ont été faits par la commission de finalisation pour donner une définition appropriée au mot laïcité, voire l’adapter aux contextes et aux réalités du Mali. Mais malgré cet état de fait, des polémiques règnent toujours sur la question. C’est pourquoi, loin de la position de la grande famille du haut conseil islamique, chacun est libre de choisir le camp qu’il veut. C’est du moins ce qu’on comprend de l’explication de Me Ibrahim N’Diaye lorsqu’il a invité chaque groupe religieux à faire des campagnes selon la lecture qu’il fait du document.
« Ceux qui trouvent que le projet de constitution est une bonne chose pour notre pays peuvent sensibiliser à voter Oui. Par contre, ceux qui pensent que ce n’est pas bon pour notre pays peuvent appeler à voter Non » a-t-il indiqué.
D’ailleurs, souligne-t-il que la constitution n’est pas une norme religieuse pour mettre dos-à-dos les musulmans. Au contraire, souligne-t-il que « c’est un document qui organise le fonctionnement de l’Etat, tout en garantissant les libertés et les droits fondamentaux des hommes ainsi que leurs rapports entre eux » a-t-il défini la constitution tout en ajoutant qu’elle fixe juste les principes de base. Selon lui, se sont les lois qui déterminent les spécificités de la constitution d’où l’importance d’attendre l’élaboration de ces lois pour agir si toute fois elles menacent ou entravent la pratique de la religion musulmane au Mali. D’ailleurs Me N’Diaye s’est réjoui que la nouvelle constitution prévoit des dispositions qui permettent aux citoyens eux-mêmes de saisir la Cour suprême lorsqu’il y’a une injustice.
Issa Djiguiba
Source: LE PAYS