Après la réunion du cadre des partis politiques avec le ministre de l’administration territoriale et de la décentralisation, des signaux beaucoup plus perceptibles indiquent que les autorités n’ont pas la volonté de respecter le délai imparti pour la fin de la transition au Mali. Elles semblent être favorables à une prolongation du délai afin, disent-elles, de réunir les conditions pour des élections crédibles et transparentes. Ce schéma pour le moins burlesque suscitera à coup sûr des réactions au sein de la classe politique et sera lourd des conséquences tant sur le plan interne qu’international. Des sources bien introduites font état de la création dans un bref délai d’un vaste mouvement pour dire non à une prolongation. Ce mouvement qui sera bâti autour de l’appel du 20 Février regrouperait tous les partis politiques et associations opposés à la prolongation du délai de la transition. Quel serait l’objectif de ce mouvement ? Qui en serait le leader ?
Nul besoin d’être dans les secrets de Dieu pour savoir que les autorités n’ont pas la volonté de se conformer au chronogramme qu’elles ont souverainement proposé à l’opinion nationale et internationale et qui fixe la fin de la transition au 26 Mars 2024 avec l’investiture d’un nouveau Président démocratiquement élu. Par cette posture les autorités de la transition prêtes non seulement le flanc aux critiques de l’opinion nationale qui en a ras-le bol de la difficile situation à laquelle elle est durement confrontée et souhaite en même temps qu’on en sorte rapidement. Mais aussi elles exposent leur pays à des probables sanctions de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest, CEDEAO, qui semble sonner le glas de la récréation avec le slogan tolérance zéro pour les putschistes. Ce qui fragiliserait davantage les faibles acquis de la période transitoire. Au de-là des sanctions de la CEDEAO, la classe politique serait vent débout pour dire non à la prolongation du délai de la transition. Pour ce faire un vaste mouvement hétéroclite serait en gestation pour constituer un rempart protecteur de la démocratie et pour dire non à une transition sans fin.
Quel serait l’objectif de ce mouvement ?
Selon toute vraisemblance, l’objectif de ce mouvement serait d’empêcher par les moyens démocratiques et légaux toute prolongation de la transition. A défaut de la tenue des élections à dates échues le mouvement proposerait certainement un nouveau schéma qui consisterait à mettre à plat tous les organes de la transition et à procéder à une nouvelle reconfiguration. En cas de refus des autorités actuelles, le peuple souverain tranchera par des moyens pacifiques, légaux et démocratiques
Qui en serait le leader ?
Le leader serait probablement un membre de la société civile ou un responsable de parti. Mais y figureront tous les partis et associations qui sont opposés à la prolongation de la transition comme la CODEM, YELEMA, PARENA, Faso Kawélé pour ne citer que ces partis politiques. Ils pourraient être rejoints par tous les mécontents ou les blasés de la transition. Il est à redouter qu’une frange importante du peuple ne se joigne à ce mouvement pour en faire un vaste et compact mouvement populaire. La crise sociale aidant les mêmes causes qui ont permis la création du M5 RFP, peuvent produire les mêmes effets de la naissance d’un autre M5.
En somme, les autorités doivent parer au plus presser en organisant juste la présidentielle pour éviter à notre pays une situation peu enviable et qui pourrait dégénérer en insurrection populaire.
Youssouf Sissoko