Le journal en ligne Africa Intelligence révélait mercredi 2 février que la nomination d’un ambassadeur malien en France était bloquée par Paris. RFI révèle aujourd’hui le nom proposé par Bamako et les raisons de ce blocage.
Il s’appelle Moussa Sy. De source diplomatique française, les autorités maliennes de transition ont proposé son nom en août dernier. Depuis, Paris n’a toujours pas répondu.
Cela fait tout juste deux ans que le Mali n’a plus d’ambassadeur en France. En février 2020, alors que le Mali est encore dirigé par le président IBK, le titulaire du poste Toumani Djime Diallo accuse devant le Sénat des « légionnaires français » de mauvais comportements dans les « Pigalle de Bamako », suscitant l’ire de Paris. Il est aussitôt rappelé au pays par les autorités maliennes. Depuis, la direction de l’ambassade est assurée par un chargé d’affaires.
Trop proche de la Russie
Une autre personnalité est désignée au mois de mai pour lui succéder. Il s’agit d’Issa Konfourou, représentant du Mali aux Nations unies à New York. Mais « le processus administratif n’est jamais allé à son terme », explique une source à l’ambassade du Mali. Et pour cause : en août 2020, le régime IBK est renversé par un coup d’État militaire.
Selon un diplomate français, les autorités maliennes de transition mettront un an à faire une nouvelle proposition. En août 2021, c’est le nom de Moussa Sy qui est soumis à l’agrément de Paris. Âgé de 64 ans, il est actuellement conseiller culturel à l’ambassade du Mali à Cuba. Mais son profil est jugé trop proche de la Russie. L’intéressé a effectué une partie de ses études supérieures à Moscou, à l’institut Pouchkine et à l’Université Patrice Lumumba.
Le CV de Moussa Sy, mis en ligne il y a quelques années par le site Maliweb, indique également qu’il a enseigné pendant dix ans la langue et la littérature russe dans un lycée de Bamako ou encore que, reconverti dans le journalisme, il a collaboré avec Radio Moscou Internationale.
« Provocation »
Russophone et russophile, mais avec une expérience diplomatique jugée trop limitée : Paris ne répond pas à la proposition. « Nous ne disons pas que c’est un espion, mais dans le contexte actuel, cette proposition est un message clair et une provocation », juge la source diplomatique française. Aussi la demande d’agrément, habituellement étudiée « en quelques semaines », n’a toujours pas reçu de réponse après plus de cinq mois.
Un affront de plus de la part de Paris vis-à-vis des autorités maliennes de transition ? Joint par RFI à La Havane, Moussa Sy n’a ni confirmé ni démenti ces informations, et renvoyé aux autorités de Bamako, qui n’ont pas souhaité donner suite.