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POUR PÉRENNISER LA TRANSITION : Le duo Assimi-Choguel crée les conditions au grand dam de la communauté internationale

La présidentielle malienne, censée se tenir le 27 février prochain, ne se déroulera vraisemblablement pas à la date prévue. La junte militaire et ses partenaires politiques manœuvrent pour prolonger la durée de la transition, au grand dam de la communauté internationale.

Le colonel Assimi Goïta, président de la transition, et son Premier ministre Choguel Maïga sont passés maître dans l’art de la confrontation. Ils jouent avec les nerfs de leurs partenaires. Ils mettent en scène leur bras de fer avec la France à propos de l’arrivée éventuelle des mercenaires de la société russe Wagner. Et dorénavant, ils s’attaquent frontalement aux dirigeants ouest-africains. Lundi dernier, les deux dirigeants maliens ont donné 72 heures au représentant spécial de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cedeao) pour quitter le territoire. Ils reprochent à cette personnalité burkinabé, pièce centrale des négociations de sortie de crise, de déstabiliser la transition.

Une manif gigantesque avec une mobilisation record de soutien à la transition et à sa prorogation à Bamako et à intérieur du pays a été organisée le week-end dernier. Le pouvoir s’appuie sur ses alliés du Mouvement du 5 juin, alliance de cadres politiques, leaders de la société civile et dignitaires religieux qui ont provoqué la chute du président Ibrahim Boubacar Keïta, en 2020.

« Le colonel Goïta et Choguel Maïga sont adulés par la rue bamakoise car ils agitent la fibre nationaliste et le sentiment anti-français, mais ils sont décriés par les dirigeants ouest-africains, confie un responsable de la région. Certains ne veulent même plus les prendre au téléphone. ».

Les présidents Macky Sall (Sénégal), Alassane Ouattara (Côte d’Ivoire), Nana Akufo-Addo (Ghana) sont particulièrement remontés contre la junte. D’autres, plus cléments au début, comme les dirigeants Faure Gnassingbé (Togo) et Umaro Embaló (Guinée-Bissau) commencent à s’agacer du jeu des putschistes. Le plus virulent est le président du Niger, Mohamed Bazoum. « Si ceux qui nous insultent aujourd’hui, depuis Bamako, pensent qu’ils sont sur le bon chemin, grand bien leur fasse », a-t-il confié à Jeune Afrique. « Les jeunes officiers actuellement au pouvoir ont tout intérêt à organiser rapidement des élections… Ils ont tout intérêt à nous écouter. »

Le Cedeao brandit de nouveau l’arme des sanctions si le pouvoir ne respecte pas la feuille de route de la transition. Des élections présidentielles et législatives sont censées se tenir le 27 février prochain. Mais la junte commence à préparer les esprits à une prolongation de cette période d’intérim. En visite à Rabat, le 11 octobre, le ministre des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop, a expliqué que les scrutins ne pourraient se tenir « si la situation sécuritaire n’était pas prise en charge ».

Choguel, un rouage essentiel de la Transition ?

A Bamako, Choguel Maïga est allé plus loin devant une délégation des Nations Unies, le week-end dernier : « Les élections ne sont pas une fin en soi, aucun acteur majeur ne peut aller battre campagne en dehors des capitales régionales. » Sérénité. Personnage froid, dégageant une impression de sérénité, le chef de gouvernement est devenu un rouage essentiel de la transition, intouchable pour la junte qui ne jure que par lui. Cet idéologue mène le combat politique. Il est devenu très populaire. De concert avec la junte, il drague certains partis comme l’Adema, et manigancerait pour écarter des candidats à la présidentielle en instrumentalisant la justice. Soumaïla Boubèye Maïga, un ancien Premier ministre, est en prison. Boubou Cissé, autre ex-chef de gouvernement, a pris le chemin en exil.

L’opposition se rassemble autour de Moussa Mara, ancien Premier ministre, Tiéman Hubert Coulibaly, ex-ministre de la Défense, Housseini Amion Guindo, président de la formation Convergence pour le développement du Mali. « La seule solution est de discuter avec le pouvoir d’une extension de la durée de la transition qui pourrait être de trois à six mois, d’ouvrir le gouvernement et de présenter un chronogramme réaliste à la Cedeao, indique un opposant. Le colonel Goïta devra s’engager, dans un discours à la nation, à organiser un scrutin à date fixe, auquel il ne pourrait pas se présenter. Pour l’y contraindre, la communauté internationale doit exercer une pression maximale. »

Le médiateur de la Cedeao, le Nigerian Goodluck Jonathan, est attendu prochainement à Bamako pour rediscuter du canevas de sortie de crise. « Le Mali n’a guère plus que deux semaines de réserves stratégiques en carburant, ajoute l’opposant. La menace de sanctions doit produire des effets. Mais l’organisation régionale devra aussi donner des garanties aux putschistes lors de leur départ du pouvoir, en matière d’immunité, de ressources financières, de postes dans l’armée ou la diplomatie ».

Pascal Airault

Source : L’Opinion

Source: Le Démocrate- Mali

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