Pour dénoncer les dérives de gouvernance, le président du Parti pour la renaissance nationale (PARENA), Tiébilé DRAME, assisté pour la circonstance de tout le staff de l’Opposition (le chef de file de l’Opposition, l’honorable Soumaïla CISSE ; les non moins honorables Mamadou Hawa GASSAMA et Mody N’DIAYE ; plusieurs autres leaders chefs de partis et de la société civile de cette chapelle) a animé, le mercredi 25 avril 2018, une conférence de presse à la Maison de la presse.
Sur le thème de la conférence de presse, « 2013-2018, cinq années de mauvaise gouvernance », le principal conférencier, Tiébilé DRAME, a indiqué que de 2013 à nos jours, le régime du Président IBK s’est singularisé par d’énormes dérives de gouvernance en énumérant ce qu’il a appelé des scandales (avion présidentiel, engrais frelatés, affaire des 1000 tracteurs…)
Concernant l’objet des accusations à l’ordre du jour de sa conférence de presse « Achat d’équipements pour l’armée malienne. Micmacs et détournements : un hélicoptère super PUMA payé en espèces, le mystère des avions brésiliens », Tiébilé DRAME a indiqué qu’après plusieurs mois d’enquêtes et de vérifications d’informations, le PARENA a été en mesure de dresser un rapport de 7 pages.
Ce document, selon le Parena, révèle que ceux qui gouvernement le pays n’ont pas hésité à « détourner l’argent destiné aux Forces armées qui défendent le pays dans des conditions difficiles ».
« On a acheté de la quincaillerie, de la vieille machine à des milliards qui ne marchent pas », a-t-il accusé, avant de préciser que le Président IBK a actuellement entre les mains « deux rapports explosifs » sur ce détournement des ressources destinées à l’Armée.
Le Gouvernement du Mali, par la voix de son porte-parole, Amadou KOITA et du ministre de la Défense, Tiena COULIBALY, a tenu à apporter un cinglant démenti, aux affirmations de l’Opposant, ce samedi 28 avril.
Entre l’accusation portée et le démenti asséné, les médias traditionnels et les réseaux sociaux se sont emparés de l’affaire au point de faire le buzz. De l’accusé et de l’accusateur, qui croire ? Entre les deux, le Quotidien des Sans Voix, a fait ses recoupements pour déceler le vrai de l’ivraie. En effet, autant, il y a pas de fumée sans feu, autant tout ce qui brille n’est pas de l’or. Alors, qu’est-ce qui est vrai ? Qu’est-ce qui est faux ?
Le régime avait-il envisagé d’arrêter Tiébilé DRAME ?
FAUX. Selon tous nos recoupements, ni le Président ni le Gouvernement n’ont ordonné ni même évoqué l’éventualité de l’arrestation de Tiébilé DRAME. Cette Fake new provient d’une manipulation d’une note argumentaire intitulée ‘’éléments de langage suite aux accusations du Parena relatives à l’achat d’équipements pour l’armée malienne’’ (ni signée, ni datée) qui a circulé sur les réseaux sociaux. Voici ce que dit cette note :
« Dans un contexte normal, une interpellation, quelle que soit la forme s’impose, au regard des accusations portées, au regard de la matière (l’armée) et de la cible (le président et le gouvernement).
Mais dans le contexte préélectoral (3 mois des élections), avec l’agenda que chacun sait de l’opposition (boycott de la présidentielle en vue d’une Transition), une interpellation du président du Parena, principal conférencier, pourrait légitimer le prétexte de l’Opposition, en tout une partie de l’Opposition ».
Y a-t-il eu détournement, pillage, « vol à grande échelle (des) ressources publiques destinées aux Forces armées, de sécurité d’un pays en guerre (…) par les autorités maliennes retranchées derrière le « Secret Défense » ?
FAUX. Parce que l’accusateur affirme, il ne prouve rien.
À l’avantage du gouvernement qui dit qu’il n’y a pas eu de détournement et avance sa volonté et tous les efforts qu’il a consentis pour équiper les Forces armées et de sécurité du Mali, le rapport 2018 sur le service public en Afrique de la Fondation Mo Ibrahim. Selon ce rapport, le Mali est le premier des pays de l’Afrique de l’Ouest en matière de dépenses militaires et 10e en Afrique.
Selon cette Fondation (qui est crédible, à notre avis), les dépenses d’armement du Mali se chiffrent, en 2016, à 3,2% de son Produit intérieur brut (PIB). Toutes choses qui battent en brèche les accusations non accompagnées de preuve du conférencier, président du Parena.
Y a-t-il propagande de la part du régime du Président IBK sur l’effectivité de l’acquisition des équipements au profit de l’Armée malienne ?
FAUX. Comme le dit l’adage, on peut ne pas aimer le lièvre, on doit tout de même reconnaître qu’il a de longues oreilles.
Le régime du Président IBK a consenti d’énormes efforts dans le cadre de Loi d’orientation et de programmation militaire pour équiper et motiver les Forces de défense et de sécurité du pays : habillements, armements, véhicules, aéronefs, mais aussi primes et indemnités diverses.
Ce n’est pas une propagande de la part du régime de dire ce qu’il a fait et c’est une vérité que l’Armée du Mali n’est plus à l’image de celle qu’elle était quand IBK venait aux affaires.
Le nombre de soldats maliens tués au front est-il élevé ?
VRAI. Dans la lutte contre le terrorisme et l’économie criminelle qui s’est développée au nord du pays, suite à la crise multidimensionnelle de 2012 et s’est étendue vers le centre, c’est bien l’Armée du Mali qui paye le plus grand tribut (245 soldats en 2017), loin devant les Forces internationales de la MINUSMA et de Barkhane (45 pour la Mission onusienne et 2 pour Barkhane). Selon les statistiques du Parena.
De septembre 2013 à nos jours, au moins 2 108 personnes ont trouvé la mort au cours de divers incidents armés, et au moins 1 157 personnes ont été blessées.
Le Mali est-il le pays qui enregistre le plus de morts dans la lutte contre le terrorisme ?
FAUX. Suivant le décompte du président du Parena, «en 2017, 716 personnes ont perdu la vie au Mali. Parmi elles, 245 militaires maliens ». Selon le classement d’un Institut américain, « the Global Terrorisme Database », en Afrique, le Mali occupe le 4e rang des pays les plus touchés en termes de victimes après la Somalie, le Nigéria et l’Égypte. Selon cette source de référence, en 2017, 343 attentats ont fait au moins 2 600 victimes sur le continent.
Le nombre de victimes est-il à mettre au compte du manque ou l’obsolescence des équipements acquis par le régime ?
FAUX. Le nombre de victimes dans les rangs des FAMa n’a rien à voir avec le manque d’équipement ou les soupçons de détournement que fait peser Tiébilé DRAME sur le régime.
En effet, si la quantité et la performance des équipements pouvaient entrer en ligne de compte dans la lutte contre le terrorisme, l’Armée française engagée aux côtés du Mali et l’Armée américaine n’auraient pas perdu de soldats.
Chaque pays du monde peut être frappé par ces fous de Dieu, y compris au moment où on s’y attend le moins : le 11 septembre 2001, aux USA (1 113 victimes au total) et 13 le novembre 2017 à Paris (130 morts).
Aligner le nombre de victimes ne peut donc être une preuve de détournement de ressources allouées pour l’acquisition d’équipements militaires.
Ensuite, faut-il rappeler que sur terre (Barkhane est dans les airs) ce sont bien les Forces maliennes, les seules opérationnelles qui luttent contre les terroristes. La lutte contre les terroristes qui expose clairement nos hommes c’est leur serment de défendre la patrie malienne et fait tant victimes dans leurs rangs n’étant pas dans le mandat des Forces onusiennes !!! Des Forces onusiennes que les Forces armées et de sécurité du Mali sont obligées de protéger désormais en marge de leur mission sacrée de défense de la Patrie !!!
Les Forces de défense et de sécurité du Mali sont-elles opérationnelles sur le terrain avec ce qu’elles ont comme équipement ?
VRAI. Bien que Tiébilé DRAME estime (2015) que nous n’avons pas « une armée capable d’assurer la sécurité du territoire et du peuple », que suivant « un principe de réalité » qu’il nous faille « parler, pendant qu’il est encore temps, avec le chef du mouvement du Macina, Hamadou Kouffa Diallo », « dialoguer avec les djihadistes pendant qu’il est temps pour stabiliser le pays et nous faire gagner un temps précieux afin de reconstruire notre outil de défense et de sécurité » parce que, estime-t-il « chacun sait que la reconstruction de notre armée prendra plusieurs années (entre cinq et dix ans au moins) », les Forces armées et de sécurité du Mali assurent. Elles assurent leur mission avec honneur et admiration. Et leur montée en puissance se fait inexorablement (avec honneur) à cause des équipements qu’elles ont acquis dans le cadre de la Loi d’orientation et de programmation militaire qui portera indubitablement la signature d’un certain IBK.
Quel bel hommage, dans ce cadre, que celui du Général François Lecointre, Chef d’état-major des armées françaises, fait ce jeudi 26 avril 2018 à sa sortie d’audience avec le Commandant en chef de l’Armée malienne :
« Nous avons parlé, tout d’abord, du progrès, de la montée en puissance de l’armée malienne.
Progrès importants depuis 5 ans maintenant.
J’ai pu faire le constat avec Monsieur le Président de la République que, s’ils n’étaient jamais assez rapides, ils étaient en cours (progrès), très clairement très sensible.
Je lui ai assuré que nous étions aux côtés de l’Armée malienne pour continuer à aider à cette montée en puissance.
Je lui ai dit d’ailleurs à quel point nous étions admiratifs de cette armée malienne qui était à la fois en train de se reformer, de se reconstruire et en train de s’engager au combat avec beaucoup de bravoure et de courage ».
Y a-t-il eu des rapports d’audit sur l’acquisition d’aéronefs destinés aux FAMa ?
FAUX. Pour qu’il y ait un audit, il faut qu’il soit commandité par quelqu’un. Tiébilé ne précise pas qui est à l’origine de ces rapports d’audit ni quelles structures (un « cabinet privé » et une « structure publique ») les ont réalisés. Quand est-ce que ces missions d’audit ont-elles été réalisées ? En 2015, évoque Tiébilé DRAME.
Faux, explique à Jeune Afrique, la Présidence de la République « nous n’avons pas connaissance » de rapport d’audit et « la Cellule d’appui aux structures de contrôle de l’administration (CASCA), qui reçoit tous les rapports d’audit, ne l’a pas eu non plus ». Avant de préciser au confrère qu’« aucun cabinet privé n’a été mandaté pour procéder aux vérifications des dépenses exécutées dans le cadre de la Loi d’orientation et de programmation militaire ».
Comme on le voit, c’est au-delà de l’imbroglio dont parle notre confrère Jeune Afrique, un véritable scandale. Parce que selon l’Hebdo panafricain, le Bureau du Vérificateur général se dit surpris par cette révélation et dément : « nous avons remis au Président de la République un rapport unique portant sur des dépenses tenues secret défense, mais ce rapport porte sur des dépenses couvrant la période de 2010 à début 2014 ».
Le Président IBK a-t-il bloqué deux rapports d’audit sur des malversations constatées à l’occasion de l’acquisition d’aéronefs pour l’Armée malienne ?
FAUX. Du moment que l’Etat n’a pas commandité de rapports ni auprès d’aucun cabinet privé et/ou d’aucune structure publique, le Président IBK n’a pu recevoir de rapports et donc n’a pu les bloquer dans l’intention de couvrir qui que ce soit.
Notons que le Président IBK a toujours dit sans être démenti qu’il a remis tous les rapports qui lui étaient destinés et qu’il ne couvrirait personne.
L’État malien avait-il commandé 6 avions Super Tucano, mais, que seuls 4 seront livrés ?
VRAI et FAUX. En 2016, le Gouvernement a passé une commande de six (6) Super Tucano avec une firme brésilienne. Mais compte tenu des difficultés financières rencontrées, l’État a renégocié le contrat, en Octobre dernier, pour revoir sa commande à 4 avions de chasse.
Les 4 avions ne sont pas encore livrés sont aujourd’hui au nom de l’État malien, indique le ministre de la Défense, Tiena COULIBALY qui précise que les pilotes maliens sont en formation dessus au Brésil. Livraison : à la fin de leur formation.
L’État malien a-t-il payé pour le prix 6 Super Tucano, pour seulement 4 livrés ?
FAUX. Contrairement aux affirmations de Tiébilé DRAME, le Gouvernement du Mali n’a pas déboursé 53,302 milliards pour l’acquisition de 4 Super Tucano au lieu de 6 commandés.
Pour l’acquisition des 4 avions brésiliens, l’État a payé 39.566.499.140 FCFA. Vérifiable auprès du Trésor public, selon une source auprès du Ministère de la Défense.
Le coût de formation des pilotes a-t-il été sursaturé ?
FAUX. Suivant les explications du ministre de la Défense et du Ministre Porte-parole du Gouvernement, il n’en est rien. Il faut distinguer la formation de base et la formation de spécialisation.
Pour ce qui est de nos militaires, il s’agit bien d’une spécialisation qui inclut l’entraînement proprement dit, l’hébergement, la restauration, le transport, les assurances (du personnel et du matériel). Avant d’inviter les journalistes à mieux se renseigner sur le Net s’agissant de la formation d’un pilote de chasse qui se chiffre en France à environ 1 million d’euros.
L’État malien a-t-il acquis au cash un Super Puma d’occasion à 3 milliards ?
FAUX. Le Mali a acquis des Super Puma, tous payés suivant les règles de la comptabilité publique.
Le gouvernement a-t-il payé 3 milliards de pièces de rechange pour un hélicoptère qui ne vole plus ?
FAUX ET VRAI. Le Mali a acquis deux hélicoptères avec leurs outillages et pièces de rechange. L’acquisition de pièces de rechange n’empêche pas un avion d’être cloué au sol pour des besoins de révisions. Oui il est arrivé que les hélicoptères maliens, comme partout ailleurs, soient immobilisés momentanément pour être révisés.
L’État a payé 5,8 milliards pour réparer dans un pays voisin un vieil hélicoptère acquis sous ATT ?
FAUX. Il ne s’agit pas d’un, mais de trois hélicoptères : deux réparés à Bamako et un en Géorgie. Les deux avions repérés sont aujourd’hui en activité et mènent sur le terrain des opérations contre les djihadistes comme récemment dans la zone d’Akabar, près de la frontière avec le Niger. Aucun avion malien n’a donc été réparé dans un pays voisin. Quel peut d’ailleurs être ce pays, sachant que nos pays passent tous des contrats d’entretien avec les fournisseurs des appareils ?
Le régime du Président IBK a-t-il acheté de la camelote, de la quincaillerie au lieu d’avions neufs, en tout cas capables de voler ?
FAUX. La flotte de l’Armée de l’air est désormais une réalité qui s’impose. Notre Armée de l’air dispose depuis la Loi d’orientation et de programmation militaire, à l’initiative du président IBK, outre des Tettras, des MI 24, des MI 35, des CASA, des Y12, des Basler… et bientôt des Super Tucano et Super Puma.
Rien qu’au cours de cette année 2018 (1er janvier au 22 avril), l’Armée de l’air du Mali a effectué au total 650 sorties pour plus de 80 heures de vol sur ses différents appareils.
Nos aéronefs militaires ont effectué 235 missions de reconnaissance dans la zone de l’Opération ‘’Dambé’’ dont 145 d’appui de reconnaissance et de combat et 60 missions d’évacuation sanitaire.
Depuis le début de l’année, l’Armée de l’air du Mali a transporté au total 6.691 personnes qui ne sont pas toutes militaires… Pour le bonheur des populations du Nord et du Centre du pays.
PAR BERTIN DAKOUO
Info-matin