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Ousmane Christian Diarra, secrétaire général du SYNAC : «L’Etat du Mali ne fait rien pour sécuriser ses représentants»

Dans un communiqué conjoint en date du 22 juin 2020, les Comités Exécutifs Nationaux du Syndicat Autonome des Administrateurs Civils (SYNAC) et du Syndicat Libre des Travailleurs du Ministère de l’Administration Territoriale (SYLTMAT) ont appelé les représentants de l’Etat qui se sentent en insécurité sur l’ensemble du territoire national, à rejoindre les localités les plus proches en attendant l’application des points d’accord du procès-verbal de conciliation du 26 mai 2020.

 

Et cela, suite à l’ampleur des menaces et attaques ciblées contre ces serviteurs de l’Etat. Une décision responsable de la part des responsables de syndicats qui réaffirment la volonté et la disponibilité de leurs militantes et militants à servir l’Etat dans un cadre de travail sécurisé. Dans une interview qu’il nous a accordée, le secrétaire général du Syndicat Autonome des Administrateurs Civils (SYNAC), Ousmane Christian Diarra, donne de larges explications sur la dégradation de la situation sécuritaire des représentants de l’Etat. Il n’occulte pas les intimidations, les menaces de mort et les enlèvements dont ses camarades sont victimes dans l’exercice de leur fonction. Il rappelle à l’Etat son obligation régalien de protéger ses représentants contre les attaques dont ils peuvent faire l’objet dans l’exercice de leur fonction.  Entretien !

Le Challenger : Monsieur le secrétaire général du SYNAC, pouvez-vous nous expliquer les motivations de l’appel lancé aux représentants de l’Etat à rejoindre les villes où ils se sentent plus en sécurité ?

Ousmane Christian Diarra : Le 8 mai 2020, nous avons déposé un préavis de grève sur le même motif suite à l’enlèvement du préfet de Gourma-Rharous, Drissa Sanogo, qui est toujours entre les mains de ses ravisseurs. Il  a été enlevé le 2 mai. Après le dépôt de ce préavis, il y a eu les négociations. L’Etat a reconnu la pertinence de nos doléances et s’est engagé à sécuriser davantage ses représentants. Il y a eu un procès-verbal de conciliation. Malheureusement, la mise en œuvre des points d’accord n’a pas pu commencer à cause de la situation politique actuelle.

La semaine dernière, il y a eu l’enlèvement de deux sous-préfets au sein de la même Préfecture de Diré avec un garde qui s’est échappé. Le sous-préfet de Danga a été relâché.

Depuis les élections de mars et avril, il y a une recrudescence des menaces et enlèvements des représentants de l’Etat. Le cas de Diré n’est pas lié aux élections, mais à l’exécution d’une décision de justice.

Aujourd’hui, quand il y a les élections, nous ne sommes pas épargnés. Tout politicien qui est battu croit que c’est nous qui l’avons fait perdre. Trop, c’est trop ! C’est pourquoi nous avons décidé de demander à tous les représentants de l’Etat qui se sentent menacés de rejoindre les zones où ils sont en sécurité.

Je rappelle que pendant les élections, il y a eu des menaces de mort. Des sous-préfets ont été directement appelés au téléphone ou par SMS pour leur dire de choisir entre « voler pour eux ou mourir ». Est-ce qu’on peut continuer comme ça ? Non ! Depuis que les groupes armés ont présenté des candidats, les menaces se sont accrues. Ce sont les motifs de notre demande de repli du 22 juin 2020.

Est-ce que vous pouvez nous citer le cas de quelques administrateurs, victimes de cette situation d’insécurité dans l’exercice de leur fonction ?

D’abord, en 2012, il y a eu l’assassinat du préfet de Bourem et un de ses enfants. En 2014, avec la visite à Kidal du Premier ministre Moussa Mara, il y a eu l’assassinat de six représentants de l’Etat. En 2018, le sous-préfet de Widerwine a été assassiné chez lui à domicile. Récemment, le 8 avril, celui de Dinangourou a été tué, sans oublier que la femme du premier adjoint au préfet de Gao a été tuée suite à une tentative d’enlèvement du véhicule de son mari. Ce sont les cas d’assassinats.

Maintenant, les cas d’enlèvements. Le premier, c’est le sous-préfet de Hombori. Quelques jours après, c’était le Préfet de Téninkou, Makan Doumbia. Il y a eu le sous-préfet de Tilemsi, un sous-préfet de Goundam. Enlevé depuis le 8 décembre 2019, le sous-préfet de Farako, Ali Cissé est toujours entre les mains de ses ravisseurs. Il y a eu aussi le cas du sous-préfet de Gourma-Rharous. Et enfin, les deux derniers cas, le sous-préfet central de Diré et celui de Danga, sans oublier les 15 menaces liées aux élections.

Il y a eu aussi les menaces de mort. Le premier adjoint de Bandiagara a reçu des menaces de mort. Ce n’était pas lié aux élections. Les djihadistes sont entrés chez le sous-préfet de Kani-Bonzon et ont attaqué toute sa famille. Il n’a eu la vie sauve qu’en sautant le mur. La sous-préfecture de Kéniéba et les logements du Préfet et de son 1er adjoint ont été saccagés.

Dernièrement, le 13 mai, il y a eu le cas de la Préfecture de Kayes, sans oublier le sous-préfet de Sangha. Ce n’est pas fini. Il y a eu le sous-préfet de Koro, un peulh qui a aussi reçu des menaces de mort, etc. Les cas se multiplient tout le temps et l’Etat ne fait rien.

Aucun représentant de l’Etat ne dispose d’un agent de sécurité  et les forces de sécurité n’obéissent pas non plus aux instructions des représentants de l’Etat. L’armée n’a aucune considération pour les représentants de l’Etat. Trop c’est trop. Il faut qu’on revoie les textes pour qu’on protège davantage les représentants de l’Etat. Le Mali est le seul pays au monde où les représentants de l’Etat n’ont aucune mainmise sur la sécurité. Cela est inadmissible !

Propos recueillis par Chiaka Doumbia et Moussa Diarra

Source : Le Challenger

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