L’opération “Navarra” menée au début du mois septembre dernier, conjointement par Interpol et la police Bissau guinéenne, avait permis de saisir environ 2 tonnes de cocaïne dans deux localités au nord de la Guinée-Bissau. La drogue, conditionnée dans des sacs de farine, était destinée au Mali. Dans le cadre des enquêtes, le parquet de Bissau a rendu public le nom des 12 suspects arrêtés dont un Malien et l’un des principaux suspects dans l’affaire “Air Cocaïne” de 2009 au Mali. De hautes personnalités sont encore visées dont deux prétendus hommes d’affaires maliens très proches des mouvements armés du nord du Mali. Ils sont activement recherchés par Interpol.
Selon le parquet de Bissau cité par Bissau24, 12 suspects ont été arrêtés dans le cadre des enquêtes sur cette affaire de cocaïne qui défraie la chronique depuis le mois de septembre dernier.
Rappelons que c’est suite à l’échange et l’exploitation de renseignements que des experts européens de la lutte antidrogue et leurs collègues de la Guinée Bissau ont pu monter l’opération “Navarra” du nom d’une célèbre frégate utilisée en début d’année lors d’une célèbre opération antipiraterie de l’Union européenne. Près de deux tonnes de cocaïne ont été saisies et la drogue, conditionnée dans des sacs présentés comme contenant de la farine, était destinée au Mali.
Depuis cette prise importante intervenue au début du mois de septembre 2019, les enquêteurs étaient en train de remonter la filière et c’est ainsi que douze têtes sont tombées dans leur nasse.
Parmi les personnes interpellées, se trouve un Malien répondant au nom de Abdoulaye Coulibaly. Il a été appréhendé dès les premières heures de l’opération “Navarra”.
Parmi les personnes arrêtées il y a six Bissau-guinéens : Domingos José Biaguê, Apolinário Mendes, Avito Domingos vaz et José Henrique qui est le pilote de la vedette ayant servi à transporter la drogue jusqu’au débarcadaire de Dabatiar (Caio) où la drogue a été saisie par la police. Mais il y a surtout, parmi les personnes alpaguées, le Bissau guinéen considéré comme le représentant du cartel colombien en Guinée Bissau. Il se nomme Braima Seide Bâ. Arrêté une première fois en 2008 par la police pour implication présumée dans plusieurs crimes dont la séquestration d’un citoyen guinéen qu’il accusait d’avoir détourné une grande quantité de cocaïne qui lui était destinée, il a été détenu une seconde fois en 2014 pour trafic de drogue.
Braima Seide Bâ serait le collaborateur principal du Colombien Ricardo Ariza Monjes dit Ramon, lui aussi appréhendé lors de l’opération antidrogue. Ramon qui était arrêté en 2014 en même temps que Braima Seide Bâ, avant d’être lui aussi libéré, est le représentant du même cartel colombien, mais au niveau africain. Selon la police bissau guinéenne, Ramon est un des suspects dans l’affaire du Boeing qui avait atterri en plein désert malien en 2009, avec à bord plusieurs tonnes de cocaïne.
Les deux autres Colombiens arrêtés sont : Armando Forero Ortiz, Jonh Fredy valência Duqui et Pedro Nel Mahecha. Armando Forero Ortiz est propriétaire d’une entreprise d’importation de poulets congelés à travers laquelle il ferait des opérations de blanchiment de capitaux, comme le prétend la police bissau guinéenne.
La date du procès n’est pas encore fixée car les enquêtes se poursuivent et de hautes personnalités du gouvernement Bissau-Guinéen seraient également visées et
deux autres Maliens sont activement recherchés. Il s’agit de Oumar Ould Mohamd dit Omar et de Mouhamed Ben Ahmed Mahri. Oumar Ould Mohamd dit Omar fait partie des cibles des Nations unies pour entraves au retour de la paix et de la stabilité au nord du Mali et l Ben Ahmed Mahri, proche de Moktar Belmoktar, était un membre influent du Mujao.
En effet, Oumar Ould Mohamed dit Omar est connu des services de renseignements de plusieurs pays de l’Afrique de l’ouest pour son activité criminelle qui l’avait rapproché des milieux du crime organisé, avec notamment sa relation étroite avec Moktar Belmoktar qui cachait sous son manteau de pseudo djihadiste le trafiquant notoire de cigarettes, au point de se faire coller le sobriquet de Mister Marlboro. C’est aussi un secret de polichinelle que des chefs du Mujao avaient noué une forte alliance avec l’un des plus puissants barons de la drogue au nord du Mali, notamment l’homme d’affaires Mohamed Rouggy ou encore Mohamed Ould Awainat. Le Mujao était-il donc l’élargissement d’un club de dealers formé depuis l’affaire dite Air Cocaïne ? Ça lui ressemble bien.
Quant au deuxième pseudo homme d’affaires recherché, Mohamed Ben Ahmed Mahri, il est l’un des personnages frappés de sanctions par les Nations unies comme des entraves à la paix et la stabilité du nord du Mali. En effet, il est inscrit sur la liste des personnes ciblées par les Nations unies, en application du paragraphe 8 c) de la résolution 2374 (2017) pour le fait d’agir pour le compte d’une personne ou entité se livrant aux activités visées aux alinéas a) et b) du paragraphe 8 de la résolution 2374 (2017), ou en son nom ou sur ses instructions, ou de lui fournir toute autre forme d’appui ou de financement, notamment en utilisant le produit de la criminalité organisée, dont la production et le commerce illicites de stupéfiants et de leurs précurseurs en provenance du Mali ou en transit dans le pays, la traite des êtres humains, le trafic de migrants, la contrebande et le trafic d’armes et le trafic de biens culturels.
Amadou Bamba NIANG
Source: Aujourdhui-Mali