Le pays tout entier est en ébullition à cause de l’état de nos routes. De Kayes à Ménaka, on conteste et on proteste pour avoir de bonnes routes, pour pouvoir circuler sur des routes dignes de ce nom. Pendantce temps, le directeur national des routes, lui, circule sur du bitume jusqu’à son garage.
Mamadou Nama Kéïta, le directeur national des routes, ne se fait aucun souci. Il ne vit pas le même calvaire que les autres Maliens. Il a, d’ailleurs, tout fait pour cela. Le problème de routes défectueuses, il ne connaît pas. Les nids de poule et autres voies dégradées, il ne les vit pas, au quotidien, comme le reste des Maliens. Il a de la chance de circuler sur du bitume jusque… à son garage.
En effet, pour échapper à ce que vous et nous affrontons au quotidien, il a, on ne sait comment, bitumé toute sa rue. Il ne connaît donc pas les difficultés que le Malien lambda vit tous les jours pour se rendre à son lieu de travail, ou pour faire de simples courses d’un quartier à un autre.
Aujourd’hui, on se demande comment on est arrivé à un tel délabrement routier. Laréponse est toute simple : l’argent destiné à l’entretien routier et à la réalisation de nouvelles routes a tout simplement été détourné. Le premier à attirer l’attention des Maliens sur le sujet et les mauvaises pratiques de l’actuel directeur national des routes, a été le parti Parena, depuis quelques années.
En effet, lors d’un point de presse, le président Tiébilé Dramé avait, pour ce qui concerne les projets routiers, rappelé leur pertinence car contribuant au désenclavement de plusieurs localités du pays.
C’est pourquoi, le président du Parena reconnaissait que «l’intention est louable car les populations et l’activité économique souffrent, en toutes saisons, du mauvais état des voies de communication». Mais à quel prix ?
Là se trouve le nœud gordien qu’il faudrait pourtant trancher.
Car, comme l’a fait remarquer Tiébilé Dramé : «Cette opération de désenclavement a été l’occasion de montages financiers douteux et scabreux avec comme résultat une énorme évaporation financière au détriment du contribuable malien».
En effet, avec les coûts annoncés pour la réalisation de ces projets, différents des coûts budgétisés, on se retrouve avec des hausses énormes et surtout, avec le prix du km de route, le plus cher au monde : plus d’un milliard de FCFA.
Cette affaire concerne cinq projets de route et un pont (celui de Kamankolé à Kayes) qui sont gérés par une coordination des projets prioritaires sous l’autorité du directeur national des Routes (DNR).
Selon le président du Parena, «ces projets PPP ont deux caractéristiques principales : ils sont financés par le budget national; les marchés ont été attribués à la suite de «consultations restreintes» qui ont ouvert la voie à d’énormes surfacturations et à des détournements de deniers publics».
Pour preuve, explique Tiébilé Dramé, plusieurs spécialistes travaillant dans le secteur des routes ont été interrogés et leurs réponses permettent d’affirmer qu’un kilomètre de bitume au Mali ne saurait coûter plus de 250 millions de francs CFA. Et cela, quelles que soient la qualité et l’épaisseur du goudron.
Mais il se trouve, comme le dénonce le président du Parena, que «le kilomètre de goudron pour la seule route qui va relier Bankoni à Nonsombougou coûtera au contribuable malien plus de 495 millions de francs CFA».
Nouvelle Libération