Le 17 novembre 2020, la République rendait un unanime et ultime hommage national à un de ses dignes fils, le Général Amadou Toumani TOURE, ancien président de la République et père de la démocratie malienne. Pour la circonstance, c’est à l’unisson que l’ensemble des forces politiques, sociales et religieuses se sont données rendez-vous à la Place d’armes du Génie militaire à l’ex-base aérienne pour un dernier adieu au soldat de la démocratie.
Les plus hautes autorités se sont distraites de leurs obligations pour déférer à l’exercice républicain. Le président Bah N’Daw, fraichement nommé à la tête de la Transition, son vice-président Assimi Goita, le Premier ministre Moctar Ouane, les membres du gouvernement et du CNT avec à leur tête le colonel Diaw. L’ensemble des forces politiques et religieuses étaient représentées par leurs leaders. Le temps d’un rendez-vous inéluctable, la nation était à l’union. Nouvelles et anciennes autorités (Alpha Oumar Konaré, Dioncounda Traoré, Amadou Haya Sanago…) ont porté ensemble le deuil.
Quatorze mois plus tard, la nation malienne est encore endeuillée. Le troisième président de la troisième République Ibrahim Boubacar Keita a tiré sa révérence le 16 janvier dernier. Les obsèques nationales ont été fixées pour le vendredi 21 janvier 2022 et un deuil national de trois jours a été décreté.
A la même place d’armes du Génie militaire la famille, les amis, les compagnons de lutte politique, les diplomates, les religieux, les groupes armés, les autorités, anciennes et nouvelles, se sont données encore rendez-vous.
Si le décor et le casting ne changent pas (sauf l’écran géant au stade Mamadou Konaté), les acteurs participants ne sont plus les mêmes et beaucoup ne jouent plus le même rôle. En effet, parmi les acteurs de premier plan d’hier, beaucoup ne sont plus aux affaires…
Bah N’Daw qui avait présidé la cérémonie des obsèques officielles du président Amadou Toumani Touré a été déchargé de ses prérogatives de même que son Premier ministre Moctar Ouane à la suite des évènements du 24 mai dernier. Donc c’est en tant qu’anciens président et ancien Premier ministre de la Transition qu’ils ont assisté aux obsèques aux côtés du président Dioncounda Traoré, des anciens Premiers ministres Modibo Sidibé ; Moussa Mara, Ousmane Issoufi Maiga, Abdoulaye Idrissa Maïga.
Parmi les compagnons de lutte d’IBK, outres la galaxie Adéma de la première heure fortement représentée, on aura aussi vu les Tisserands oubliés leur guéguerre pour enterrer leur président fondateur. Tous les clans RPM, de l’URD et «l’ex-mangeorité» étaient là inconsolables : Bocari Tréta et les siens, les contestataires regroupés autour de Moussa Timbiné, Baber Gano et Mamadou Diarrassouba ; Me Mamadou Ali Bathily et ses APM, le président Konimba Sidibé du MODEC, Housseni Amion Guindo dit Poulo de la CODEM, Issa Kaou N’Djim ancien leader de la CMAS et président de l’ARCT, opposition désormais à la Transition, le président Tiébilé Dramé dernier ministre des affaires étrangères d’IBK ; Abdoulaye Diop ancien ministre sous IBK et nouveau ministre des affaires étrangères, Arouna Touré dit Papou, ancien ministre sous IBK…
La cérémonie était présidée par Choguel Kokalla Maïga, ancien ministre d’IBK, ancien chef politique (FSD) de la contestation du régime d’IBK et aujourd’hui Premier ministre de la Transition qui avait à ses côtés outre le président du CNT les autres chefs d’institution et les membres du gouvernement.
Assimi Goïta
Pour que le soldat de deuxième classe, le Premier ministre, préside les obsèques nationales d’un ancien président de la République, il lui faudra l’autorisation du locataire de Koulouba, le Colonel Assimi Goïta, président de la Transition. Présent lors de la cérémonie des obsèques nationales du présent Amadou Toumani Touré, le Colonel Assimi Goïta s’est porté absent en laissant à son Premier ministre l’honneur encombrant de présider la cérémonie. Pourquoi ? Officiellement Koulouba n’a avancé aucune raison.
Boubou Cissé
En plus du président de la Transition, on a cherché en vain avec une torche allemande le dernier Premier ministre en exercice du président IBK. Il semble être l’ennemi juré des enseignants ligués pour l’application de l’article 39 se soit mis au vert à l’extérieur en attendant de voir clair dans les intentions politico-judicaires. L’homme qui a fait OPA sur la partie gastronomique de l’URD pour assouvir ses ambitions présidentielles, le très fidèle Dr Boubou Cissé a abandonné la dépouille de IBK en plein vol. Comme c’est l’air du temps, on dit…La fameuse expression du Premier ministre, Choguel Kokalla Maïga qui chauffe encore l’esprit des autorités françaises.
Karim Keita, fils ainé du défunt retenu à l’extérieur pour des raisons de procédures politico-judiciaires liées dit-on à l’affaire dite Birama Touré mais non à une quelconque malversation et à un quelconque détournement. Un mandat d’arrêt international a été lancé contre lui par le Procureur du tribunal de la commune IV qui jusque-là n’a pas donné suite. Karim Keïta accusé par bon nombre d’acteurs et observateurs d’avoir contribué à affaiblir le régime de son père n’a malheureuse pu être aux côtés des membres de la famille pour le rituel. IBK a été enterré sans son Katio.
Alpha Oumar Konaré : l’absence du premier président de la 3ème République a été fort remarquée. Beaucoup de proches de l’entourage de l’ancien président avancent des raisons de santé qui justifient cette absence. En effet, Alpha revient d’une récente évacuation de la Tunisie et les exigences de la convalescence l’ont tenues éloignées des obsèques de son ancien Premier ministre. Pendant longtemps, ils ont milité ensemble au sein de l’Adema PASJ avant le divorce.
Amadou Haya Sanago : le général quatre étoiles malien s’est illustré par une absence remarquée contrairement aux obsèques d’ATT où il avait arboré son grand costume de général sans peur et sans reproches. Et pourtant à la veille, Amadou Haya Sanogo fièrement défilait à Kati à l’occasion du 61e anniversaire de la création de l’armée nationale. Il était l’un des acteurs majeurs de la transition de 2012 au terme de laquelle IBK a été élu président.
Imam Mahmoud Dicko : l’absence du jeune frère et principal adversaire politique qui a obtenu la destitution de IBK au bout de trois émeutes aura pesé sur l’assistance. Pourquoi l’Imam Dicko n’était pas aux obsèques de celui qu’il appelle son grand frère ? Des remords ou un élan de décence ? Empêchement de dernière minute ou incompatibilité protocolaire ? En attendant d’avoir des réponses précises, notons que l’ancien président du HCIM a été vu sur les réseaux le même vendredi officiant la prière dans une mosquée de Bamako.
Mountaga TALL : ancien allié d’Espoir 2002 et ancien ministre d’IBK s’est illustré aux yeux de beaucoup par une absence inexplicable. Bien que membre du FSD, Me Mountga TALL qui a rendu un hommage mérité à IBK sur sa page Facebook est connu comme un modéré. Issu d’une grande famille marabout, selon ses proches, Mountaga Tall ne servirai pas de l’échéance fixée à chaque être humain à des fins bassement politiciennes. Pour quel intérêt d’ailleurs ?
Dr Oumar Mariko : pour des raisons inconnues le Dr Oumar Mariko du MDP n’était pas également présent. Le digne héritier de la Gauche combattante mais musulman pieux a envoyé une délégation le représenter. Pour quelles raisons. Attendons la prise de parole de SADI.
Tiéman Hubert Coulibaly : plusieurs fois ministres sous IBK, l’héritier de la Maison UDD et promoteur de l’ARP, comme Karim Keita a dû suivre les obsèques sur les réseaux sociaux à cause des impondérables politico-judiciaires qui les ont obligés à s’exiler pour échapper au confort de la MCA.
Son ex ministre de la défense, ex secrétaire général de la présidence et ex premier ministre Soumeylou Boubeye Maïga était absent aussi pour des raisons connues de tous. Nous lui souhaitons prompt rétablissement.
PAR SIKOU BAH
Source : Info-Matin