La situation sécuritaire au Niger ne cesse de se dégrader au jour le jour avec des attaques djihadistes contre les militaires et civils. Depuis 2015, le pays est confronté à une situation sécuritaire préoccupante avec des attaques de Boko Haram dans la région de Diffa (sud-est), des groupes terroristes basés au Mali dans les régions de Tillabéry (ouest) et Tahoua (nord-ouest) ainsi que des « bandits armés » sur la frontière entre le Nigeria et la région de Maradi (sud-est).
La dernière attaque date du dimanche surpassé. Au total une vingtaine des civils ont été tués par des hommes armés non identifiés lors d’une attaque ciblant un camion. Un drame qui survient après de plus deux mois d’accalmie dans le pays, notamment dans la région de Tillabéry située dans la zone dite « des trois frontières » fréquemment le théâtre des attaques terroristes. En effet, de novembre à décembre 2021, près d’une centaine des militaires nigériens et des milices d’autodéfense ont été tués dans la région de Tillabéry.
Le Niger pour accueillir les forces antiterroristes
Alors que la France et ses alliés européens, à travers le président Emmanuel Macron, ont annoncé, le « retrait ordonné » de leurs forces militaires du Mali, notamment Barkhane et Takuba, Paris compte accentuer sa collaboration militaire avec le Niger afin de poursuivre ses opérations au Sahel. Cela suite, aux tensions diplomatiques qui deviennent de plus en plus fortes entre Bamako et Paris. Une décision que les autorités nigériennes ont accueillie à bras ouvert, mais il reste à savoir si cette nouvelle coopération en vue entre Paris et Niamey pourrait calmer l’expansion djihadiste dans l’espace Sahel, notamment au Niger où la situation est toujours préoccupante. Surtout quand on sait que malgré la présence militaire étrangère la situation devient de plus en plus compliquée dans la zone. Une complication sécuritaire qui a créée plus d’ennemis à la France que d’amis, côté populations, car, le sentiment antifrançais s’installe, au jour le jour, dans les pays de l’Afrique subsaharienne, notamment le Niger.
En fin novembre 2021, un convoi militaire français parti de Côte d’Ivoire pour se rendre à Gao (Mali), en transitant par le Burkina Faso et le Niger, avait été bloqué par des manifestants dans la ville nigérienne de Téra. Ce même convoi avait été bloqué quelques jours plutôt à Kaya au Burkina Faso. Les critiques à l’égard de la présence militaire française se multiplient au Niger, au Mali et au Burkina Faso. Pour les populations, le bilan des forces françaises, après neuf ans de combat au Sahel, est « catastrophique ».
Crainte d’un coup d’État au Niger
Parmi les trois États du Sahel les plus touchés par l’expansion djihadiste, le Niger reste pour le moment le pays à ne pas subir un coup d’État militaire. En effet, le spectre du coup d’État inquiète de plus en plus les autorités du pays qui a connu quatre putschs depuis son indépendance. Surtout qu’on assiste depuis 2020, à un printemps ouest africain de renversement de pouvoir par la force. Des manifestations populaires qui aboutissent, très souvent, à des coups d’État militaire, comme celles du Mali en 2020, de la Guinée 2021 et du Burkina Faso 2022. Compte tenu de l’évolution de la situation dans le pays, les manifestations populaires sont depuis un certain moment au rendez-vous. Ces mobilisations sont très généralement interdites et réprimées par les autorités qui dénient les droits fondamentaux de leur peuple.
Ibrahim Djitteyé
Source : LE PAYS