Depuis la débandade des jihadistes qui avançaient de façon fulgurante vers le sud, après leur prise de Konna, l’intervention militaire française et des forces de la Misma aux côtés des militaires maliens, se révèle aujourd’hui comme un véritable succès. Sous la pression de feu des forces coalisées, ces terroristes ont trouvé refuge dans les massifs des Iforas, où ils sont encore traqués. Au regard de l’évolution rapide des événements, avec l’annonce de la mort des deux chefs terroristes Bel Moctar et Abou Zayed, les rebelles du Mnla qui avaient été humiliés par les islamistes, tentent de se faire bonne mine devant l’opinion internationale, en prétextant combattre aux côtés des forces françaises à Kidal et en demandant l’ouverture des négociations avec les autorités du pays.
Mais, négocier quoi et avec qui ? Négocier la partition du pays avec des rebelles et des apatrides ? Négocier avec des gens qui ont massacré, torturé et égorgés comme des moutons, nos militaires à Aguel Hoc ? Et d’ailleurs, combien de fois a-t-on tenté de négocier avec eux, par le biais du Médiateur dans la crise malienne, le président burkinabé Blaise Compaoré, mais en vain ? Non, ne soyons pas dupes ! Souvenons-nous tout simplement que, quand le Mnla attirait l’attention des Maliens dans les discussions de Ouagadougou, c’était pour permettre à ses éléments et à ceux d’Aqmi, du Mujao et de Boko Haram de lancer l’assaut sur Konna, qui n’a eu aucune résistance à tomber entre leurs mains. Et n’eut été l’intervention militaire énergique de la France de François Hollande, le Mali allait être entre les mains des terroristes.
Négocier ? Oui, parce que le Malien, par essence, est un homme pacifique, un homme de Djatiguiya, qui prône et qui veut la paix, qui cherche à résoudre les problèmes par la voie du dialogue, comme le faisait nos ancêtres sous l’Arbre à palabre. Mais, le Malien n’entend pas négocier avec des assassins, des criminels, des apatrides et des sécessionnistes. Non, trop, c’est trop, car ils ont commis trop de gaffes. Mais, malgré tout, le Malien, on le sait depuis des lustres, est un homme tolérant, quoi qu’il arrive. Il sait pardonner, mais à condition que son offenseur reconnaisse sont tort. Or, les criminels du Mnla et leurs associés (Mia et Maa), ne semblent plus reconnaître le tort qu’ils ont causé au Grand Mali et veulent aller à la table des négociations avec les autorités, les armes en mains. Sous quels cieux, a-t-on vu cela ?
De toutes les façons, réunis en Sommet dans la capitale politique ivoirienne Yamoussoukro le 28 février 2013, les dirigeants de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) avaient affirmé que le dialogue inter-malien passait par le «désarmement de tous les groupes armés, notamment du Mnla». Une injonction à laquelle ne veut pas se plier la rébellion touareg du Mouvement national de libération de l’Azawad (Mnla), qui a refusé de désarmer avant toute négociation avec les autorités maliennes, comme le lui demande l’Afrique de l’Ouest, et a réclamé l’envoi d’une mission de paix de l’Onu dans le pays. Dans un communiqué signé de son Secrétaire général Bilal Ag Achérif, le Mnla «rejette catégoriquement toute déclaration faisant de son désarmement un préalable à sa participation au processus de négociation».
De toutes les façons, notre Gouvernement doit rester vigilant, en évitant de tomber dans les pièges mafieux du Mnla. Même s’il vient de mettre en place une Commission dialogue et réconciliation (Cdr), qui devra notamment œuvrer à rapprocher les différentes communautés, dont les Arabes et les Touareg, souvent vus comme des soutiens des islamistes. Il est donc important d’éviter l’amalgame, en obligeant les hommes du Mnla à répondre de leurs actes criminels devant les juridictions nationales et internationales.
Bruno LOMA