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De la SE à la prison centrale : Ce qu’on reproche à Boukary Daou

Notre confrère et directeur de publication du quotidien « Le Républicain », Boukary Daou, séjourne depuis lundi après-midi à la Maison centrale d’arrêt de Bamako-courra après sa mise sous mandat de dépôt par la procureure du Tribunal de première instance de la Commune IV.

Boukary Daou

Boukary Daou

Contrairement à la volonté affichée par les autorités, son dossier ne sera pas traité du point de vue du code de procédure pénale dont les sanctions prévues auraient été trop lourdes pour lui, mais plutôt selon la loi 00-046/AN-RM, Régime de la presse et délit de presse. Le parquet de la Commune IV a retenu contre notre confrère les chefs d’accusation contenus dans les articles 35 et 37 de la loi sur la presse que nous vous proposons en intégralité.
Article 35 : « Toute incitation par l’un des moyens énoncés à l’article 33, adressée aux Forces armées et de sécurité dans le but de les détourner de leurs devoirs militaires et l’obéissance qu’ils doivent à leurs chefs dans tous ceux qu’ils commandent pour l’exécution des lois et règlements, sera punie d’un emprisonnement de un à trois ans et d’une amende de 50 000 à 150 000 F CFA ».
Article 37 : « La publication, la diffusion ou la reproduction, par quelque moyen que ce soit, de nouvelles fausses, de pièces fabriquées, falsifiées ou mensongèrement attribuées à des tiers lorsque, faite de mauvaise foi, elle aura troublé la paix publique, sera punie d’un emprisonnement de 11 jours à 6 mois et d’une amende de 50 000 à 150 000 F CFA ou de l’une de ces deux peines seulement ».
Les mêmes faits seront punis d’un emprisonnement de 11 jours à 6 mois et d’une amende de 50 000 à 150 000 F CFA lorsque la publication ou la reproduction faite de mauvaise foi, sera de nature à ébranler la discipline ou le moral des forces armées et de sécurité.
Rassemblés par Markatié Daou

AFFAIRE BOUKARY DAOU
Le  journaliste torturé à la SE
Boukary Daou, le directeur de publication du quotidien « Le Républicain », a été inculpé lundi par la procureure du Tribunal de première instance de la Commune IV pour toute incitation des Forces armées et de sécurité à la désobéissance et à la diffusion de fausses informations et mis sous mandat de dépôt.
Si le traitement de l’affaire répond désormais aux normes de droit, il reste malheureusement à constater que notre confrère a été victime de torture pendant sa détention et séquestration dans les locaux de la Sécurité d’Etat.
Arrêté le 6 mars dernier, suite à la publication d’une lettre ouverte adressée au président de la transition, critiquant les avantages accordés au capitaine Sanogo, chef de l’ex-junte militaire, Boukary Daou a été transféré de la cellule de la Sécurité d’Etat à la Brigade d’investigation judiciaire.
Le feuilleton Boukary Daou entre ainsi dans une phase judiciaire normale comme l’ont exigé jusqu’ici les organisations professionnelles de la presse malienne. Elles qui ont levé vendredi dernier leur mot d’ordre de grève, s’apprêtent à introduire une plainte contre l’Etat pour détention arbitraire, séquestration et torture du journaliste Boukary Daou, arrêté le 6 mars dernier par la Sécurité d’Etat, dans les locaux de son journal, après avoir publié une lettre ouverte adressée par un soldat au président Dioncounda Traoré.
Selon les confidences de notre confrère, il a été torturé (au courant électrique), cagoulé et interrogé durant toute une nuit. Il a subi également des tortures morales pour lui extorquer des informations, surtout de prétendues sources. Face à ces faits très graves, les organisations professionnelles de la presse malienne s’apprêtent à porter plainte autant auprès des juridictions nationales qu’internationales.
Abdoulaye DIAKITE

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