Les dernières prouesses faites par le Groupe d’autodéfense Touaregs Imghad et Alliés (GATIA) ont fini par déboucher sur un revirement spectaculaire de situation dans le Nord de notre pays.
L’armée française présente dans la zone sous la bannière de Barkhane, a mis fin à sa lune de miel d’avec le Mouvement National de Libération de l’Azawad (MNLA) pour prêter allégeance au GATIA et au MSA (Mouvement pour le Salut de l’Azawad). La France rompt ainsi avec son allié traditionnel depuis l’époque coloniale, officiellement pour la montée en puissance des Imghads, le groupe Touareg majoritaire à Kidal. Ce, au détriment des Touaregs Ifoghas, les minoritaires qui ne cessent d’enregistrer des revers au fil du temps.
Nul n’ignore, en effet, que la France avait toujours désigné le MNLA comme son seul interlocuteur valable au point qu’elle n’ait pas voulu désarmer les militants de ce mouvement autonomiste lors de l’opération Serval de 2013.
Ce choix pro MNLA de l’armée française avait valu à la France beaucoup de critiques de la part de nombre de Maliens unionistes qui ont toujours trouvé ce mouvement trop favorable aux thèses indépendantistes. Pour autant, les alliés des Français, malgré cette période de vache dodue qu’ils coulaient, n’ont pas toujours marqué de points sur le terrain. En novembre 2012, soit avant l’intervention française de janvier 2013, le MLNA avait subi une lourde défaite face au MUJAO (Mouvement pour l’Unité et le Jihad en Afrique de l’Ouest), un des principaux mouvements djihadistes du Nord Mali. De 2013 à 2017, le même mouvement, allié des Français, avait reculé face au GATIA dans les régions de Tombouctou, Gao, Ménaka et autour de Kidal. C’est à la MINUSMA (Mission Multidimensionnelle Intégrée des Nations Unies pour la Stabilisation au Mali), appuyée par les forces françaises qu’il doive sa survie à Kidal qui en interdisait l’accès aux forces du GATIA.
Aujourd’hui, la nouvelle donne selon laquelle l’armée française a tourné le dos à son allié de tous les temps s’explique sans doute par une appréciation réaliste du Rapport de forces militaires qui prévaut actuellement sur le théâtre de notre septentrion.
Le 1er juin 2017, après une attaque contre un poste militaire à Abala au Niger, les Djihadistes qui se repliaient en territoire malien ont été interceptés par des éléments du GATIA-MSA soutenus par l’armée malienne et Barkhane.
Le 17 février 2018 à Intameda, des éléments du GATIA-MSA qui patrouillaient entre Tamkoutate et Talataye (entre Gao et Ansongo) ont détruit une base terroriste.
Dans la foulée, le 22 février 2018, à Ikadagotane, à 60km au Sud-ouest de Ménaka, ils ont détruit une autre base et récupéré un véhicule de l’armée nigérienne.
Le 7 mars 2018 le GATIA et le MSA ont attaqué une base djihadiste dans la zone de Tinzouragan (Ménaka) et Tawaraghan (Frontière avec le Niger) tuant leur Chef Djibo Hamma alias Abou Razak affilié à Adnan Abou Walid Chef de l’État Islamique au Sahel, bras droit d’Iyad Ag Ghali. Un matériel important a été récupéré dont des engins explosifs.
Il s’agit là, d’autant plus que les résultats obtenus ont valu au GATIA-MSA plus de poids auprès des Maliens résolument opposés à toute idée d’Indépendance. Et pour qui connaît les moyens de bord avec lesquels ils sont parvenus à cette force de frappe, il y a lieu de plaider pour eux, le transfert d’une partie de certains Budgets ; surtout quand on sait que Barkhane, la MINUSMA et désormais le G5 ont du mal à convaincre de leur efficacité avec les moyens matériels et financiers importants qui sont les leurs.
Katito WADADA
Le Combat