A l’appel des autorités de la Transition pour dénoncer les sanctions infligées par la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et de l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA), plusieurs centaines de milliers de personnes ont pris d’assaut la place de l’indépendance vendredi dernier pour apporter leur soutien à la transition malienne. En unanimité, les manifestants demandent aux organisations sous-régionales de revoir leur copie contre notre pays.
Vendredi, les Maliens ont répondu massivement à l’appel de la junte à manifester contre les sanctions imposées au Mali par la CEDEAO et l’UEMOA. La mobilisation a été forte à Bamako et à l’intérieur du pays. A Bamako, le monument de l’indépendance a refusé du monde le vendredi 15 janvier 2022. Ils étaient des dizaines de milliers de manifestants rassemblés pour dénoncer la batterie de mesures économiques et diplomatiques à l’encontre du Mali pour sanctionner les autorités de la transition. Ils ont ainsi répondu à l’appel des autorités de la transition et les organisations de soutien à la transition. Les manifestants ont dénoncé les sanctions imposées par la Communauté économiques des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et de l’UEMOA contre le Mali lors d’un sommet extraordinaire tenu le dimanche 09 janvier dernier à Accra, au Ghana.
Ils sont (hommes, femmes, jeunes et personnes âgées de toutes les souches sociales) venus des six communes du District de Bamako et de Kati pour répondre à l’appel de la mobilisation populaire contre les sanctions de la CEDEAO-UEMOA.
Sur les banderoles, on pouvait lire : ‘’Non à la CEDEAO’’ ; ‘’Vive la Mali’’ ; ‘’Abas la France’’ ; ‘’Sauvons notre pays, vive Assimi, vive Choguel’’ ; etc. C’est en tenue militaire (treille) que le Premier ministre Dr Choguel Kokalla Maïga est arrivé à la Place de l’Indépendance.
Tour à tour, les intervenants, à savoir Adama Diarra ‘’Ben le Cerveau, Jeammil Bittar, le Colonel Abdoulaye Maïga, ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, porte-parole du gouvernement, le Premier ministre, Dr ChoguelKokalla Maïga, ont dénoncé ces sanctions qu’ils qualifient d’inhumaines, illégitimes et illégales infligées par la CEDEAO et l’UEMOA contre le Mali. Des sanctions qui arrivent malheureusement au moment où notre pays a besoin de l’aide et du soutien de la communauté internationale. Ils ont appelé le peuple malien à l’union sacrée derrière les autorités de la transition pour relever les grands défis de l’heure. Pour les intervenants, les organisations sous-régionales ont agi sous le couvet de la France.
Dans son message, le Ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, porte-parole du gouvernement, a fait le compte rendu du Conseil supérieur extraordinaire de la défense nationale au cours duquel le Plan de riposte du gouvernement aux sanctions de la CEDEAO et de l’UEMOA tout en restant ouvert au dialogue a été validé. Un conseil de défense tenu le même vendredi sous la présidence du Président de la Transition, le Colonel Assimi Goïta.
‘’Il s’agit d’un Plan qui a été annoncé immédiatement après les sanctions inhumaines et illégales prises par la CEDEAO et l’UEMOA contre notre pays, le 9 janvier 2022’’, a précisé le Ministre – Porte-parole du Gouvernement, Colonel Abdoulaye Maïga. Des sanctions contre lesquelles, le Gouvernement a réagi dans un communiqué suivant deux bases : la réciprocité, mais tout en restant ouvert au dialogue. ‘’Dans ce communiqué gouvernemental, il a été annoncé l’adoption puis la validation d’un plan de riposte plus exhaustif’’, a rapporté le Ministre Maïga.
Selon le Colonel Maïga, il s’agit d’un plan prendre en compte les priorités et les préoccupations de nos populations en termes d’approvisionnement en produits de première nécessité. Aussi s’agit-il d’un ‘’Plan transversal qui comporte plusieurs composantes : des questions diplomatiques, géopolitiques, économiques et financières ainsi que des questions sociales’’, a indiqué le Ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation.
Le ministre Porte-parole du Gouvernement précise toutefois que ‘’l’objectif de ce Plan n’est pas d’être dans une posture de bras de fer avec la CEDEAO et l’UEMOA. Le Chef de l’État dans son adresse à la nation, le 10 janvier 2022, l’a bien rappelé, nous restons toujours ouverts au dialogue’’. Avant d’ajouter : ‘’Notre souhait est que ces sanctions soient les plus brèves possible aussi bien dans l’intérêt du peuple malien, ainsi que dans l’intérêt des États de la CEDEAO et des États de l’UEMOA’’.
Dans son message adressé aux manifestants, le chef du gouvernement a transmis les salutations fraternelles et de reconnaissance du Président de la transition, Colonel Assimi Goita et de tout le gouvernement.
‘’Aujourd’hui le monde entier voit où se trouve la légitimité et le destin de l’Afrique se joue ici au Mali aujourd’hui. Il y a des choses qui ne peuvent pas passer en République du Mali. Nous n’avons peur que de deux choses : Dieu et le peuple’’, a-t-il déclaré. Enfin, il a remercié les pays africains qui ont été solidaires avec le Mali, notamment la Guinée qui a refusé d’appliquer les sanctions de la CEDEAO et de l’UEMOA.
A l’instar de Bamako, des manifestations similaires se sont déroulées à Kayes, Bougouni, Tombouctou, Ménaka, Mopti, Ségou, Kadiolo, Kita, Koulikoro, Dioïla, Koutiala, Taoudénit, Sikasso, Gao, Dakar, etc.
Après la démonstration de force, la diplomatie
Malgré cette démonstration de force, le dialogue n’est pas rompu. La junte va continuer à dialoguer avec les institutions sous-régionales et des pays de la sous-région pour un retour à l’ordre constitutionnel au Mali.
Lors du rassemblement de ce vendredi à Bamako, le colonel Abdoulaye Maïga, ministre malien de l’Administration territoriale et porte-parole du gouvernement, a affirmé que son gouvernement restait malgré ouvert au dialogue avec la Cédéao.
De sources sûres, le Ministre colonel Abdoulaye Maïga doit se rendre en principe aujourd’hui lundi en Mauritanie – pays voisin non membre de la Cédéao – avec cinq autres ministres par un vol spécial. L’objectif de ce déplacement est double : voir comment contourner l’embargo qui frappe le Mali, pays enclavé, et envisager d’utiliser à l’import comme à l’export les ports mauritaniens.
Mais la crise malienne sera également au centre des discussions et les responsables mauritaniens pourraient aider à trouver une solution. La même délégation officielle malienne se rendra ensuite dans la foulée en Algérie pour les mêmes raisons.
Aujourd’hui, ces deux pays, rapportent nos sources, ont fortement conseillé à la transition malienne d’établir un chronogramme électoral pour un retour rapide à l’ordre constitutionnel et à poser des actes pendant le reste de la transition, afin d’organiser les élections générales dans un délai raisonnable. L’idée serait partagée les deux institutions sous-régionales auteurs des sanctions décrétées contre le Mali.
Union européenne prête à condamner le Mali
Les ministres des Affaires étrangères de l’Union européenne (UE) étaient réunis, jeudi 13 et vendredi 14 janvier à Brest, en France, dans un contexte de tension d’un niveau inédit avec la Russie sur l’Ukraine et plus largement sur la sécurité et la défense européennes. Les ministres ont affiché leur unité et leur détermination face à la Russie, et expliqué qu’ils préparaient de lourdes sanctions pour dissuader Moscou de toute action militaire en Ukraine. Autre sujet d’actualité brûlant qui a occupé les ministres, la situation au Mali ; là aussi les Vingt-Sept ont parlé d’une voix unie et déterminée.
Sur la situation au Mali, les Vingt-Sept pays de l’Union européenne partagent le même constat, selon le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell : « La situation ne va pas dans la bonne direction et la junte ne donne aucun signal positif, au contraire ».
Et les ministres se sont mis d’accord sur les points suivants : ‘’Plein soutien et front uni avec la CEDEAO (la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest) dont nous saluons une fois de plus le travail. Nous préparons des sanctions contre ceux qui font obstruction à la transition. Nous maintenons nos activités et nos missions de formation et de conseil aux forces armées et aux forces de sécurité intérieures maliennes. Nous maintenons la suspension de l’appui budgétaire’’.
‘’Si on est en sécurité pour manifester, on doit sûrement être en sécurité pour voter’’
Et le prochain G5 Sahel sera rapidement suivi par une réunion de la coalition internationale, a précisé le ministre des Affaires étrangères français Jean-Yves Le Drian, qui s’est permis une pointe d’ironie sur les manifestations de vendredi : ‘’La raison qui est invoquée d’allonger la transition, c’est des raisons de sécurité, je pense que si on est en sécurité pour manifester, on doit sûrement être en sécurité pour voter’’.
Et si les Européens ont confirmé leur volonté de maintenir une présence au Mali, c’est dans le cadre de la lutte contre le terrorisme ‘’et pas pour autre chose’’, a tenu à préciser Jean Yves le Drian. Pour évoquer la situation au Mali, Josep Borrell va donc, prochainement, organiser une réunion avec les ministres des pays du G5-Sahel.
Y Sangaré
Source : Le Malien