Les pays de l’Union Européenne ont tout tenté et tentent encore de dissuader le Mali sur le choix de ses partenaires économiques et militaires. C’est dans le contexte de ce dialogue qui ne finit pas que Abdoulaye Diop, le Ministre des Affaires étrangères, a reçu le lundi 13 mars 2023, Madame Emanuela Del RE, Représentante Spéciale de l’Union Européenne pour le Sahel en visite de travail au Mali. On se souvient de l’attitude intransigeante de certains pays membres de l’UE sur le rapprochement entre les autorités de transition et la Russie sur le plan militaire.
Après la France, des pays comme l’Allemagne ont menacé de se retirer des contingents onusiens déployés au Mali. Les pays de l’UE n’entendent pas laisser le terrain malien aux Russes qui sont invités par les Maliens. Mais le problème est qu’ils ne veulent pas partager le même terrain avec les militaires russes. Or, la Russie a donné au Mali les moyens d’avoir une armée robuste capable de défendre le territoire national en quelques mois de coopération. Le Mali qui a eu du mal à obtenir des avions et des armements modernes par l’intermédiaire des pays de l’UE n’entend pas se faire dicter sa politique extérieure par des pays étrangers.
On se demande si l’UE va rester campée sur sa position de vouloir orienter la politique malienne. Lors de l’audience entre Diop et la représentante de l’UE, les deux personnalités ont eu un échange sur plusieurs questions d’intérêt commun tant au niveau du Sahel que sur le plan national. S’agissant du Sahel, la représentante a souligné l’importance capitale que revêt cette zone dans la stratégie de l’Union Européenne. Au regard de la place centrale du Mali au sein du Sahel, elle a reconnu qu’aucune réponse durable ne peut y être proposée en ignorant la transition malienne.
Au plan interne, des questions d’ordre sécuritaire et politique, y compris le processus de transition, des thématiques portant sur les missions européennes au Mali ainsi que les questions de partenariats bilatéraux et multilatéraux ont été abordées. Malgré les difficultés ou les divergences de grille de lecture sur certains dossiers de coopération, le Chef de la diplomatie malienne et la représentante ont souligné la nécessité de poursuivre le dialogue politique en vue d’une coopération plus pragmatique et réaliste. En d’autres termes, les deux parties sont loin d’accorder leurs violons en ce qui concerne la gestion du Mali par les autorités actuelles.
Après avoir combattu le Mali, les pays de l’UE commencent à tenir un autre discours sur les autorités actuelles du pays. Le Mali qui vient de récuser la France comme porte-plume au Conseil de sécurité de l’ONU bouleverse l’ordre qui avait permis jusqu’ici de laisser les questions maliennes aux mains de l’ex-puissance coloniale qui est un membre influent de l’UE. Une plainte des autorités maliennes contre la France reste pendante au Conseil de sécurité. Et c’est la mission onusienne au Mali, la MINUSMA, qui risque d’être avortée si les désirs du Mali ne sont pas pris en compte par les Nations Unies.
L’autre aspect du dialogue entre le Mali et l’UE est la gestion des affaires internes du pays par les autorités actuelles. Contrairement à d’autres partenaires, les pays de l’UE veulent toujours s’impliquer dans les questions politiques. C’est ainsi que la tenue des élections est régulièrement réclamée par Bruxelles, alors que l’urgence pour les autorités maliennes est la sécurité. Le problème de l’UE est de vouloir chasser les militaires du pouvoir pour les remplacer par des civils taillables et corvéables.
Soumaïla Diarra
Source: LE PAYS