Le diable semble s’inviter à l’assemblée de la CMAS (Coordination des mouvements et associations sympathisants de l’Imam Mahmoud Dicko). Ce regroupement religieux à forte connotation politique a atteint son apogée au pic de la crise politique qui a fini par avoir raison du président IBK. Celui-ci a quitté le pouvoir prématurément alors qu’un groupe d’officiers s’est emparé du tablier.
La CMAS s’est taillée la part du lion au sein du M5-RFP (Mouvement du 5 juin-Rassemblement des forces patriotiques) qui vit le jour au lendemain d’une forte manifestation dont le mouvement porte le nom. L’imam Mahmoud Dicko est le parrain. Il est l’autorité morale du M5-RFP. Alors que les cartes des leviers du nouveau pouvoir se distribuent à Kati, les alliés de la fronde contre IBK et son régime se bouffent le nez. «Le M5-RFP est mort de sa belle mort», scandait Issa Kaou Djim, à l’époque coordinateur incontesté de la CMAS.
Chemin faisant, ce dernier s’est retrouvé au CNT. En ce lieu, il clame son soutien aux militaires commandés par le colonel Assimi Goïta, vice-président de la transition. «Je ne soutiens plus la lision politique de l’imam Dicko. L’élève a grandi et je suis désormais indépendant. Je ne parle plus sous son leadership car je suis moi même devenu un leader. Je soutiens l’imperturbable, l’incontournable, le patriote Assimi Goïta, et je souhaite qu’il soit candidat aux prochaines élections présidentielles ». Cette déclaration détonait de la bouche d’Issa Kaou Djim sur le plateau d’Ouverture Média.
Au cours du même entretien avec le média des réseaux sociaux, il n’exclut pas (dorénavant) son départ de la CMAS et même, son divorce de son mentor. L’imam Dicko qui a publié un manifeste politique a fini de digérer la rupture et fait cavalier seul. « Je ne suis pas au courant du contenu de ce manifeste. Donc, je ne le commente pas », disait Issa Kaou Djim qui affirme s’être entretenu avec l’imam au sujet de la fronde visant son départ à la tête du regroupement. « L’imam m’a fait appeler chez lui… Je ne suis pas avec l’imam. Je suis avec Dieu, dit-il en substance ».
La crise au sein de la CMAS a commencé avec la Transition. Les sorties jugées hasardeuses du coordinateur général ne fait que du bien. Selon ses détracteurs, Issa Kaou Djim a entamé une mue qui ne dit pas son nom. Son soutien ouvert et sans ambages aux colonels agace ses collaborateurs. Plus d’une fois, l’imam Dicko s’est laissé surprendre par la teneur osée de ses déclarations multipliées sur les réseaux sociaux. L’élève pousse des ailes.
Dans les colonnes de la CMAS, d’autres membres influents décident de prendre le taureau par les cornes. Sale temps pour le bouillant Issa Kaou Djim. L’orateur hors pairs n’avait pas vu venir le vent de la révolte. Après les présidents des coordinations régionales et communales, c’est le bureau exécutif national qui donne le coup de semonce en décidant de l’éjecter de son poste de coordinateur national de la Coordination des mouvements et associations sympathisants de l’Imam Mahmoud Dicko. C’était au cours d’un point de presse organisé pour la circonstance le lundi 1er février 2021, au siège de ladite organisation.
Mais Djim ne s’estime pas vaincu. Vendredi, il disait attendre une décision de justice pour rendre le tablier. Insistant sur « la forme » des choses, il n’écarte pas l’idée d’une vie politique et religieuse sous le chaud soleil sans la couverture et la bénédiction de l’imam. Déjà, il a été aperçu en région pour installer des structures de base d’une nouvelle organisation : La Plateforme « Faso ka Wélé » .
En français « l’appel citoyen pour la réussite de la transition » est officiellement lancé début novembre 2020, à travers une assemblée au Palais de la Culture. Cette Plateforme formée essentiellement des dissidents du M5-RFP, et qui revendique une dizaine de mouvements, se veut un cadre de rassemblement de toutes les forces politiques et sociales œuvrant activement à la réussite de la Transition. En attendant le bout du tunnel dans cet antagonisme, la CMAS de l’imam apprend à vivre sans Kaou Djim. Réussira-t-elle à coller les morceaux après l’implosion?
A. CISSÉ
Source : L’ESSOR