Président du parti Sadi, plusieurs fois député et figure de la vie politique malienne Oumar Mariko a été interpellé lundi pour « propos injurieux » contre le Premier ministre Choguel Maïga. Propos tenus dans un enregistrement ayant circulé sur les réseaux sociaux, dans lequel cette figure de l’opposition malienne réagissait de manière véhémente à un premier enregistrement, qui avait lui aussi fait le tour des réseaux, et dans lequel on entendait cette fois le Premier ministre malien lui-même.
Dans les deux cas, ce sont des discussions privées qui ont été enregistrées et diffusées sur les réseaux sociaux.
Le premier audio a circulé la semaine dernière : on y entend le Premier ministre Choguel Maïga parler d’Amadou Sanogo, et expliquer que le leader du coup d’Etat de 2012 avait échappé à un vrai jugement sur le fond – dans l’affaire des militaires bérets rouges assassinés – car il détenait trop de secrets sur trop de politiciens maliens, et même sur la France qui aurait, selon cet enregistrement, tenté de faire assassiner l’ancien putschiste.
La voix de Choguel Maïga semble facilement reconnaissable mais, comme le rappelle un proche du Premier ministre, « avec la technologie tout est possible. » Ni ce proche, ni Choguel Maïga lui-même, ni ses conseillers à la Primature n’ont souhaité confirmer ou infirmer l’authenticité de cet enregistrement. Aucun commentaire non plus sur la véracité ou la fantaisie de son contenu, simplement décrit comme « un non évènement. »
Ce qu’Oumar Mariko, lui, ne s’est pas privé de faire. Dans un autre enregistrement mis en ligne dans la foulée du premier, on entend cette figure de l’opposition affirmer, en réaction, que l’actuel Premier ministre est un « menteur » et que, lors d’une brouille ancienne, il avait même failli le frapper.
C’est suite à ces propos qualifiés d’« injurieux » qu’Oumar Mariko a été interpellé par la Brigade de recherches du Camp 1 de la gendarmerie nationale, dans le cadre d’une enquête préliminaire initiée par le tribunal de la Commune 4 de Bamako, où une source proche du Parquet a confirmé ces informations. Oumar Mariko a été interpellé en même temps qu’Aboubacar Camara, membre du Sadi également et chroniqueur radio qui avait enregistré certains des propos aujourd’hui reprochés à Oumar Mariko.
Joint quelques minutes avant de se rendre à sa convocation, lundi, Oumar Mariko dénonçait la « judiciarisation de la politique en cours », selon lui, au Mali et affirmait : « ces gens veulent réprimer jusqu’à notre colère. »
Le dossier doit être transmis mardi au Parquet, qui décidera d’une éventuelle inculpation.
Cette garde à vue est un très mauvais signal envoyé par les autorités de la transition pour essayer de faire taire, d’intimider et de réduire au silence les voix qui ne leur sont pas complètement favorables…
Source: RFI