Le Mali est à vau-l’eau depuis plusieurs années, par le fait de politiciens déviants et de populations pleinement complices et insoucieuses. Ces années de mauvaise gouvernance, d’indifférence citoyenne, de complicité religieuse et de politisation de l’armée ont abouti à une chaotique et apocalyptique chute d’un Mali aux honneurs désormais historiques.
Il ne s’agit plus de se jeter la responsabilité d’une « démocratie » dont la mise en œuvre a largement profité à ceux qui veulent la présenter comme le noyau de la faillite républicaine. Les politiciens, les magistrats, les militaires ou encore les journalistes ont tous eu leur part, autant passive qu’active, dans les complications que le Mali connait depuis des années.
Comment comprendre qu’au Mali, pays par excellence de dialogue, des positions aussi antagonistes ? Une société sans ressort et sans répondant, où les plus grands promoteurs de l’affairisme et de la corruption sont, hélas chacun de nous. La plus grande et dangereuse des guerres, c’est celle que se mènent les leaders religieux et leurs lots de profanes instrumentalisés selon les têtes et les situations.
Pour permettre de mieux voir, contrairement à 2002, 2007 et 2013, l’imam Mahamoud Dicko, respecté de par sa constance dans la défense des valeurs sociétales et religieuses, avait fait battre campagne pour son ami de longue date (Ibrahim Boubacar Keita). Cet imam très respecté, nommé par le Premier Ministre (Abdoulaye Idrissa Maiga du RPM à l’époque) pour les missions de bons offices, avait engrangé des résultats auprès des groupes terroristes.
Personne ne peut nier que l’ancien Président du Haut Conseil Islamique a toujours tiré la sonnette d’alarme. Il s’est toujours assumé à porter quelques messages marquants des maliens aux dirigeants perchés sur la colline du Pouvoir (Koulouba) lors des grandes réceptions. Il aura joué son rôle avec les critiques acerbes tel un homme qui a été utilisé et qui a fait utiliser d’autres pour la conquête d’un pouvoir qui les a humiliés. Ce n’était qu’une réponse divine de l’omniscient et l’omnipotent dont les actes sont exempts de tout reproche.
Le grand imam, longtemps sorti de sa chapelle religieuse, comme beaucoup d’autres leaders religieux qui ne prêchent pas la même parole que lui, courtise, à visage découvert, la gestion politique que certains maliens détestent aujourd’hui. Il y’a des réponses que seule la religion offre. Il y a aussi des choses que seule la politique doit gérer dans une République laïque.
L’imam Dicko et ses compagnons veulent fortement changer la gouvernance à laquelle ils ont participé. En hommes d’honneurs, ils ont finalement avoué leur participation active au choix de Ladji Bourama, devenu par la suite, l’homme à abattre. Lors de l’élection présidentielle de 2018, la tendance religieuse de l’imam Dicko a porté son choix sur Aliou Boubacar Diallo l’un des bailleurs de la victoire d’IBK en 2013.
L’arène politique, c’est des compris, des compromissions et des actes de haute trahison dont nul n’est à l’abri. Le Mali n’a pas besoin de messie. Il a besoin de leader qui n’aurait pas pu lourdement se tromper en orientant des citoyens comme des moutons de panurge. Les maliens adhèrent à une cause quand ils y croient. Mais entre les Religieux et les Politiques, les complicités sont formelles. Les acteurs de l’ère démocratique sont des héros, morts ou vivants, qui permettent cet agréable et pénible jeu démocratique qui aura profité à ceux qui ont béni cette démocratie lors de la conférence nationale de 1991.
Contre la volonté divine, rien ne peut se faire. L’imam Dicko à l’avant de la République est l’idéale option pour un homme meurtri par les gouvernants et leurs décisions. Mais en politique, personne ne peut réussir seul, encore sans les expérimentés de la politique. Quel parti digne de ce nom n’a pas participé à la gestion du pays ? Quel leader religieux n’a pas savouré les largesses de ces pouvoirs successifs ?
Pour un Mali de socle démocratique, les religieux doivent accepter s’assumer, reconnaitre leurs fautes (se repentir) et ne plus ressasser les mêmes bêtises. Laissez les hommes politiques gérer le pouvoir, continuer à veiller et à jouer aux médiateurs infaillibles comme vous l’avez fait en 2012. Car les plus grands soutiens, occultes ou connus de nos sectes religieuses, collaborent parfaitement avec les puissances internationales que nous dénonçons.
ABC
Source: Le Figaro Du Mali