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Lutter contre le financement du terrorisme : plus que jamais !

Le 15 juillet 2022, une nouvelle fois, les groupes terroristes sahéliens ont frappé le Mali et le Burkina Faso. Pour lutter contre l’extension de ces mouvements au Bénin, au Sénégal, au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire ou encore au Togo, il faut d’abord comprendre comment ils sont financés.

 

Il existe plusieurs types de groupuscules terroristes en Afrique de l’Ouest. D’abord, des franchises d’organisations internationales, comme l’État islamique ou Al-Qaïda, qui sont financées, d’un point de vue « monétaire », mais aussi en termes de capacités, de compétences, de logistique par la « maison mère ». On trouve également des groupes qui se financent de toutes sortes de trafics. Il faut savoir que la zone sahélienne est très vaste, avec une faible empreinte étatique. Les grands couloirs de trafics (drogues, armes, contrebande de marchandises, trafic illicite de migrants, traite de personnes, fraude aux nouveaux moyens de paiement et cybercriminalité) se sont développés il y a une dizaine d’années.

En outre, quelques zones minières existent au Mali, au Burkina Faso ou au Sénégal, dans lesquelles les groupes terroristes étendent leur contrôle et prélèvent des ressources sur ces activités, qu’il s’agisse du rançonnement des entreprises, de prélèvements sur les gains des extracteurs ou du responsable du site en échange de sécurité, voire d’une implication dans la commercialisation du minerai. Pour finir, certains groupes terroristes prélèvent de l’argent sur les populations. Plusieurs témoignages évoquent également des taxes imposées aux éleveurs du centre du Mali sur la frontière entre le Mali et le Niger ou encore dans la région du lac Tchad.

Addition terrorisme et corruption

Il est à préciser également que l’addition terrorisme et corruption est possible. Il est impossible de comprendre le financement des mouvements terroristes d’Afrique de l’Ouest sans montrer du doigt la corruption de certains États et de leurs armées. À titre d’exemple, de nombreux rapports font état des financements de Boko Haram par le gouverneur de l’État de Borno de 2003 à 2011, qui souhaitait gagner les élections régionales de 2013 avec le soutien du groupuscule de Muhamed Yusuf, à qui il avait faussement promis de renforcer le domaine d’application de la charia.

Des solutions doivent donc être trouvées par les gouvernements pour lutter efficacement contre le terrorisme.

Il semble primordial de demander davantage de contrôles sur les financements du terrorisme, notamment sur l’utilisation des cartes prépayées. Il est impératif de former les salariés sur ces sujets, et notamment la fraude documentaire. Par ailleurs, l’absence de traçabilité des ressources qui financent l’activité aurifère et de celles qui découlent de la commercialisation de l’or alimente les risques de financement du terrorisme. Un assujettissement des sociétés aurifères à la LCB-FT (Lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme) semble indispensable pour vaincre le terrorisme.

Il semble également indispensable d’amplifier la coopération internationale avec des pays comme Israël, les Émirats arabes unis, le Qatar, la Turquie ou l’Arabie saoudite dans l’échange d’informations et le partage des meilleures pratiques. Cela peut passer par des séminaires, des symposiums ou des formations entre les différents partenaires. Il faut également mettre l’accent sur les capacités intrinsèques des États, à travers une plus grande mobilisation des citoyens, une gouvernance plus responsable, plus honnête et plus visionnaire, un fonctionnement politique qui puisse davantage satisfaire les populations.

Pour finir, il serait utopique de penser que la fin du terrorisme est pour bientôt. Cependant, les actes terroristes pourront diminuer si les autorités s’attaquent aux sources de la propagande des mouvements extrémistes et au financement du terrorisme. Ce qui impose la surveillance des signaux faibles, sans intrusion exagérée pour respecter la réglementation de la protection des données, d’autant plus que certains moyens de transfert d’argent sont totalement légitimes. L’utilisation de l’intelligence artificielle pourrait permettre de repérer certaines opérations bancaires atypiques servant pour financer le terrorisme

Source : Jeune Afrique

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