Le coup d’État contre le régime corrompu d’Ibrahim Boubacar Kéïta avait suscité beaucoup d’espoir auprès des Maliens qui étaient excédés par l’impunité dont jouissaient les voleurs de la République qui ont pillé des centaines et des centaines de milliards dans les caisses du Trésor public.
Mais la fuite de Karim Kéïta puis celles de Boubou Cissé et de Tiéman Hubert Coulibaly dans des conditions rocambolesques ont tiédi l’ardeur de plus d’un. Nombreux sont parmi nos compatriotes qui soupçonnent une certaine complicité entre les anciens dignitaires et certains magistrats prêts à tout pour préserver l’ordre ancien et malheureusement aussi entre certains hiérarques militaires et ces mêmes kleptocrates.
Le non-lieu accordé à Bakary Togola et ses complices la mise en liberté provisoire de Bandiougou Diawara et surtout son retour et celui de ses comparses au Conseil régional de Kayes n’ont pas arrangé les choses. « Le Sphinx » a été le seul journal de la place à dénoncer le comportement de certains magistrats qui, malgré le changement de régime, ont entrepris à torpiller l’énorme travail abattu par Mamoudou Kassogué et son équipe quand il était procureur de la Commune IV en charge du Pôle économique et financier.
C’est donc tout naturellement que l’animal antique a salué la nomination de ce dernier comme garde des Sceaux ; une nomination qui avait suscité, du reste, beaucoup d’espoir. Seulement, l’œuvre de perpétuation de l’ordre ancien au niveau de justice sous la houlette de certains magistrats impénitents et surtout le manque de poigne du nouveau ministre de la Justice ont quasiment douché l’ardeur des millions de Maliens qui sont sortis par millions lors des marches du M5 pour demander la fin de la kleptocratie et de l’impunité érigées en système de gouvernement sous le magistère d’Ibrahim Boubacar Kéïta.
Le scandaleux non-lieu prononcé au bénéfice de Bakary Togola et ses complices par la Cour d’Assises de Bamako et la mise liberté provisoire de Bandiougou Diawara, le président du Conseil régional de Kayes et de ses comparses et le non moins scandaleux arrêt prononcé par la Cour suprême leur permettant de réintégrer leurs postes respectifs ont fini par persuader ceux qui espéraient un Malikura qu’ils se sont trompés allégrement. Si le ministre Kassogué a été prompt à réagir contre l’arrêt de non-lieu – qui sent à mille lieues une forte odeur de corruption- prononcé en faveur de Bakary Togola et sa bande, il aurait dû, à notre humble avis, prendre des mesures conservatoires afin de s’opposer au retour de Bandiougou Diawara et ses complices sur les lieux du crime, à savoir, le Conseil régional de Kayes, afin de ne pas leur donner l’occasion d’effacer les traces de leurs malversations
Les cas de Bakary Togola et Bandiougou Diawara Premier élément pour étayer : c’est la justice qui est sortie pour alerter les Maliens sur la base de fortes présomptions de culpabilité que Bakary Togola et ses complices seraient les plus gros prédateurs de biens publics. Deux ans après, elle s’est elle-même démentie pour nous dire qu’il n’en est rien ! malgré l’acte d’accusation limpide établi par le même Mamoudou Kassogué et ses redoutables collègues du Pôle économique et financier dont « Le Sphinx » a publié les bonnes feuilles dans ses colonnes S’il y a un cas qui choque c’est bien celui du Conseil Régional de Kayes. Sur ce dossier rien que du flou juridique. Bientôt trois (3) ans et rien de précis. Là encore le procureur défunt Moussa Zena Samaké (paix à son âme) nous avait annoncé le milliard détourné sur le budget de la collectivité régionale.
Après deux (2) ans, ces malfrats ont tous bénéficié de la liberté provisoire et ont tous récupéré leur postes pendant que , selon la source judiciaire, les enquêtes se poursuivent encore. Là encore, la justice a fait de la compromission du droit pour tordre la main des juges de la Cour suprême et cela à la demande officieuse du parti ADEMA PASJ de libérer et d’arrêter toute poursuite à l’endroit de leur camarade Bandiougou Diawara, président du Conseil Régional de Kayes et d’autres caciques du parti pour participer aux assises nationales de la refondation. Voilà pourquoi le procureur de Kayes et ministre de l’Administration territoriale ont fermé les yeux sur l’application des textes pour jouer au faux fuyant afin de permettre le retour de ces vautours sur nos maigres ressources. Avec de telle compromission, comment les autorités de la transition peuvent-elles bluffer les Maliens et leur faire croire qu’elles sont en train de refonder ?
En tout état de cause, comment peut-on expliquer ce coup d’arrêt brusque et spontané de toutes les procédures de lutte contre la corruption au Mali même si les autorités clament le contraire. Une œuvre de salubrité publique Il faudrait qu’elles sachent que le peuple malien est sorti massivement pour balayer le régime corrompu d’Ibrahim Boubacar Keïta parce qu’il y régnait la rapine et surtout l’impunité la plus totale pour des centaines de cadres civils et militaires qui ont volé plusieurs centaines de milliards dans les caisses de notre pays. Des milliards investis dans l’immobilier, le mobilier et le carburant au Mali, au Sénégal, en France, au Canada et aux Etats-Unis.
Aux premières heures de la transition tout le peuple malien espérait que la justice allait redorer son blason et serait le socle de la révolution et du changement social tant annoncé. Elle a hélas une fois de plus encore déçu ! Si une seule fois les Maliens pouvaient comprendre que tous les maux dont nous souffrons proviennent de la justice ou plutôt de l’injustice et l’impunité, nous saurions rapidement mener à bien notre révolution sociale tant attendue. Il ne faut pas donner à ce même peuple l’occasion de se réveiller pour exiger la refondation totale de la justice qui ne peut se faire sans un grand nettoyage des écuries d’Augias. C’est une question de volonté et surtout courage politiques. Le colonel Mamady Doumbouya de la Guinée Conakry en a encore montré l’exemple.
Après avoir mis plus de 7 500 fonctionnaires à la retraite anticipée, la justice guinéenne vient d’ouvrir des instructions aux fins de poursuite judiciaire contre l’ex-président de la République, Alpha Condé, l’ancien président de la Cour constitutionnelle et 25 autres ex-ministres et DG de la police et de la gendarmerie. Plus récemment le président de la République démocratique du Congo, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo a f.. dehors plus de 200 magistrats ripoux, un acte qui a été salué par des millions d’Africains. Il est vrai que poser un tel acte de salubrité publique, n’est pas facile il faut être clean soi-même. Ne nous leurrons pas, ce n’est pas parce qu’on porte du beau linge qu’on a les mains propres.
Adama Dramé
Source : Le Sphinx