Membre du Conseil national de Transition (CNT), Adama Diarra alias Ben Le Cerveau s’est livré à un exercice d’explication ou de manipulation sur la loi relative à l’entraide judiciaire entre le Mali et la France, adoptée par le CNT. Il a expliqué ladite loi dans un langage qui incite à la révolte. D’où la réaction de son collègue Amadou Albert Maïga pour mettre les choses dans leurs contextes.
A l’allure d’une tentative de manipulation de l’opinion publique sur la loi d’entraide judiciaire entre le Mali et la France, Adama Diarra dit Ben le Cerveau indique que la présente loi vise à nous maintenir dans la dépendance coloniale. « La France a demandé l’entraide judiciaire entre elle et le Mali sous IBK, avec TiébiléDramé comme ministre des Affaires étrangères. Cela consiste à rendre possible l’extradition d’un Malien condamné au Mali à aller purger sa peine en France. Cette loi a été adoptée par le CNT il y a de cela moins d’un mois. Nous étions 13 à voter contre. Par contre, un condamné en France ne peut pas être extradé au Mali pour purger sa peine. C’est pour vous dire que les autorités ont décidé de placer le Mali sous tutelle française », a-t-il déclaré sur les antennes de la Radio Peace FM. Cet exercice qui fait dormir débout a contraint Amadou Albert Maïga, aussi membre du CNT, à recadrer son collègue.
Dans son intervention, Amadou Albert Maïgamartèlera qu’Adama Diarra s’est donné en spectacle sur le plateau de Peace FM en tenant des propos« fallacieux et totalement mensongers ».
A en croire l’orateur, Ben le cerveau, vice-président de la Commission promotion de la femme, de la famille, de la protection de l’enfant, de la jeunesse, des sports du travail et de l’emploi, fait partie des abonnés absents auxtravaux du CNT.
« Le camarade Ben n’a jamais participé à une activité de sa commission, excepté son déplacement à Gao pour assister au tournoi de foot.Le camarade Ben n’est jamais venu en salle de plénière à l’heure. Le camarade Ben n’a jamais assisté au début et à la fin d’une séance plénière. Le camarade Ben n’a pas participé à plus de trois séances plénières et donne toujours une procuration », a précisé Amadou Albert Maïga.Or, poursuivra-t-il, on ne peut prétendre vouloir se battre pour son peuple, pour un idéal pour un changement et ne pas avoir le temps matériel pour faire son travail correctement, un travail pour lequel tu es payé.
« Les jeunes français se réveillent tôt pour aller défendre l’intérêt de la France dans l’hémicycle », tentera-t-il ainsi de conscientiser son collègue Diarra.
S’agissant de la fameuse loi que pourfend Ben le Cerveau, Amadou Albert Maïga déclare que feu le Président Modibo Keita, père-fondateur de l’indépendance du Mali, avait signé un accord de coopération judiciaire avec la France en 1962.
Suite à l’évolution du monde, cette loi a montré ses limites et sa relecture était en cours bien avant la mise en place du CNT. Ainsi, demandera-t-il d’informer son camarade que cette loi n’extrade pas/jamais les nationaux et dans les deux sens (du Mali vers la France et de la France vers le Mali).
« Cette convention a été réélue pour prendre en compte les spécificités économiques (crimes économiques et financiers) et aussi les cas du terrorisme. Donc, qu’on n’induise pas les Maliens établis à l’extérieur en erreur », a-t-il clarifié.
Partant, Maïga invitera Ben le Cerveau à venir travailler, contrôler l’action gouvernementale, s’améliorer, s’entrainer et surtout proposer des solutions.
« Les sages sont capables d’utiliser les inimitiés à bon escient ».
Selon l’orateur, les deux conventions ratifiées par le CNT : entraide judiciaire entre le Mali et la France/extradition entre le Mali et la France sont deux conventions qui ont été ratifiées par le Mali depuis mars 1962 par la première République, sous le règne de Modibo Keita.
En ce qui concerne la Convention d’entraide judiciaire, le Mali et la France ont tout simplement rajouté des infractions nouvelles, à savoir le « terrorisme, les infractions douanières, fiscales, économiques qui n’existaient pas dans la première convention d’entraide judiciaire », explique-t-il.
De son point de vue, ces conventions sont motivées et contiennent des avantages, en tout cas pour notre pays. Car, la première permet de rapatrier nos capitaux « volés » ou sortis en contournant les services de la douane et le fisc malien.La seconde permet au Mali de demander l’extradition de tous ceux qui ont commis des infractions sur le sol malien afin que les juridictions maliennes puissent les juger au Mali.Ces deux conventions sont fondées sur le principe de réciprocité. Avant d’ajouter que les deux conventions sont de véritables instruments de lutte contre l’impunité.
Oumar KONATE
Source : La Preuve