Les américains ouvrent le bal
Après avoir « fermement condamné les arrestations des dirigeants maliens » et prévenu qu’ils prendront « des mesures ciblées » contre les dirigeants politiques et militaires qui entravent la bonne marche de la transition, le Pays de l’oncle Sam annonçait les premières sanctions : « Nous suspendons actuellement l’assistance à la sécurité au profit des forces de sécurité et de défense maliennes que nous avions maintenues précédemment », a indiqué Ned Price, Porte-Parole du Département d’État américain dans un communiqué du 26 mai 2021.
Les sanctions deux poids deux mesures de la CEDEAO
Cinq jours après, c’est la Communauté des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), réunie en Sommet extraordinaire, qui durcit le ton. La dizaine de chefs d’État des pays membres de l’institution sous régionale, rassemblée à Accra, ont pris des mesures considérées à minima par les observateurs. En effet les Chefs d’Etat de la CEDEAO « décident de suspendre le Mali des institutions de la CEDEAO conformément aux dispositions de la CEDEAO. Demander la nomination immédiate d’un nouveau Premier ministre civil. Un nouveau gouvernement inclusif devrait être formé pour poursuivre le programme de transition ». Sous la conduite du Président du Ghana, l’organisation ouest-africaine réaffirme « la nécessité de respecter la période de transition de 18 mois décidée à Accra. Dans ce contexte, la date du 27 février 2022, déjà annoncée pour l’élection présidentielle, doit être absolument maintenue. Un mécanisme de suivi sera mis en place à cet effet », souligne le communiqué final du Sommet.
« Nous déplorons un peu la réaction de la CEDEAO, qui se cache derrière l’application du protocole sur la bonne gouvernance et la démocratie, alors que le même organisme a méconnu le contenu de ses textes par rapport à certains pays voisins : en côte d’Ivoire le protocole n’a pas été respecté, la Guinée, le Togo… il faut le dire. Mais il faut noter que la CEDEAO a failli à respecter le premier texte auquel le protocole est greffé, celui sur la sécurité collective des pays membres dans lequel, on trouve les accords de défense mutuels. Depuis combien de temps le Mali est dans la difficulté, aucun soldat de la CEDEAO n’est venu au terme de l’application de ce texte pour pouvoir se battre avec nous si ce n’est dans le cadre des opérations de maintien de la paix. », affirme Dr Youssouf Z COULIBALY, Président de la commission de l’administration territoriale, de la décentralisation, du culte et de la réconciliation nationale du CNT, conseiller juridique du Président Assimi GOITA.
La Banque monde c’est 1,5 milliard de dollars au Mali
Cet appel de la CEDEAO ne semble pas être entendu par l’Union Africaine qui à son tour a annoncé, mardi 1er juin, dans un communiqué, l’exclusion temporaire du pays et a menacé d’imposer des sanctions si la junte au pouvoir ne rétablissait pas un gouvernement dirigé par des civils. L’Organisation Internationale de la Francophonie, elle-aussi n’est pas restée en marge pour imposer des sanctions contre le Mali. Le jeudi dernier le Conseil permanent de la Francophonie (CPF) dans un communiqué a décidé de « suspendre la République du Mali des instances de la francophonie », tout en maintenant les programmes de rétablissement de l’ordre démocratique.
La France à son tour a annoncé, jeudi 3 juin, la suspension à titre conservatoire des opérations militaires menées conjointement avec les forces maliennes. Cette annonce a suscité une réaction en chaîne au Mali. Chacun y allant de son commentaire.
La dernière en date, c’est la Banque Mondiale qui conformément à sa politique « applicable à des situations similaires, a temporairement suspendu les décaissements sur ses opérations au Mali, car elle surveille et évalue de près la situation ». Cette suspension aura des conséquences parce que la Banque Mondiale finance « 20 projets nationaux et neuf projets régionaux au Mali pour un montant total de 1,5 milliard de dollars (dons et prêts inclus) ». Ces projets concernent des thèmes comme les infrastructures et les services ruraux, l’éducation, la décentralisation, le secteur privé etc.
Les enjeux de ces mesures visant à faire respecter les principes démocratiques dans le pays selon plusieurs observateurs sont considérables.
Andiè A. DARA
Source: BamakoNews