La croissance de l’économie mondiale s’est tassée à son niveau le plus bas depuis trois ans. Elle devrait se stabiliser à court terme, mais cette dynamique reste fragile et exposée à des risques importants. Les investissements et les échanges internationaux ont été plus faibles qu’escompté au début de l’année, tandis que les grandes économies avancées et en particulier la zone euro, ainsi qu’un certain nombre de marchés émergents et d’économies en développement ont affiché une activité plus modeste que prévu. Telles sont les principales conclusions de la dernière édition des Perspectives économiques mondiales, intitulée » Tensions grandissantes et investissements atones « .
La Banque mondiale publie son rapport » Perspectives économiques mondiales » deux fois par an, en janvier et en juin. Ce rapport s’inscrit dans un travail d’analyse de fond sur l’évolution de la situation macroéconomique mondiale et ses conséquences sur les pays membres de la Banque.
La montée des dettes publiques
La montée des dettes publiques suscite de plus en plus d’inquiétudes. Dans beaucoup d’économies émergentes et en développement, les emprunts massifs contractés par les pouvoirs publics sont venus éroder la difficile amélioration des ratios d’endettement obtenue avant la crise financière mondiale. La dette publique de ces pays a grimpé en moyenne de 15 points de pourcentage en 2018, pour atteindre 51 % du PIB. Le gonflement de l’endettement peut s’expliquer par la nécessité de financer des projets porteurs de croissance, tels que des investissements dans l’infrastructure, la santé et l’éducation. De fait, les besoins sont immenses : selon les estimations de la Banque mondiale, les pays à revenu faible et intermédiaire doivent mobiliser entre 640 et 2 700 milliards de dollars par an pour atteindre les objectifs de développement fixés à l’horizon 2030. En outre, une hausse prudente des dépenses publiques peut permettre à un pays de surmonter une mauvaise passe économique.
Mais un endettement excessif n’est pas sans risque, bien au contraire. Même si les taux d’intérêt sont bas, la dette publique peut atteindre des niveaux insoutenables. Quand un État doit consacrer une grosse part de son budget au service de la dette, ce sont autant de dépenses qui ne sont pas allouées à d’autres secteurs importants. Une dette publique élevée peut aussi laisser penser aux investisseurs et aux consommateurs que les autorités augmenteront à terme les impôts en vue de juguler les déficits, avec pour conséquence de brider les dépenses des entreprises et des ménages. Enfin, dans les cas extrêmes, le surendettement conduira à un défaut de paiement et à la nécessité d’un plan de sauvetage.
Selon le rapport, » ceux qui décident d’emprunter auront tout à gagner à mieux gérer leur dette et à renforcer la transparence en la matière. Un État doit s’endetter avec le souci du maintien de la stabilité et de la préservation de la résilience « .
Le ralentissement des investissements
La faible croissance des investissements, associée à une reprise mondiale moins soutenue qu’attendu, assombrit la situation économique à long terme des pays émergents et en développement. En dépit d’un modeste redressement récent, la croissance des investissements devrait rester inférieure à sa moyenne historique dans les années qui viennent.
Ce qui signifie que le processus de rattrapage des économies émergentes et en développement sur les économies avancées marque désormais le pas. Le ralentissement de l’accumulation des richesses constitue également un frein à la productivité d’un pays, ce qui nourrit aussi les inquiétudes sur le financement des besoins de développement au cours des dix prochaines années. Les pays peuvent augmenter les investissements publics en réaffectant les ressources consacrées à des secteurs improductifs et en augmentant l’efficacité des dépenses.
Ils peuvent par ailleurs promouvoir l’investissement privé en éliminant les obstacles qui entravent l’activité des entreprises, en remédiant à l’inefficacité du marché et en améliorant la gouvernance d’entreprise.
Synthèse de Youssouf Camara
Source: l’Indépendant