Le Somaliland, république autoproclamée du nord de la Somalie dont aucun pays ne reconnaît la souveraineté, a célébré mercredi les 25 ans de sa sécession avec la Somalie par un défilé militaire et policier boudé par la communauté internationale.
Aucun représentant ou dignitaire étranger n’avait fait le déplacement à Hargeisa, la capitale, pour assister à la cérémonie, lors de laquelle le président Ahmed Silyano a pris la parole devant une foule arborant les couleurs verte, blanche et rouge du drapeau du Somaliland.
“Ne vous faites pas d’illusion, nous ne reviendrons jamais avec vous (…) Soyons deux pays séparés et des voisins pacifiques”, a-t-il lancé à l’intention de la Somalie.
Pendant près de trois heures, l’ensemble des corps constitués – police, justice et armée – de cette petite “république” de près de 4 millions d’habitants ont paradé devant le palais présidentiel. Une démonstration de force de la part d’un Etat qui a su administrer et protéger son territoire avec bien plus d’efficacité que la Somalie, sans aide internationale ni soutien militaire.
“C’est complétement injuste”, s’est d’ailleurs indigné le ministre des Affaires étrangères Saad Ali Shire.
“Si nous étions reconnus, ce que nous méritons, nous pourrions accéder aux prêts internationaux, recevoir de l’aide au développement et attirer des investisseurs étrangers, mais nous ne pouvons rien faire de cela car nous ne sommes pas reconnus”
Au sein de la foule, le son de cloche était similaire.
“Nous avons fait du bon boulot depuis 25 ans”, s’est enthousiasmé Abdelsalam Ahmed, un drapeau autour du cou. “Et nous appelons le monde à reconnaître les progrès que le Somaliland a accompli”.
Comme lui, 70% des Somalilandais ont moins de 25 ans et n’ont jamais connu la Somalie.
“Nous ne sommes pas la Somalie. Nous sommes le Somaliland! Nous voulons être reconnus”, a renchéri une jeune fille, Ashira, non loin de la carcasse d’un MIG somalien érigé en mémorial des bombardements de Hargeisa par les avions du président somalien Mohamed Siad Barré en 1988.
Hargeisa avait été alors détruite à 70% par les bombardements de l’armée régulière de Siad Barré, ordonnés dans le cadre de la terrible répression (au moins 35.000 morts) de la rébellion nordiste, une blessure irréparable aux yeux des Somalilandais.
“Je ne veux même pas aller à Mogadiscio. Quand je vois les attentats, les shebab, ça me fait peur. Ici, nous avons la paix”, a déclaré Mohamed Faouzi, employé de Dahabshiil, la seule société de transfert bancaire pour les particuliers présente au Somaliland.
Source: tv5monde