C’est en marge de la rencontre avec les cadres et hauts fonctionnaires de l’Etat que le premier ministre Choguel Kokalla Maïga, a répondu non seulement au président français, Emmanuel Macron qui menace d’isoler le Mali afin qu’il perd tout soutien de la communauté internationale et aussi, la CEDAO qui vient de sanctionner le pays.
Par rapport à la CEDEAO, le premier ministre Maïga précise que «la CEDEAO fut du Mali» avant d’ajouter qu’elle est née au Mali et rappelle que l’initiative de sa création est venue du Mali en 1975.
Selon le chef du gouvernement, «la CEDEAO et le Mali, c’est comme un enfant et son vieux père qui l’a mis au monde, l’a élevé, nourri… Aujourd’hui, l’enfant a grandi, le vieux père est dans des difficultés… Il est malade, agressé, affaibli, tombé et même humilié. Ce qu’il attend de son fils, c’est de lui tendre la main, de l’aider à se lever… Mais la CEDEAO a décidé de nous sanctionner», déplore-t-il, avant de souligner qu’ils ont pris acte tout en déplorant l’acte.
Pourtant, poursuit le premier ministre Maïga, la concertation fondée sur la bonne fois aurait permis l’instauration d’une fructueuse collaboration.
A ses dires, la CEDEAO a apposé des textes n’étant nullement à la base de la création de la CEDEAO. Mais, le gouvernement malien, lui a opposé le principe de la réalité du terrain, de l’Etat physique, psychologique du Mali à ce jour, de l’état de déliquescence, de l’insécurité généralisée, de la situation qu’aucun candidat ne peut aller faire de campagne librement.
Pour rappel, une délégation de la CEDEAO s’est rendue au Mali en octobre 2018 à l’issue de la crise politique postélectorale et a fait une recommandation qui dit expressément : «le Mali ne doit plus organiser des élections avant de faire des réformes politiques et institutionnelles». Pour le premier ministre Maïga, c’est parce que ces réformes n’ont pas été faites que la frustration continue à exploser en 2020. «Malheureusement, nous avons beau rappelé à nos frères de la CEDEAO, nous ne nous sommes pas attendus jusqu’ici», regrette-t-il.
Parlant des relations entre le Mali et la France, le premier ministre, chef du gouvernement signale que le Mali et la France ont des liens plus solides trouvant leurs racines dans l’histoire tragique mais surtout commune.
A ceux qui parlent «d’isolement du Mali», le premier ministre Maïga répond que «le Mali n’a jamais été isolé, le Mali ne sera jamais isolé». À ses dires, il suffit d’en juger par le nombre de pays qui ne cessent de lui apporter leurs soutiens multiformes comme récemment à la faveur de la 76ème assemblée des Nations Unies et du vote du conseil de sécurité pour décider de l’augmentation des effectifs de la MINUSMA.
«Le Mali a fait de sérieuses réserves, dit-il, parce qu’il n’a été ni consulté ni associé». Mais, poursuit-il, il lui a été expliqué pourquoi et d’où viendront ces contingents et où ils seront déployés !
«Nous avons besoin qu’on nous respecte. Notre dignité ne peut pas être marchandée. Ce qui doit être clair pour tous», a-t-il insisté.
Il défend que les Maliens et Maliennes dans leur majorité, aient opté pour une transition de rupture. «La transition de rupture est une donnée non négociable, dit-il, parce que il y va de la survie de la nation, il y va de notre renaissance, pour cesser d’être éternellement le Vieux homme malade de l’Afrique de l’Ouest et de reprendre notre place dans le concert des nations en jouant de nouveau le rôle de pays phare que nous avons été plus de trois décennies durant», conclut-il.
Kossa Maïga
Source : Canard Déchainé