Dans un monde en pleine mutation géopolitique, la diplomatie malienne prend une tournure de plus en plus directe et décomplexée. Lors d’un entretien récent avec la presse, au sortir d’une réunion de haut niveau entre les pays membres de l’Alliance des États du Sahel (AES) et la Russie, le ministre des Affaires étrangères du Mali, Abdoulaye Diop, a pointé du doigt un acteur inattendu : l’Ukraine, qu’il accuse de jouer un rôle trouble dans la déstabilisation de la région.

« Nous considérons aujourd’hui que l’Ukraine agit en soutien aux groupes terroristes actifs au Sahel. Cela est inacceptable. Nous avons le devoir de le dénoncer », a déclaré le chef de la diplomatie malienne, dans une déclaration qui n’est pas passée inaperçue.

Une rupture avec le politiquement correct diplomatique

Bamada.net-L’accusation est grave, directe et sans filtre. Pour les autorités de la Transition malienne, il ne s’agit plus de tourner autour du pot : le terrorisme qui gangrène le Sahel ne prospère pas seul. Il bénéficie, selon Bamako, d’un appui extérieur, souvent sous couvert d’aides humanitaires, de partenariats sécuritaires ambigus ou d’opérations de renseignement clandestines.

À Lire Aussi : Le Ministre Abdoulaye Diop éclaire le Séminaire de l’École de Maintien de la Paix sur la Coopération internationale au Sahel

Dans ce contexte, Abdoulaye Diop a souligné que certains pays extra-régionaux, dont l’Ukraine, contribuent à maintenir ces foyers d’instabilité. Ce soutien, selon lui, se manifeste par des appuis techniques, logistiques et parfois même diplomatiques à des groupes armés qui sèment la terreur au Mali, au Burkina Faso et au Niger.

La Russie, partenaire stratégique du Sahel

C’est dans ce climat tendu que s’est tenue une rencontre entre les ministres des Affaires étrangères des États membres de l’AES et leur homologue russe, Sergueï Lavrov. Une rencontre qui marque une consolidation des relations entre les pays sahéliens en quête d’autonomie stratégique et la Russie, devenue un allié incontournable dans la lutte contre le terrorisme.

« Nos États partagent une même lecture des enjeux sécuritaires. Nous sommes unis par une vision commune de la souveraineté, du respect des choix des peuples, et de la nécessité de neutraliser définitivement les réseaux terroristes », a affirmé Abdoulaye Diop.

Les échanges ont notamment porté sur le renforcement de la coopération militaire, la coordination des efforts de renseignement, la formation des forces armées locales et l’accès à du matériel adapté à la guerre asymétrique que mènent les armées sahéliennes depuis plus de dix ans.

Une nouvelle architecture régionale en gestation

Loin d’être une simple sortie médiatique, les propos d’Abdoulaye Diop traduisent un changement profond dans la doctrine diplomatique malienne. Depuis la création de l’AES et la rupture avec les schémas d’alliance hérités de la colonisation, le Mali revendique haut et fort son droit à choisir ses partenaires, définir ses priorités et nommer ses adversaires.

L’accusation à l’encontre de l’Ukraine vient ainsi s’ajouter à une série de positions assumées qui traduisent la volonté du Mali de rompre avec les hypocrisies diplomatiques, de nommer les choses par leur nom, et de désigner clairement ceux qui nuisent à la stabilité du Sahel.

Une diplomatie offensive au service de la sécurité

Le message est clair : le Mali et ses partenaires de l’AES ne se contenteront plus d’attendre une aide internationale inefficace. Ils entendent désormais prendre en main leur destin, et s’attaquer aux racines du mal, même si cela suppose d’entrer en confrontation avec des puissances étrangères.

À Lire Aussi :  Le Mali interpelle le Conseil de sécurité : Abdoulaye Diop dénonce le soutien de l’Ukraine aux groupes terroristes

Cette ligne dure, revendiquée par les autorités de la transition, s’inscrit dans une volonté d’affranchissement total des anciennes tutelles et d’élargissement des partenariats stratégiques, dans un monde devenu multipolaire. Dans cette dynamique, la Russie s’impose comme un allié solide, en phase avec les aspirations sécuritaires et souverainistes des pays du Sahel.

Un message aux puissances occidentales

En creux, cette prise de position est également un message adressé aux partenaires occidentaux traditionnels, accusés par les autorités maliennes de passivité, voire de duplicité, dans la gestion de la crise sahélienne. Le soutien supposé de l’Ukraine aux groupes armés est ainsi présenté comme un exemple parmi d’autres des interférences étrangères négatives dans les affaires internes du Mali.

Le pays, qui a récemment intensifié ses efforts militaires aux côtés de ses voisins burkinabè et nigérien, estime que la transparence, la franchise et la fermeté sont désormais indispensables pour remporter la guerre contre le terrorisme.

Bamada.net reste mobilisé pour relayer la voix des peuples du Sahel, leur combat pour la paix, et les choix souverains qu’ils posent face à un monde en recomposition.

© Bamada.net | Toute reproduction, même partielle, est interdite sans autorisation préalable.

MLS

Source: Bamada.net