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LE PM A L’HEURE DU BILAN

Opération reconquête garantie ou casse-pipe assuré ?

On ne sait pas s’il faut vraiment parler de suspense aigu mais tous les regards seront dirigés vers le CICB, l’antre provisoire du Conseil National de Transition, où le Dr Choguel K. Maïga doit soumettre son PAG au scanner des réalisations. Le rendez-vous, très attendu des Maliens, permettra-t-il au peuple de vivre un temps fort d’évaluation sans complaisance de la gouvernance ? Ou bien s’agira-t-il, comme très souvent dans notre pays, d’un concert de discours monotones dont la symphonie convenue aura été coécrite par tous les acteurs ?

 

A moins qu’il ne s’agisse d’une évaluation convenue de complaisance entre camarades potes, on voit difficilement Choguel Kokalla Maïga obtenir quitus du CNT pour son travail à la tête du gouvernement. Demain, jeudi 21 avril, le Premier ministre doit se tenir au pupitre de l’assemblée transitoire pour y être évalué sur la mise en œuvre de son fameux Plan d’Actions Gouvernementales (PAG). Cette encyclopédie des remèdes-miracle qu’on nous avait présentée comme le précieux billet du TGV pour la prospérité. Souvenons-en. « 8 mois », c’est le temps record que le chef du gouvernement himself nous avait avancé pour un accostage du navire Mali au quai rêvé du mieux-être.

Sauf que 10 mois se sont écoulés depuis, et l’embellie générale annoncée ne s’esquisse guère à l’horizon des attentes populaires. Le train à vive allure de l’efficacité promis a vite laissé la place à la locomotive désarticulée de la contre-performance économique. Tout expérimenté et remarquable tribun qu’il est, le Dr PM va devoir faire plus que sortir le grand jeu de l’équilibrisme verbal pour convaincre ses interlocuteurs, tous ses interlocuteurs.

D’abord, il devra persuader les membres du CNT du bien-fondé de ses choix opérés et de la pertinence de ses priorités. Surtout, il devra (chiffres à l’appui) démontrer que sa manière de faire a produit plus de succès vérifiables que d’échecs maquillés à coups de communication. En face, dans le fond comme sur la forme, il faut espérer que les représentants du CNT sauront se montrer plus évaluateurs-censeurs qu’examinateurs conquis. Il y va de la crédibilité de tout l’exercice de contrôle de l’action gouvernementale par l’organe législatif transitoire.

Ensuite, au-delà des membres du CNT, le chef du gouvernement se sait aussi entendu au tournant des réponses et des actions concrètes par une opinion nationale au sein de laquelle les effets des discours-illusions commencent à être dissipés par l’implacable réalité du quotidien.

Que va faire le no1 du gouvernement pour défendre son bilan ? Deux hypothèses peuvent d’ores et déjà être envisagées. Dans un premier temps, l’habile communicant politique qu’il est, va très probablement s’appuyer sur les réussites enregistrées par les FAMA, qui mettent du baume au cœur de tous les Maliens. Mais, cela est un secret de polichinelle que de dire que la stratégie et les opérations armées ne sont point dans la cassette des prérogatives du PM. Tout le crédit des victoires militaires est à mettre à l’actif des colonels, notamment de la ténacité conjuguée du ministre de la Défense et de l’état-major général des Armées. Dès lors, quand bien même le PM chercherait-il à attirer la couverture du triomphe militaire à lui, il devra admettre que les populations sont bien imprégnées du fait que les décisions tactiques se prennent à d’autres niveaux.

Dans un second, là où il lui faudra le plus faire face aux critiques, le PM tentera de justifier son échec économique en mettant en avant les impacts pervers de la crise et des sanctions de la CEDEAO. « C’est la faute de la crise ! C’est la faute des sanctions injustes et injustifiées ! » devrait-on entendre de sa part aussitôt que le chapitre économique sera abordé. Mais, là aussi, ce seul argumentaire ne suffira pas à donner aux compatriotes les meilleures garanties sur leur sort. Comment faire comprendre en effet cette morosité économique généralisée dans le pays ? Comment justifier la baisse continue du pouvoir d’achat ? Comment expliquer le chômage qui augmente de jour en jour ? Quelle équation exposer pour amener les Maliens à ne pas considérer l’enjambement du délai de « 8 mois » comme un échec patent ? Quelle dissertation savante avancer pour justifier le fait que gouvernance de la vertu et les réformes politiques nécessaires sont renvoyées aux calendes grecques ?  75 millions comme avantages alors qu’on ne cesse de prôner la sobriété… gestion abracadabrant des Logements sociaux alors qu’on avait survendu « la République irréprochable » etc.

La tâche s’annonce normalement des plus délicates pour le PM dont le bilan aussi bien que la vision politique ont montré, ces dernières semaines, qu’il n’a pas la solution pour redonner au pays un souffle nouveau. Saura-t-il convaincre une fois de plus en surexploitant sa maestria du verbe ? Ou lui faudra-t-il plus que des mots pour remporter l’adhésion de ses évaluateurs ? A charge pour les hommes et femmes du CNT de donner à cet « exercice démocratique » tous les ingrédients d’un “tribunal des VÉRITÉS” afin de prouver aux plus de 20 millions de Maliens que l’ère du Malikoura n’est pas un slogan creux. Réponse dans 48H CHRONO.

MOHAMED MEBA TEMBELY        

Source: Les Échos Mali

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