Un ancien djihadiste qui a contribué à la libération de quatre otages au Mali en octobre dernier a déclaré lundi à la radio française que le gouvernement de Bamako avait versé deux millions d’euros (2,36 millions de dollars) pour la libération de l’un des captifs, le défunt chef de l’opposition malienne Soumaila Cissé.
Ahmada Ag Bibi a également déclaré dans l’interview à Radio France Internationale (RFI) que les autorités maliennes n’ont pas payé de rançon pour trois autres otages importants – une Française et deux Italiens – bien qu’il n’ait pas exclu que des fonds extérieurs aient changé de mains.
Le gouvernement intérimaire malien, dominé par l’armée, mis en place après un coup d’État en août dernier et chargé d’organiser des élections l’année prochaine, n’a pas fait de commentaire immédiat sur les affirmations de Bibi.
Bamako n’a jamais confirmé les spéculations selon lesquelles une rançon aurait été versée pour obtenir la libération de près de 200 prisonniers, dont un certain nombre de djihadistes, en échange de M. Cissé, de la Française Sophie Petronin et des Italiens Nicola Chiacchio et Pier Luigi Maccalli.
Cissé, ancien chef de l’opposition parlementaire et finaliste de trois élections présidentielles, est mort en décembre de Covid, à l’âge de 71 ans.
Bibi, un Touareg originaire du nord désertique du pays sahélien, a été plusieurs fois député au parlement malien.
Il a participé à de précédentes négociations d’otages et on pense qu’il a joué un rôle clé de médiation dans le dernier épisode.
En tant que djihadiste, il a combattu dans le passé aux côtés d’Iyad Ag Ghaly, chef du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM) au Sahel, affilié à Al-Qaida.
C’est Ghaly qui a reçu triomphalement les prisonniers libérés par le gouvernement malien, Bibi apparaissant sur les photos de l’échange.
Lundi, Bibi a rejeté l’affirmation selon laquelle une rançon de 10 ou 30 millions d’euros avait été versée.
« Ce n’est pas vrai », a déclaré Bibi. « Pas ces chiffres. Je sais que l’État malien, les autorités de transition, ont payé deux millions d’euros pour libérer Soumaila. »
La France, ancienne puissance coloniale du Mali, a nié à plusieurs reprises avoir participé aux négociations ou avoir payé une quelconque rançon pour la libération de Pétronin, un travailleur humanitaire septuagénaire.
M. Bibi a déclaré que l’État avait libéré 190 prisonniers, alors que les preneurs d’otages avaient affirmé que deux fois plus de prisonniers étaient libres.
Le Mali s’efforce de contenir une insurrection islamiste qui a éclaté dans le nord du pays en 2012 avant de s’étendre au centre et aux pays voisins, le Burkina Faso et le Niger.
Les autorités de transition ont dit privilégier le dialogue avec certains djihadistes.
Source: Yahoo News