La grossesse est un phénomène naturel qui nécessite une adaptation de tout l’organisme. Parfois, il se produit une déconnexion involontaire du cerveau qui n’arrive pas à reconnaître la nouvelle situation, c’est-à-dire à savoir que la femme est enceinte. Ainsi, on parlera de « déni de grossesse » qui désigne le fait d’être enceinte sans avoir conscience qu’on est enceinte. Le gynécologue obstétricien Dr Seydou Z. Dao précise qu’il y a en ce moment une grossesse physique, mais pas de grossesse psychique. C’est-à-dire que la femme vit comme si elle n’était pas enceinte.
Le déni de grossesse est donc un trouble de la gestation psychique. En effet, la grossesse n’est pas uniquement un processus permettant la croissance du bébé, c’est aussi un processus psychique durant lequel la femme devient mère. Ainsi, le psychisme nie la grossesse et toutes les manifestations de la grossesse sont bloquées. Par contre, le médecin indique que c’est une situation pathologique qui ne doit pas être confondue avec la « grossesse cachée ». Dans ce dernier cas, explique-t-il, la femme sait qu’elle est enceinte mais souhaite cacher sa grossesse alors que dans le déni de la grossesse, elle ne pense pas être enceinte. « Dans le déni de grossesse, la femme ne fait pas exprès de ne pas savoir qu’elle est enceinte. Elle nie sa grossesse mais ce n’est un pas un mensonge conscient », précise le toubib.
Selon le praticien du Centre de santé de référence (CSREF) de la Commune II, il existe deux types de déni de grossesse : le déni partiel et le déni total. Dans le premier cas, la femme peut prendre conscience de sa grossesse après le 1er trimestre lors d’un examen médical ou par la perception des mouvements du bébé ou au cours d’une échographie tandis que dans le deuxième cas, la grossesse n’est découverte que le jour de l’accouchement lors d’une consultation pour des douleurs abdominales, une perte des eaux ou même lors d’un accouchement non assisté à domicile. Ce dernier cas peut aboutir à des abandons d’enfants ou à des infanticides en l’absence d’une prise en charge psychologique appropriée. Le déni partiel aboutit le plus souvent à une acceptation de la grossesse mais parfois elle peut conduire à des avortements provoqués.
Concernant la cause, il déclare qu’il n’y a pas de causes clairement définies du déni de grossesse. Toutes les femmes de tous âges, de tous les milieux sociaux, de tous les profils conjugaux peuvent faire un déni de grossesse. Mais il précise que derrière chaque déni de grossesse on retrouve une histoire personnelle traumatisante, des troubles de l’adaptation, des problèmes relationnels, etc.
Parlant des signes, Dr Seydou Z. Dao dit qu’ils ne sont pas perçus ou s’ils existent peuvent être confondus avec d’autres choses ou d’autres maladies. Les muscles de l’abdomen restent tendus. Le ventre est parfois légèrement bombé mais il peut rester relativement plat, trompant ainsi la femme et son entourage. Les mouvements fœtaux ne sont pas ressentis ou sont confondus avec des troubles digestifs, les saignements au cours de la grossesse peuvent être confondus avec les règles. En l’absence de ces signes, le gynécologue ajoute que l’entourage ignore aussi la grossesse si bien que les spécialistes parlent souvent de « contagion » du déni de grossesse. La révélation de la grossesse peut être un véritable choc psychique pour la mère. La femme peut persévérer dans le déni, refuser la grossesse et demander son interruption ou au contraire elle peut accepter la grossesse. En général, la grossesse n’est pas suivie donc toutes les complications liées à la grossesse peuvent apparaître.
La prise en charge nécessite un accompagnement psychologique de la mère pour une compréhension psychopathologique du déni de grossesse. Une prise en charge mère/enfant peut être nécessaire pour aider la mère à tisser un lien affectif avec son bébé.
Fatoumata NAPHO
Source: L’Essor- Mali