“Nous essayons d’expliquer à nos amis africains que la neutralité n’est pas la réponse”, a déclaré Dmytro Kuleba à la presse à Addis Abeba où il a poursuivi, après le Maroc, sa deuxième tournée en Afrique. “Car en étant neutre vis-à-vis de l’agression russe envers l’Ukraine, vous étendez cette neutralité à la violation des frontières et aux crimes de masse qui peuvent se produire près de chez vous, si ce n’est vous arriver”, a-t-il expliqué.
En février, 22 des 54 Etats membres de l’Union africaine se sont abstenus ou n’ont pas pris part au vote de la dernière résolution en date de l’Assemblée générale de l’ONU appelant la Russie à retirer ses forces d’Ukraine. Deux – Erythrée et Mali – avaient voté contre.
M. Kuleba a rencontré mercredi le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed, le président de la Commission de l’UA Moussa Faki Mahamat et le président en exercice de l’organisation panafricaine, le président comorien Azali Assoumani. Un des sujets “discutés avec nos amis africains est le soutien de l’Ukraine face à l’agression russe”, a-t-il expliqué, sans entrer dans le détail de ses entretiens.
“En Afrique, des pays et des gens ont de la sympathie pour la Russie, car ils font le lien entre la Russie et le soutien que ces pays ont reçus à l’époque de l’Union soviétique et le rôle de l’Union soviétique dans la décolonisation de l’Afrique”, a-t-il souligné.
“Mais la vérité est que la Russie a privatisé tout ce que l’Union soviétique a fait pour l’Afrique, ignorant le fait” que l’Ukraine était membre de l’URSS et qu’elle a accueilli “des milliers d’étudiants africains” et envoyé en Afrique “des milliers d’ingénieurs”. La Russie actuelle est “très différente”, a-t-il ajouté, “l’investissement réel le plus important de la Russie en Afrique, ce sont les mercenaires de Wagner”.
“Nous serons toujours à vos côtés en matière de sécurité alimentaire”, a-t-il lancé aux pays africains, rappelant la famine organisée en 1932-1933 par Joseph Staline en Ukraine qui a causé la mort de millions d’Ukrainiens. “Depuis, nous nous sommes dit que (…) nous serions toujours du côté de ceux qui risquent la famine ou la crise alimentaire parce que nous sommes passés par là en tant que nation et que ces souvenirs sont très douloureux dans notre mémoire collective”, a-t-il poursuivi, rappelant l’importance de l’Ukraine dans la fourniture mondiale de céréales.
Parallèlement, sur fond de sanctions occidentales liées à son offensive en Ukraine, Moscou cherche actuellement des soutiens en Asie et en Afrique, où de nombreux Etats n’ont pas ouvertement condamné l’intervention militaire russe. La Russie a déjà multiplié ces dernières années les initiatives sur le continent africain, visant à se poser comme alternative aux anciennes puissances coloniales.
VOA