Dans un communique conjoint daté du 22 octobre 2013 et rendu public depuis Paris, trois organisations de défenses de droits de l’hommes ( la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme – FIDH, l’Association Malienne des droits de l’Homme – AMDH – et l’Union Interafricaine des droits de l’Homme -UIDH- ) s’insurge contre la décision du gouvernement malien de procéder à la lever les mandats d’arrêts internationaux lancés contre certains responsables du MNLA. Pour ces organisations, » que la construction d’une paix durable et la réconciliation nationale passent nécessairement par une justice indépendante et équitable « .
Le ministre de la justice du Mali a annoncé le 13 octobre 2013 que des mandats d’arrêts émis à l’encontre de certains responsables du Mouvement National de Libération de l’Azawad (MNLA) pourraient être levés. Cette décision si elle venait à aboutir viendrait consacrer l’impunité. Nos organisations rappellent que la construction d’une paix durable et la réconciliation nationale passent nécessairement par une justice indépendante et équitable. Cette levée de mandats d’arrêt pourrait concerner jusqu’à XXX personnes, dont six occupent aujourd’hui la fonction de député
Toutes sont recherchées pour des motifs d’une extrême gravité: crimes contre l’humanité, crime de guerre, crime à caractère racial, régionaliste et religieux, assassinats, rébellion, terrorisme. « Si une solution politique doit être trouvée pour résorber les causes profondes du conflit au Nord du Mali, elle ne peut se faire au détriment des victimes de la crise, ni à l’indépendance de la justice « , a déclaré Me Moctar Mariko, président de l’AMDH. « Toute levée de mandat d’arrêts devrait être le fait d’une décision judiciaire, dans le cadre strict des enquêtes en cours, afin de ne pas engendrer une logique d’impunité « , a-t-il ajouté
Les déclarations du ministre de la Justice ont suscité la crainte de nombreuses victimes de la crise, particulièrement dans les villes ayant été occupées par les groupes indépendantistes ou islamistes, de voir libérés des responsables présumés de graves crimes commis.
« L’impunité des crimes du passé et les lacunes de la justice ont été parmi les causes majeures de la crise malienne. Toute mesure qui favoriserait ou laisserait penser que l’impunité est à nouveau de mise ruinerait le processus de justice engagé par les autorités maliennes, pendant la transition, et jusqu’à présent soutenu par le nouveau gouvernement » a déclaré Me Drissa Traoré, vice-président de la FIDH.
Les exemples de négociations politiques dans la sous-région, notamment en Sierra Leone, ont montré que l’impunité n’était jamais une base solide pour la paix. Nos organisations demandent donc au gouvernement malien de tout mettre en œuvre pour poursuivre et juger les auteurs des principales violations des droits humains commises sans distinction de parties.
» L’annonce du ministre de la justice remet clairement en cause l’indépendance de celle-ci. » a déclaré Karim Lahidji, Président de la FIDH. « S’il faut laisser leurs chances aux négociations, il n’en faut laisser aucune à l’impunité » a -t-il ajouté.
Le 2 octobre 2013, le gouvernement malien a procédé à la libération de 23 membres du MNLA et du Haut Conseil pour l’Unité de l’ Azawad (HCUA). Ces personnes figuraient sur une liste fournie par les deux mouvements indépendantistes lors des accords de Ouagadougou signés en juin dernier.
Source: L’Indépendant