L’Union des clubs de la presse francophone, un regroupement de la presse internationale auquel le Mali a adhéré en 2005, a suivi avec intérêt le processus de fermeture de Renouveau FM. C’est ainsi que le président international de l’union a instruit à la branche du Mali d’organiser une rencontre pour se singulariser dans l’union dans le cadre de la réouverture de Renouveau FM. C’est dans cet ordre d’idées que le président de l’Union des clubs de la presse francophone, branche Mali, Kassim Traoré, accompagné du représentant de Renouveau FM, Djibril Sacko, a donné une conférence de presse, le samedi 11 août, au siège de VOA, pour donner plus de soutien au niveau international à la Radio.
D’entrée de jeu, le président de l’Union des clubs de la presse francophone branche Mali, Kassim Traoré, s’est réjoui du fait que les autorités aient reconnu que le gouverneur n’avait pas compétence, ni prorogative, de fermer une radio. Il a également salué la réouverture de Renouveau FM, même si à l’interne, il y a toujours des détails à régler.
Selon Kassim Traoré, la réouverture de la radio a été faite sur une décision de la Haute autorité de la communication. À l’en croire, au niveau de l’union des clubs de la presse francophone, cette décision de la Hac a été analysée en se basant sur le règlement intérieur de l’institution dans ses articles 83 à 87. Car, selon Kassim Traoré, l’émission incriminée a été animée par Ras, deux journalistes directeurs de publication (Boubacar Yalkoyé du pays et Ammy Baba Cissé du Figaro Mali), et l’avocat Me Malick Alfousseyni Maïga. Elle portait sur la fraude, le bourrage d’urnes, l’achat de conscience lors du 1ertour de l’élection présidentielle.
Des accusations reprises, ajoute le conférencier, par toute l’opposition et confortée par les recommandations des observateurs internationaux. Kassim Traoré dira qu’à travers l’explication du livre de Naomi Klein, intitulé «la stratégie du choc», Ras Bath expliquait comment les citoyens en manque de bonnes conditions de vie se retrouvent à prendre de l’argent moyennant leur voix.
Il a indiqué que Ras Bath a accusé les auteurs de corruption. «Pour notre organisation, le régime à travers ses moyens a coupé l’émission, mais aussi pouvait essayait d’avertir. Nous n’avons pas de penchant pour Ras Bath. Nous n’évoluons pas dans le même format. C’est un chroniqueur. Mais nous utilisons le même canal d’information qui est la radio. Si Ras Bath exerce sa fonction de chroniqueur à travers la radio, ce n’est pas aujourd’hui.
Arrêter cette émission Carte sur table, pour nous, n’est pas une bonne chose. La preuve, l’Etat a privé Renouveau FM d’émettre, mais le même Ras Bath a fait son show sur 100 radios, le mardi passé. Peut-être que le gouvernement avait déjà Renouveau FM dans ses rétroviseurs», a déclaré le président de l’Union des clubs de la presse francophone -branche du Mali.
Par ailleurs, en se saisissant du dossier, selon M. Traoré, la Hac prouve qu’il y avait vice de procédure et aurait dû faire annuler la procédure. Pour le conférencier, à supposer même que les accusations soient fondées, le bon sens recommanderait que la Hac adresse un avertissement, au pire, une suspension temporaire.
«Mais nous sommes surpris du fait que la Hac s’est prononcée directement sur la suppression définitive de l’émission Carte sur table. Cela traduit l’hégémonie des 6 membres nommés par les politiques sur les 9 membres. La Hac a violé ses propres textes et son propre règlement intérieur. Au niveau de l’Union des clubs de la presse francophone (branche Mali), nous les appelons au bon sens. Nous souhaitons que nos aînés qui sont à la Hac essayent de revoir leur décision dans la liberté totale», a expliqué Kassim Traoré.
Notons qu’à la demande du maire de la commune VI, le gouverneur du district de Bamako a ordonné, il y a quelques jours, la fermeture de la radio Renouveau FM en vue de «préserver l’ordre public et la tranquillité dans le district de Bamako». Une décision qui viole allègrement le décret n° 2016-0626/P-RM du 25 août 2016 déterminant les conditions de mise en œuvre des sanctions non pénales prononcées par la Haute autorité de la communication (Hac).
Ce jour, il était 13 heures 31 minutes quand Abdoul Karim Traoré, huissier de justice, s’est présenté à la radio Renouveau FM, le jeudi 2 août 2018, avec une décision du gouverneur du district de Bamako ordonnant la fermeture de la station. Accompagné des policiers lourdement armés, il a scellé les portes de la radio.
Le gouverneur du district, le colonel Débérékoua Soara, justifie sa décision par un souci de préservation de l’ordre public et la tranquillité dans le district de Bamako. Il reproche à Renouveau FM d’avoir diffusé des propos incitant à la révolte et à la haine tenus par le chroniqueur Youssouf Mohamed Bathily dit Ras Bath dans la nuit du 31 juillet au 1er août. Aucun extrait de l’émission incriminée du chroniqueur n’était joint à la décision remise à la direction de la radio.
Rappelons aussi que, la semaine dernière, la presse, dans son ensemble, avait organisé un sit-in devant la primature pour exiger la réouverture de Renouveau FM. C’est ainsi que la Hac s’est saisie du dossier. Elle a décidé de sa réouverture mais en supprimant l’émission Carte sur table de Ras Bath. La direction de la Radio a refusé d’ouvrir la station en attendant d’analyser la décision de la suppression de l’émission Carte sur table.
Diango COULIBALY
Le Reporter