L’insécurité est loin d’être maîtrisée et les Maliens n’ont jamais autant souffert dans l’histoire de ce pays. Et aujourd’hui, on impute la léthargie administrative et le marasme économique au nouveau coronavirus. Quand l’Energie du Mali tombe dans ses travers, le DG index le coronavirus. Quand l’Etat est incapable de faire face à ses responsabilités, la faute incombe au Covid-19. Ce sacré virus a visiblement bon dos.
Finalement, est-ce qu’il y a eu un Mali d’avant le coronavirus ? Visiblement pour le pouvoir et ses laudateurs. Et pourtant, avant cette pandémie, rien ne marchait déjà au Mali. Comment pouvait-il en être autrement dans un pays où le Premier ministre vient de passer un an à la Primature sans aucune Déclaration de politique générale (DPG) devant l’Assemblée, donc exerce sa fonction en totale illégalité ?
Exercice démocratique inscrit dans la constitution, la DPG est le document sur la base duquel l’opinion nationale et nos partenaires peuvent juger aisément l’action gouvernementale. Sans doute que le COVID-19 a aussi empêché le PM de se soumettre à cet exercice démocratique et Républicain.
L’école a l’agonie, l’armée affaiblie par la délinquance financière
En tout cas, l’école publique est à l’agonie depuis deux années scolaires. Les forces armées sont toujours éprouvées par l’ennemi. Annoncé comme une volonté de rachat du pouvoir politique à l’égard de la grande muette et financé à près de 1 230 milliards de francs Cfa, la loi d’orientation et de programmation militaire (2015-2019) leur a peu profité à cause de la corruption et des détournements qui ont entaché les différents marchés. Ce qui fait que les équipements souvent acquis ont exposé nos forces sur le front au lieu de renforcer la puissance de feu de notre outil de défense.
Le centre se vide au profit de Bamako. Dans la région de Mopti, toutes les activités socioéconomiques (agriculture, pêche, élevage, commerce…) étaient à l’arrêt avant le Covid-19. Le chef de file de l’opposition fait aujourd’hui les frais de cette «insécurité résiduelle» (c’est l’expression de la Cour constitutionnelle de Manassa Danioko). Cela va faire bientôt deux mois (depuis le 25 mars 2020) qu’il est pris en otage et Dieu sait dans quel état de santé l’honorable Soumaïla Cissé se trouve aujourd’hui.
Près de deux mois entre les mains de ravisseurs inconnus, sourds et muets sans aucune preuve de vie, sans aucun signe de vie. Et cela dans des conditions sans doute difficiles et inacceptables. A part les discours circonstanciels et hypocrites, personne ne s’en émeut dans la République. C’est à peine si l’on se gêne de dire : c’est bien mérité pour lui !
République ? Le Mali d’IBK donne plutôt l’impression d’une jungle parce que nos dirigeants ont sacralisé le ridicule. Et pourtant, en donnant une seconde chance à IBK en 2018, les Maliens espéraient surtout voir un autre président, un vrai leader agissant comme celui qui n’a plus rien à perdre et qui est déterminé à laisser son nom dans l’histoire du Mali de façon positive. Nous rêvions de le voir secouer le cocotier des mauvaises pratiques de la corruption, de la délinquance financière… en faisant d’abord le ménage dans son entourage familial et politique.
Nous rêvions de revoir un vrai leader tenir tête aux faux amis du Mali qui ont juré d’obtenir la partition de notre pays comme récompense de leur soutien militaire. Nous espérions enfin retrouver l’homme de poigne qui fut Premier ministre de 1994 à 2000 et qui a «sauvé le régime» le régime d’Alpha Oumar Konaré qui est aussi celui qui lui a donné une carapace politique…
Le bluff devenu l’essence du discours politique
Hélas ! Vaine illusion ! Rien au monde ne pourra ressusciter cet homme. Il est devenu comme un devin qui a accidentellement perdu la mémoire, donc ses incantations… De septembre 2013 à nos jours, nous défions quiconque de nous montrer le seul projet que ce régime a mené à son terme, ce chantier ouvert qui a été inauguré dans les délais et qui fonctionne à hauteur de souhait ? Le bluff est devenu l’essence du discours politique. On aligne des chiffres faramineux, on monte des projets ambitieux pour donner de faux espoirs au peuple, endormir sa méfiance… détourner son regard pour mieux s’occuper du vrai agenda de bord du régime : la mise e œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation (APR), autrement la partition du Mali.
«Le gouvernement du Mali aussi n’a qu’un agenda : le bonheur et le confort du peuple, de notre peuple. Il n’y dérogera pas», a juré le Premier ministre Boubou Cissé (qui a été à bonne école), dans son allocution du samedi 9 mai 2020. Et pourtant, la réalité le contredit de façon flagrante. La réalité est que notre pays ne cesse de régresser. La preuve, le manque d’eau et d’électricité, la détérioration de l’Etat des routes; un système sanitaire défaillant ; l’Ecole en mode échec ; la malnutrition, la pauvreté de la masse, l’insécurité, la corruption… Autant de maux et de difficultés qui font que la vie du Malien lambda est passée du calvaire à l’enfer.
En réalité la mise en œuvre intégrale de l’Accord pour la paix et la réconciliation nationale est le seul vrai «projet de société» qui préoccupe le président de la République. C’est le gage qu’il semble avoir donné à la communauté internationale pour cautionner son élection et sa réélection. Et pour parvenir à ses fins, il est prêt à mettre le Mali sans dessus dessous !
C’est pourquoi, aujourd’hui, le pouvoir est déterminé à museler les Maliens par la terreur, la répression féroce. Ce qui s’est passé à Sikasso le jeudi 07 mai 2020 (les forces de sécurité ont tiré à balles réelles sur des manifestants blessant grièvement trois personnes qui ont entre 13 et 20 ans) doit être considéré par l’opinion nationale et internationale comme un test.
Si cet acte n’est pas fermement condamné, il faudra s’attendre à pire dans les mois à venir, surtout quand IBK va commencer à nous faire avaler ses reformes qui n’augurent rien de bon pour ce pays.
Mais, qu’IBK et son clan sachent surtout l’adage qui dit que, «on ne cache pas la fumée d’une maison qui brûle» ! Et Abraham Lincoln a pourtant averti depuis des décennies : «On peut tromper une partie du peuple tout le temps et tout le peuple une partie du temps, mais on ne peut pas tromper tout le peuple tout le temps» !
En tout cas, même si les «Maliens ont du ressort», ils ne sont plus dupes de la démagogie politique. Et personne ne pourra longtemps diriger ce peuple comme un berger conduisant un troupeau vendu à l’abattoir. Conscient qu’il faut aujourd’hui plus qu’un changement, le peuple malien prendra un jour son destin en main, guidé par un vrai leader dont la seule ambition est de relever le pays et le hisser sur la voie de la vraie démocratie et de l’émergence !
Hamady Tamba