Mesdames et Messieurs les Chefs d’Etats africains de l’Afrique;
Messieurs les Rois des différents royaumes d’Afrique ;
Mesdames et Messieurs les Présidents des différentes organisations politiques et économiques sous-régionales de l’Afrique ;
Monsieur le Président en exercice de l’Union Africaine ;
Mesdames et Messieurs les Présidents des différentes institutions de l’Union Africaine ;
Mesdames et Mesdames ;
Je viens par la présente lettre vous faire part de mon regret par rapport à la gestion de la crise migratoire qui sévit en Libye, au Maroc et dans d’autres localités de l’Afrique.
Mesdames et Messieurs, notre continent a souffert et elle continue de souffrir de tous les maux qui, parfois, ont du mal à avoir un qualificatif vu leur atrocité. Nous avons vécu l’esclavage à travers la traite négrière qui constituait une manne pétrolière pour les Européens. Nous avons vécu la colonisation qui a réussi quelque part à nous déraciner de nos cultures et de nos langues. L’acculturation mine toujours. Nous continuons à subir mais sous d’autres formes inventées par l’occident afin d’asseoir son hégémonie avec la complicité de certains dirigeants africains.
Mesdames et Mesdames ;
Famine, guerre, conflit armé, guerre ethnique, crise postélectorale, changement de constitution, épidémie, grève sont des terminologies qui enrichissent le dictionnaire du vocabulaire africain. Considéré par les autres comme l’homme incapable et qu’il faut toujours secourir et assister, l’Africain continue à subir au 21ième siècle les atrocités montées de toutes pièces par ses semblables. Même ceux avec qui nous partageons la même confession religieuse pensent qu’ils valent mieux que nous.
Mesdames et Mesdames, chers dirigeants ;
Ce qui se passe sur la méditerranée ne doit être l’objet d’un étonnement. Il n’est ni un acte isolé ni un hasard, vous savez plus que moi. L’heure n’est plus aux déclarations fâcheuses, aux condamnations verbales et aux représailles (crise entre états, noyade des hommes, des femmes, des enfants dans la mer). Il vous revient en tant que dirigeants Africains d’Afrique de diriger et de coordonner les gestions en Afrique. En Afrique, c’est la jeunesse désœuvrée et les femmes martyrisées. La pauvreté fait rage, les problèmes de santé sont récurrents, les grèves au niveau des institutions éducatives sont fréquentes. Je ne dis pas qu’il est temps de se ressaisir, ce temps est révolu mais peut être rattrapé.
Nous sommes un continent envié et malaimé ; les uns et les autres profitent de nos biens matériels en ne voulant pas que nous nous développions.
Mesdames et Messieurs, chers dirigeants,
L’Union Africaine doit mériter son titre, toutes les autres organisations doivent mériter leurs titres. Il y a trop de figuration en leadership plus que les actions pour un avenir meilleur. Les petites actions ne doivent pas être considérées comme des prouesses. Il y a beaucoup à faire en Afrique. On ne peut jamais s’unir avec des intentions communes et rester en arrière ou être incapables d’être nous-mêmes. La population africaine est jeune. Il y a les voies et moyens pour que l’Afrique aille loin, pour que la voix de l’Afrique puisse être entendue partout au monde ; par ailleurs si chacun pense qu’il peut apporter sa contribution à ce continent sans les autres frères et sœurs africains, soyez sûrs que l’Afrique attendra pendant longtemps.
Il faut le dire haut et fort, l’Afrique est minée par la mauvaise gestion de ses biens matériels, ce qui constitue la cause majeure des crises à répétition sur le continent.
On peut bel et bien dire que les libyens maltraitent leurs frères et sœurs africains, que les migrants sont maltraités au Maroc, on peut ouvrir des enquêtes, arrêter des coupables, mais ce qu’il y avait lieu de faire était de saisir l’opportunité en 2011 en soutenant Mouammar Kadhafi afin que nous puissions placer les jalons de l’indépendance. Je salue de passage le président Sud-Africain Jacob Zuma qui avait soutenu ouvertement Kadhafi.
Mesdames et Mesdames, chers dirigeants,
Il faut savoir que les libyens regrettent fortement ce que leur pays vit. « On ne reconnait un bonheur que lorsqu’on l’a perdu », dit-on. En ce qui concerne la Libye, ce peuple libyen cherche une solution à son problème mais le coup est parti, certains d’entre eux ont choisi de devenir des terroristes, des bandits armés et des trafiquants. D’autres pensent qu’il faut maltraiter les noirs. Tout cela ne devait pas arriver si l’Afrique était soudée. Le Mali n’a pas échappé à la conséquence de la guerre en Libye.
La majeure partie des jeunes qui prennent le chemin de l’immigration pensent qu’ils sont déjà morts chez eux, donc il faut aller chercher ailleurs même si on y reste. Ils savent très bien qu’il y a la mort sur le chemin, pourquoi s’entêtent-ils à partir ?
Quand on pense qu’on est déjà mort chez soi, il vaut mieux aller mourir ailleurs.
Deux maux détruisent l’Africain : l’argent et le pouvoir. Tenez vous bien, des systèmes se mettent en place pour détruire l’Afrique, pour rendre inefficace sa jeunesse avec des distractions inutiles et le sexe, des femmes sont dévalorisées voire instrumentalisées, mal éduquées. Oui, il faut promouvoir les femmes, mais que cette promotion se fasse loin de l’instrumentalisation. Si nous-mêmes, nous participons à notre destruction, comment voulez-vous qu’on puisse voir un jour meilleur ? On ne cesse de le dire : les africains sont les premiers coupables de leur malheur.
Mesdames et Messieurs ; chers dirigeants,
L’Afrique est noire, arabe, française, anglaise, portugaise, italienne, belge, etc., tout cela est un défi à relever, pour la simple raison que chaque peuple est en quelque sorte lié à un pays colonisateur comme la France qui est collée aux pays qu’elle a colonisés. L’Afrique ne va jamais se retrouver tant que la personnalité de l’africain est mise à sac. L’assistanat n’est pas le développement. Ce sont les valeurs humaines qui font un peuple, ensuite viennent les valeurs matérielles.
Mesdames et Messieurs ; chers dirigeants,
Nous avons la possibilité de faire de l’Afrique ce qu’elle doit être. Nous avons les compétences intellectuelles pour faire plus que les autres. Nous pouvons le faire, nous le faisons mais à un rythme qui n’honore pas. Les injonctions de ceux qui disent qu’ils ont des stratégies de développement sont celles qui mettent l’Afrique en retard. Ceux qui pensent qu’ils nous aident n’en ont pas, comment vont-ils le faire ? Ils ont des desseins cachés tout en faisant croire à l’Africain qu’il ne peut pas sans eux. Regardez toute cette masse populaire qui pense que le bonheur, c’est en Europe, aux USA, etc.
Il faut dépasser les faiblesses liées au pouvoir et à l’argent par une éducation de qualité bâtie sur les réalités africaines et non sur les injonctions extérieures. Je ne suis pas un expert en économie, mais je pense qu’un système économique à l’africaine fera les affaires. Comment voulez-vous que le jeune africain ne se retrouve pas sur le chemin de l’immigration si celui-ci ne se retrouve dans l’éducation à laquelle il est soumis ? On ne devient pas ce qu’on doit être avec des personnalités importées. Nous sommes le continent qui a tant souffert. Le temps est passé, il faut se rattraper, il faut apprendre de l’histoire et arrêter de regretter le passé. Modibo Keita, Thomas Sankara, Patrick Lumumba, Mouammar Kadhafi et beaucoup d’autres sont des regrets du passé.
Mesdames et Mesdames ; chers dirigeants,
Une jeunesse désœuvrée, c’est le terrorisme, la pauvreté, les distractions inutiles, les épidémies. Si nous pensons que c’est l’Europe qui va nous aider à développer notre continent, disons plutôt au revoir à ce développement car ça n’arrivera jamais, on tentera de construire pour détruire. Oui, on peut être appuyé, mais notre développement passe d’abord par nous-mêmes avec des ressources humaines de qualité, ensuite viendront les autres formes de développement. L’intégration africaine ne doit plus être sur papier mais dans les actes. C’est une honte quand l’Union Africaine est financée par l’Union Européenne.
Cette question d’immigration n’a jamais été répondue avec sincérité. La bonne réponse est de créer des opportunités en Afrique, ce qui permettra aux jeunes africains de rester en Afrique. Il est tant que nos dirigeants arrêtent le complexe d’infériorité et de redonner la confiance au peuple africain.
J’ai été assez long et j’espère que ce message aura un impact positif sur les cœurs de nos dirigeants de notre continent. Je ne suis que ce jeune africain qui espère.
Mesdames et Mesdames ; chers dirigeants, espérant sur votre bonne compréhension de la présente lettre, veuillez accepter mes salutations des plus sincères.
Yacouba Dao
La rédaction