Face à un bilan désastreux sur fond de grognes populaires répétitives, Mandé Mansa tient à se redonner une nouvelle virginité politique en se victimisant auprès des Maliens à qui il doit impérativement des comptes. De ce fait, IBK, sans gêne, critique ses anciens Ministres et collaborateurs dès que l’occasion se présente. Mais le retour ne se fait pas attendre, du berger à la bergère, ses alliées d’hier lui répondent à leur tour.
Échangeur de Ségou, quelques tronçons de route, 6000 logements sociaux onctueux réalisés sur 50.000 promis, le nouveau pont en chantier à Kayes, quoi d’autre ? En somme, un bilan mitigé. Face au lourd défi qui est d’exposer son bilan délabré et langoureux aux Maliens après tant d’autres promesses poussiéreuses depuis 2013, Mandé Massa croit à un nouveau système «Inchallah» pour se faire yeux clairs ; se comporter en victime d’une trahison de ses anciens Ministres et alliées. Pas un, pas deux, mais une dizaine ont tous tourné les talons. Oumar Tatam Ly, Moussa Marra, Mohamed Aly Bathily, Mountaga Tall, Aliou Boubacar Diallo de Wassoul’or, Moussa Sinko Coulibaly, Dramane Dembélé, Kalifa Sanogo, Racine Thiam, Modibo Koné, Mamadou Igor Diarra, pour ne citer que ceux-ci. C’est quand même beaucoup…Est-ce une manière pour lui de solliciter une deuxième chance auprès de son peuple, après la première ratée ?
Pour rappel, dans tous les pays dits démocratiques, le Président sortant compte sur son bilan s’il se représente pour un nouveau mandat. Un grand atout pour être réélu. Ainsi, Alpha Oumar Konaré et Amadou Toumani Touré ont pu réaliser deux mandats par la confiance dont ils ont, tous deux, bénéficié auprès des Maliens à l’issue de leurs premiers quinquennats. Mais, pour le cas d’IBK, à quelques encablures de la fin de son premier mandat, pourtant élu avec un record sans précédent de 77,61% en 2013, le Malien lambda ,qui espérait dire « Bravo Mandé Massa » en lui restituant la clé de Koulouba, assiste aujourd’hui à une scène désespérante. Le Président, dit prométhéen par Sabati 2012, et ses anciens Ministres se critiquent à la place publique pour infidélité et affairisme. Une brèche profonde dans la coque du bateau. Qui aurait cru une telle fin de quinquennat après tant d’engagements par Kan kelen tigui ?
Désespoir total
Depuis la dernière visite de la Convention de la Majorité Présidentielle à Koulouba, pour appeler IBK à se déclarer candidat au nom de sa famille politique RPM, Ladji Bourama s’est converti en Président « victimisé » et «clasheur ». Et cela, en rappelant les ex-membres de la CMP au devoir moral à son endroit qui consiste, après chaque repas, à dire au père de famille « A bari ka boua », et, aller ensuite faire la vaisselle. En ses termes il dira: «beaucoup accourent quand le plat est servi, mangent à satiété et, de peur d’avoir à participer à la vaisselle, bien rassasiés, se retirent piteusement», a-t-il ironisé à l’adresse de Mountaga Tall, Moussa Sinko Coulibaly, Mohamed Aly Bathily et tant d’autres.
Que se passait-il au sommet de l’État ?
De toute évidence, ces critiques n’honorent point un chef d’État. En analysant toutes ces propos tenus par notre Président, on sent de loin l’odeur de la magouille et du passe-droit nocifs dans la gestion des affaires du pays dont ils étaient tous appelés à la rescousse après les évènements de mars 2012 qui ont fait chuté le régime d’Amadou Toumani Touré .
En plus, comme pour exposer la boulimie, l’infidélité et la responsabilité de certains bouffeurs du «gros gâteau», IBK, en louant Mamadou Hachim Koumaré, ancien Ministre, natif de Ségou, a relancé indirectement les mêmes critiques à ses anciens amis, aujourd’hui candidats contre lui.
Pour lui répondre, Me Mountaga Tall, qui a piétiné des tapis rouges de plusieurs Départements ministériels, n’a pas hésité à répliquer en déclarant dans une vidéo récemment diffusée sur les réseaux sociaux qu’il n’a pas l’obligation de faire la vaisselle pour IBK. Car, lui, aussi, ne l’a pas faite pour Alpha Oumar Konaré qui l’a nommé Premier Ministre pendant 6 ans, et à ATT aussi : « …Au moment où j’avais pensé venir dans un Gouvernement pour aider mon pays à sortir de la crise, lui, IBK, pensait à un partage de gâteau. Ce qui porte à croire qu’IBK nous avait invités à prendre notre part du gâteau national et à nous faire taire à jamais », s’est-il insurgé. Cependant, le clou du hic dans cette histoire de « vaisselle » est que ces mêmes personnes nous montraient que tout allait bien pour le Mali lorsqu’elles étaient autour de la ruche.
Il semble que Mandé Massa n’a pas encore fini de mettre ses détracteurs à leur place. Pour mieux boxer le fondateur du slogan « Boua Ka Bla », le chroniqueur Mohamed Youssouf Bathily qui a fait plus de 200 meetings à l’intérieur et à l’extérieur du pays pour « Tout sauf Boua en 2018 », le châtelain de Sebenincoro, lors de son dernier passage à Kangaba pour la 14e édition de la journée paysanne, le 24 mai dernier, a donné des coups de poing aux Bathily fils et père (ancien Ministre de la Justice puis des Domaine et de l’Habitat). Selon IBK: «Boua ta blamachi fa ka a ta. Allah y’a don Boua guaridjika la ka chaman fa kè fen yé », s’est-il indigné. (NDLR : Boua ne va pas lâcher au profit du papa d’un autre. C’est à travers Boua que les papas de certains sont devenus aisés). Un soir de mandat mouvementé par des contre-attaques verbales des cadres de la République, le Malien n’aurait plus besoin d’autres choses pour comprendre qui dirigeait ce pays.
Et c’est pour répondre à ces critiques que son ancien Ministre Mohamed Aly Bathily a aussi répliqué dans une vidéo faisant le tour des réseaux sociaux le weekend dernier : «Que le Président aille faire la vaisselle avec ceux qui l’ont aidé à manger le gâteau. Je ne suis pas entré au Gouvernement pour manger le gâteau».
Attendons voir la réaction d’IBK. Quelle nouvelle attaque réservera-t-il à cette réplique de son ancien l’Ex-ministre Bathily.
Seydou Konaté : LE COMBAT