Après son refus catégorique d’entrer dans le gouvernement, le M5-RFP vient de s’arroger un nombre important de ministères. Son ancien porte-parole non moins actuel Premier ministre, Choguel Kokalla Maïga en a décidé ainsi. Ce nouvel attelage rendu public ce vendredi 11 juin 2021 a été observée, à la loupe par les observateurs avisés du landernau politique malien.
Si la junte s’est arrogé la part du lion en occupant les départements bien viandés, Choguel Kokalla Maïga aussi a posé ses compagnons de lutte aux portefeuilles assez-bien viandés. Et les autres viennent comme des bouche-trous. Le M5-RFP étant une association de groupements, d’associations de la société civile, chacun serait dans l’attente d’une récompense significative. Mais pour l’instant les partis phares ne sont pas restés sur le quai de ce nouveau gouvernement.
Ainsi dans ce nouveau bateau, le capitaine Maïga a placé Ibrahim Ikassa Maïga au ministère de la Refondation de l’Etat, chargé des Relations avec les Institutions. Il est de l’Union pour la République et la Démocratie (URD). Encore un autre choix est fait dans le même parti pour le département du Travail, de la Fonction publique et du Dialogue social. Il s’agit de Diawara Aoua Paul Diallo.
Une cheffe syndicaliste ayant pris part à la lutte, Sidibé Dédéou Ousmane occupe le portefeuille de l’Education nationale. A l’Entrepreneuriat national, l’Emploi et la Formation professionnelle, se trouve Bakary Doumbia du Forum des organisations de la société civile (Fosc). Bréhima Kamera du Congrès national d’initiative démocratique (Cnid) s’égaie au ministère de l’Urbanisme, de l’Habitat, des Domaines, de l’Aménagement du territoire et de la Population. Celui de l’Environnement, de l’Assainissement et du Développement durable revient à Modibo Koné du Mouvement Mali Kanu (MMK).
Il ne pouvait pas sortir les mains vides de ce partage même s’il fallait obligatoirement dépasser les 25 ministères. Pour jeter la poudre aux yeux des Maliens, il a fallu au Premier ministre Maïga de rallonger un tout petit peu la liste en nommant 3 ministres délégués. Parmi ceux-ci, figure l’imam prieur à la place de l’Indépendance aux premières heures du combat contre le régime défunt d’Ibrahim Boubacar Kéita. Il est ministre délégué auprès du ministère de la Santé. Il s’agit de l’imam Oumarou Diarra du Mouvement patriotique pour la justice (MPJ-Faso Yelen). Il a en charge l’Action humanitaire.
La fameuse liste de départements ministériels avec laquelle le M5-RFP se gargarise se ferme avec Wadidié Founé Coulibaly des Fare An ka Wuli. Elle dépose sa valise au ministère en charge de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille. Ce changement de tête dans ce département est favorable à la requête de Nioro qui n’avait pas digéré la présence de Bintou Founè Samaké. Elle dépoussiérait souvent la sulfureuse loi portant sur le genre. La ministre Wadidié est donc avertie au préalable. Fatoumata Dicko de l’Association pour le Mali (APM) de Mohamed Ali Bathily est ministre déléguée auprès du Premier ministre.
Comme les maçons, le Premier ministre Maïga et son équipe sont maintenant au pied du mur. Cela, pour couler le Mali dans le moule de la refondation tant chantée depuis le port du M5-RFP sur les fonts baptismaux. Ayant donc en leur possession le cheval et le terrain, il ne leur reste qu’à convaincre le peuple malien en travaillant dur et loyalement. La montagne ne doit pas accoucher d’une souris.
Bazoumana KANE