Régime matrimonial le plus répandu et beaucoup considéré dans notre société, la polygamie est prévue par le code de mariage malien. Pourtant, le constat est qu’elle est sujette à de nombreux tracas et elle n’est surtout pas du goût de nombreuses femmes.
A Bamako, une ville assez peuplée avec une diversité culturelle et religieuse. Ici, les pratiques se font sentir par les habitants parce qu’y convergent des habitants d’autres régions, de nombreux villageois, donc de cultures diverses et différentes. Certains observent fermement les traditions. Dans notre capitale, se vit aussi la polygamie, c’est-à-dire des foyers où le chef est marié à plus d’une femme.
C’est une pratique ancestrale et admise par l’Islam qui limite par contre le nombre d’épouses à quatre. A condition bien sûr de les traiter sur un pied d’égalité. Pourquoi les hommes sont tentés de prendre plusieurs épouses ? Une question pertinente d’autant plus que la polygamie est de plus en plus la source de plusieurs maux qui entraînent la dislocation des familles ou y détruit la bonne ambiance.
Elle a une très grande importance dans notre société avec des avantages d’ordre socio-économique et une procréation qui offre une main d’œuvre au foyer. Et si les relations sont bien entretenues la cohabitation assure l’harmonie dans la famille.
Par ailleurs, nombre de familles polygamiques rencontrent en leur sein des difficultés avec des épouses qui sont toujours à couteaux tirés lorsqu’elles cohabitent. Quid des enfants des foyers polygamiques ! Les situations auxquelles ils font face sont à prendre en compte. «Ceci est une tradition chez nous et du côté religieux aussi, prendre plusieurs femmes est une façon de ne pas se laisser aller à la déperdition. Il nous faut être réaliste également car cela n’est pas sans conséquences. Au cas où cela ne marche pas, le chef de famille risque d’exposer toute la famille à des situations pouvant facilement tourner à des drames. Et ce sont surtout les enfants qui souffrent le plus», souligne. M. Camara.
Les enfants sont l’espoir ! A condition qu’ils aient une bonne mentalité, qu’ils soient tenus loin des frustrations et qu’ils s’épanouissent dans un climat apaisé. Une sérénité loin d’être acquise dans les foyers de polygames. «Déjà avant mon père était très sévère. Mais, depuis qu’il a épousé une autre femme qui cohabite avec nous à la maison, il est devenu une toute autre personne. Il trouve toute occasion pour nous rabaisser, insulter, nous mettre même dehors», témoigne un jeune sous couvert de l’anonymat.
«J’ai été contrainte de laisser ma propre famille et s’il n’y avait pas eu une main tendue, j’aurai pu sombrer dans la prostitution», confesse une jeune fille. «Mon frère est devenu un aigri social, il erre dans les quartiers abonné aux excitants. La maman a chaque fois ses bagages à la porte. Mais, elle préfère rester pour ses enfants. Les cris et les sautes d’humeur de notre belle mère font que l’atmosphère était devenue insupportable en famille», déplore-t-elle.
Et ils sont nombreux ces jeunes qui vivent dans des situations pareilles. «La famille est l’entité la plus importante, son harmonie et sa stabilité ne doivent pas être prises à la légère… Les temps ont changé mettant en évidence d’autres réalités», souligne un sociologue. «C’est normal que nous soyons aujourd’hui confrontés à de telles situations car pour que règne la stabilité dans le foyer il faut que chacun connaisse sa place et agisse en conséquence. Le chef de famille doit surtout prendre toute sa responsabilité», conseille Mme Kané.
Le quotidien de ses jeunes laisse entrevoir que la polygamie n’est pas que bénéfique sans une grande collaboration entre les membres de la famille, sans un désir réel de vivre ensemble ! Mais malgré tout, la polygamie a de beaux jours devant elle au Mali !
Aïchata Fall Stagiaire
LE MATIN