Inculpé et placé sous mandat de dépôt par le premier cabinet du Tribunal de Grande Instance de la Commune III du District de Bamako, dans l’affaire dite “des évènements des 10, 11 et 12 juillet 2020”, intervenues lors des manifestations organisées par le M5-RFP, le commissaire divisionnaire Oumar Samaké, chef de la FORSAT de l’unité de police, est aussitôt libéré de la MCA. Non pas par effet d’annulation du mandat de dépôt décerné, mais grâce à l’insurrection d’un groupe d’agents de sécurité lourdement armés. Si le pire – notamment un affrontement a été évité grâce à la retenue des gardiens de la MCA -, la situation a provoqué la colère des syndicats des magistrats SAM et SYLIMA ainsi que de l’association Malienne des Droits de l’Homme (AMDH), qui réclament respectivement son retour en détention et des sanctions exemplaires aux auteurs du trouble ayant occasionné son évasion.
En effet, dans un communiqué conjoint, les deux syndicats de magistrats expriment leur stupéfaction devant ce qu’ils qualifient de rébellion et d’orchestration d’évasion à la MCA. Il s’agit de l’extraction extrajudiciaire d’Oumar Samaké inculpé et placé en détention par un magistrat instructeur.
Tout en condamnant ces agissements, qu’ils jugent par ailleurs illégaux et intolérables, les syndicats des juges rappellent les principes d’Etat de droit et d’égalité des sujets de droit indépendamment de «leurs titres, grades ou qualités».
Se disant décidés à faire respecter leur indépendance, les magistrats ont également exigé le retour sans délai du commandant de la FORSAT à la MA de Bamako-Coura, une demande adressée notamment au pouvoir exécutif auquel ils rappelant en’ même temps ses missions constitutionnelles d’exécution des lois ainsi que des décisions de Justice.
Les deux syndicats menacent de ne céder ni au chantage ni à l’intimidation encore moins à une quelconque forme de manipulation et, faute d’actions vigoureuses et vérifiables dans les meilleurs délais contre les auteurs et complices de cette rébellion, préviennent d’en tirer les conséquences par des actions syndicales dissuasives pour vaincre toute forme d’atteinte à l’autorité et à l’indépendance du pouvoir judiciaire.
Quant à l’Association Malienne des Droits de l’Homme (AMDH) de Moctar Mariko, elle a condamné la révolte des policiers qui, à ses yeux, porte atteinte à la démocratie et à l’Etat de droit. Invitant les plus hautes autorités à s’assumer, l’AMDH les exhorte à prendre des mesures proportionnelles à l’acte posé et plaide pour une restauration de la décision de justice ainsi que des sanctions exemplaires contre des personnes impliquées.
Amidou Keita
Source : Le Témoin