Selon les conclusions des débats organisés par l’Observatoire citoyen sur la gouvernance et la sécurité (OCGS), les considérations culturelles fondées sur les classes sociales ancestrales, faisant de certains Maliens des esclaves par ascendance, indignent de nombreuses populations qui élèvent la voix contre cette pratique.
La pratique de l’esclavage par ascendance perdure au Mali. Elle suscite la révolte des opprimés et l’indignation des défenseurs des droits humains, qui plaident pour la criminalisation de ce que d’autres considèrent comme une « tradition ». C’est une grande menace contre le vivre-ensemble.
Déni
Les récents incidents survenus dans plusieurs localités des régions de Kayes et de Koulikoro, opposant ceux appartenant à la catégorie des « nobles » et militants contre l’esclavage par ascendance ont occasionné des blessés et des pertes en vies humaines. Et des milliers de personnes forcées de quitter leurs résidences. Les violences liées à l’esclavage par ascendance sont devenues fréquentes ces dernières années, en particulier dans la région Kayes.
L’activisme des militants contre la pratique et des défenseurs des droits humains a conduit, en 2016, à l’élaboration d’un avant-projet de loi la criminalisant. Le texte attend toujours dans les tiroirs faute de volonté politique. Mais aussi à cause du déni qui entoure la pratique au Mali.
Pourtant cet avant-projet avait suscité beaucoup d’espoir dans certains milieux désemparés et soumis à la pratique. La récente sortie du ministre de la Justice, Mamoudou Kassogué, invitant les procureurs à « engager une lutte implacable» contre la pratique, constitue une avancée relativement au déni de justice dont souffraient les victimes jusque-là. Le sujet a également été abordé lors des Assises nationales de la réfondation.
Droit de vie et de mort
L’article 1er de la Constitution malienne du 25 février 1992 dispose : « La personne humaine est sacrée et inviolable. Tout individu a droit à la vie, à la liberté, à la sécurité et à l’intégrité de sa personne. » Et l’article 2 renchérit : « Tous les Maliens naissent et demeurent libres et égaux en droits et en devoirs. Toute discrimination fondée sur l’origine sociale, la couleur, la langue, la race, le sexe, la religion et l’opinion politique est prohibée ».
Nonobstant ces dispositions juridiques, certains continuent de considérer leurs semblables comme leurs propriétés, sur lesquelles ils ont droit de vie et de mort.
Source : Benbere