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Entre Nous : Méfions-nous !

Le président de la République du Ghana, non moins président en exercice de la Conférence des chefs de l’Etat et du gouvernement de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), Nana Akufo-Addo, était à Bamako le 17 octobre dernier en compagnie de l’ancien président nigérian, Good Luck Jonathan, médiateur de l’organisation sous-régionale au Mali. Le dirigeant ghanéen a eu deux tête-à-tête avec le Colonel Assimi Goïta, président de la Transition.

 

Aucun communiqué officiel. Ni de la Cedeao. Ni de la présidence de la Transition. Ni du gouvernement dirigé par le Premier ministre, issu du Mouvement du 5 juin-Rassemblement des Forces patriotiques (M5-RFP). Il faut aller sur la page Facebook de la présidence de la République du Mali pour mieux appréhender. Le respect de la durée de la transition était le plat de résistance de cette visite du dirigeant ghanéen. Le président Nana Akufo-Addo est ferme sur le respect de la durée de la transition.

Une position soutenue par les présidents burkinabé et nigérien. Mohamed Bazoum a effectué une visite d’amitié et de travail les 17 et 18 octobre 2021 à Ouagadougou chez Roch Marc Christian Kaboré.  Le communiqué de presse sanctionnant cette visite, précise que « s’agissant en particulier du Mali pays voisin, les deux chefs d’Etat considèrent qu’aucun argument ne saurait servir de prétexte à la non tenue des élections à la date prévue ».

Ces positions des pays de la CEDEAO et de la communauté internationale sont perçues comme un diktat de l’extérieur par ceux qui soutiennent aujourd’hui mordicus la prorogation de la transition. Et pourtant dans un passé encore récent, ils étaient nombreux à soutenir que cette transition ne doit pas dépasser les dix-huit mois contenus dans la Charte de la Transition.  Dans ses dix mesures reparties en dix-sept points que le M5-RFP avait proposé au président Bah NDaw et au Premier ministre Moctar Ouane pour conditionner sa participation au gouvernement de transition, il était écrit noir sur blanc : « Respect de la durée de dix-huit mois pour la mise en œuvre des tâches prioritaires et celles qui ne seront pas exécutées dans le laps de temps devraient être transférées à des équipes plus légitimes, et ce en stricte conformité avec les conclusions et résolutions des Assises nationales de la Refondation à la mise en œuvre desquelles tous les acteurs politiques et de la société civile seraient préalablement engagés avant les élections générales.» Mieux, le 6 mai 2021 à Koulouba à la rencontre avec le président de la Transition Bah N’DAW, Dr Choguel Kokalla Maïga disait sans ambages : « …pour nous, cette transition doit durer dix-huit mois, pas plus… »

Et le chantre de la «colonélisation» de la transition, spécialistes des vidéos nocturnes pour fustiger une militarisation à outrage du processus de transition occupe le très confortable fauteuil du Premier ministre.

Peut-être, la gouvernance de rupture prônée par des responsables à la langue mielleuse ne s’accommode pas avec le respect de la parole d’honneur. Permettez-nous de nous méfier de cette race des «refondateurs» versatiles qui ne sont pas en mesure d’honorer leurs engagements. Car, la première brique de la refondation reste et demeure le respect de la parole d’honneur. Permettez-nous de nous méfier de ceux qui promettaient, le 19 août 2020, dans leur première déclaration télévisée, une transition civile avant de procéder à un revirement total. Permettez-nous de nous méfier des officiers qui ne sont pas en mesure d’honorer leurs paroles. Permettez-nous de nous méfier de ceux ou de celles qui n’ont pas le courage d’assumer une prorogation de la transition, sans passer par les Assises nationales de la refondation.

Le bras de fer en perspective avec la communauté internationale vise plutôt à satisfaire les intérêts d’un groupe de personnes qui ont réussi à prendre, depuis le 18 août 2020, le Mali en otage, à coup de propagandes et de manipulations.

Par Chiaka Doumbia

Source : Le Challenger

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