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Entre Nous : L’éléphant aux ‘’pieds’’ cassés

Les Assises nationales de la Refondation (ANR) ont démarré, le 11 décembre dernier, par la phase communale. Les ANR ont démarré dans une situation politique et sécuritaire extrêmement difficile. La semaine qui vient de s’achever a été dramatique sur le sol malien. Le massacre des forains de Songho, les assassinats de Tombouctou et de Doro, la mort des casques bleus togolais ont rappelé l’extrême cruauté des groupes radicaux. Au Plateau dogon, plusieurs passagers de car sont toujours retenus en otage par les groupes extrémistes. L’arrestation puis l’incarcération de Dr Oumar Mariko dans une procédure d’injures a fortement contribué à crisper une situation déjà tendue par des déclarations du Premier ministre Dr Choguel Kokalla Maïga.

 

Avant le démarrage des travaux des ANR, le président de la Transition, Colonel Assimi Goïta s’est adressé à la nation, le 09 décembre, dans une allocution radiotélévisée. Selon le chef de l’Etat, « les Assises nationales de la Refondation, qui s’engagent ce samedi 11 décembre et se terminent le jeudi 30 décembre 2021, sont une aubaine pour instaurer entre toutes les filles et tous les fils de ce pays un dialogue franc, direct et fécond, afin d’atténuer les querelles infécondes qui tendent à miner le processus de Transition en cours et nuire à l’espoir de renaissance du peuple malien, pourtant épris de paix et de justice, mais particulièrement attaché à ses valeurs ». « Les Assises nationales de la Refondation de l’État sont, par vocation, ouvertes au Peuple malien, donc au Mali profond, le Mali des paysans, des bergers, des artisans, des ouvriers, des ménagères, des personnes âgées, dépositaires de notre sagesse, des communicateurs traditionnels, gardiens de notre patrimoine culturel, des personnes déplacées ou réfugiées. Bref, le Mali de ceux qui souffrent le martyre en silence, le Mali des sans voix », a souligné le colonel Goïta dans son discours.

Quelques heures après ce discours présidentiel, le Cadre stratégique permanent (CSP) a publié, le 10 décembre depuis Ménaka, une déclaration relative à la tenue des Assises nationales de la Refondation (ANR). Le CSP regroupe en son sein l’essentiel des groupes armés signataires de l’accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger. « Les organisations membres du CSP en l’occurrence la CMA, la Plateforme et la CMI après plusieurs tentatives d’aboutir à un consensus politique avec les autorités de Transition autour du processus d’organisation d’Assises nationales consacrées à la Refondation du Mali, informent l’opinion nationale et internationale que l’approche d’organisation mise en place de façon unilatérale par le Gouvernement a exclu les mouvements signataires », peut-on lire dans cette déclaration signée par son Porte-parole, Moussa AG Acharatoumane. Le CSP, précise le texte, remarque également l’exclusion et la non prise en compte d’importants acteurs de la vie politique malienne malgré leur disponibilité à accompagner ces assises. « Au regard de ce qui précède le CSP déclare que les conclusions des Assises nationales de la Refondation sous leur forme actuelle ne sauraient nullement engager ses organisations membres », a annoncé le CSP.

Ce boycott du Cadre stratégique permanent qui vient renforcer la position tenue jusque-là par le Cadre d’échanges pour la réussite de la Transition fragilise davantage le président de la Transition et son gouvernement. Les ANR apparaissent comme cet éléphant aux pieds cassés. Ni le président de la Transition ni le Premier ministre n’ont réussi à rassembler les différentes composantes de la nation à prendre part à ces assises. La division est consommée. La capacité de l’équipe de Transition de tenir les assises sur l’ensemble du territoire national est désormais sujette à caution. Le gouvernement de Transition sera sans doute en difficulté pour faire comprendre que les résolutions des ANR reflètent les préoccupations des populations maliennes. Celles ou ceux qui rêvent à travers les ANR de proroger la transition de deux ou trois ans et d’engager la procédure de rédaction d’une nouvelle constitution doivent retrousser leurs manches pour des combats rudes.

Par Chiaka Doumbia

Source : Le Challenger

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