« Ensemble on peut tout réussir », c’est le thème 2021 de la journée mondiale des réfugiés. Au Mali, une rencontre a lieu autour de « l’insertion socio-économique des réfugiés en milieu urbain : rôles et responsabilités des partenaires et du secteur privé ». Cette problématique a fait l’objet d’une conférence-débat organisée par le Bureau-Mali de l’Agence Onusienne pour les réfugiés. C’était en partenariat avec l’Association malienne pour la solidarité et le développement (AMSODE), la Commission nationale chargée des réfugiés (CNCR) et l’Union des Réfugiés au Mali (URM).
Cette activité est organisée, au Mémorial Modibo Keïta, dans la journée du 18 juin, afin de permettre « aux réfugiés de prendre part à trois jours de festivité, de partage d’expériences et des leçons prises ». Le choix de la thématique de cette année, débattue en deux temps, en présence des acteurs et invités du secteur de finance et microfinance et des ONG, s’explique par les difficultés que rencontrent les réfugiés dans l’insertion socioprofessionnelle au Mali.
« Cette journée est l’expression de la solidarité de la Communauté internationale à l’égard d’autres personnes contraintes à l’exil pour échapper à la restitution de la normale des hommes », souligne le délégué de la Commission nationale chargée des réfugiés, Mohamed Lamine Touré, dans son discours d’ouverture de cette cérémonie. Pour lui, « le thème choisi cette année nous interpelle pour plus d’engagements en faveur des réfugiés [car] cet événement nous rappelle notre devoir envers toutes ces personnes qui n’ont aucun espoir, laissant [tout derrière eux], pour chercher l’asile ».
État des lieux ou difficultés rencontrées
Organisée en deux temps, la première partie de cette conférence-débat a été animée par le président de l’Association malienne pour la solidarité et le développement — Moussa Abba Diallo. Dans son exposé, il a commencé par définir, de façon interactive, des concepts clés tels qu’insertion socio-économique, activité génératrice de revenus (AGR) et formation professionnelle. Car, à l’en croire, « il est important que nous puissions nous mettre d’accord sur la définition des concepts que nous utilisons tous les jours ».
Ensuite, il a tenu à faire un état des lieux de l’insertion socio-professionnelle dans le contexte malien. La question de l’employabilité dans notre pays est, à ses yeux, un problème récurrent caractérisé par plusieurs facteurs. « Si l’on regarde maintenant sur le marché de l’emploi, on se rend compte qu’il est très difficile pour un Malien d’avoir un travail à plus forte raison un réfugié », constate Moussa Abba Diallo.
À ses dires, la non-maitrise de la langue locale, surtout du bambara qu’il considère comme langue commerciale, notamment à Bamako, est un handicap pour les réfugiés à pouvoir mener des activités génératrices de revenus à souhait. À cela s’ajoutent d’autres difficultés telles que la reconnaissance de la carte des réfugiés dans les structures de microfinance, ou d’autres structures locales, et les techniques de recherche d’emploi.
Actions menées et en vue
De son côté, Oumar Coulibaly, co-conférencier et chargé de livelihood à l’Amsode, a rappelé des actions menées cette année par leur ONG, avec l’appui de ses partenaires, à l’endroit des réfugiés. Parmi ces actions, on peut citer la facilitation d’accès à l’emploi, l’élaboration d’un nouveau mécanisme de financement, des sessions de sensibilisation et d’information auprès des différentes communautés et des vagues de formation entamées sur le processus d’élaboration et de distribution de financement.
« Pour cette période 2021, il était prévu de former cent réfugiés. Et nous avons formé, à ce jour, 150 réfugiés au lieu de 100 », se réjouit-il. Selon lui, d’autres actions sont prévues, comme l’accompagnement des réfugiés avant, pendant et après le financement, mais aussi le renforcement de leurs capacités dans l’alphabétisation des langues nationales.
Optimiste pour les réfugiés et leur capacité de résilience, le chargé de livelihood à l’ONG Omsode, Oumar Coulibaly, appelle à plus d’opportunités pour ces personnes — surtout que leur nombre ne cesse de s’accroître.
Partenariat pour mieux agir
« À ce jour, 80 millions de personnes réfugiées à travers le monde. Et 85 % de ces personnes vivent dans les pays sous-développés », cite le Chargé de livelihood du HCR-Mali — Siaka Bah. « Selon les chiffres du gouvernement du Mali, on dénombre aujourd’hui 47 milles 775 personnes réfugiées [dans le pays], 972 demandeurs d’asile, 372 milles 266 personnes déplacées internes et 84 milles 743 personnes rapatriées », rapporte-t-il à titre informatif.
Toujours selon Siaka Bah, l’autonomisation des réfugiés est, pour eux, aujourd’hui, la clé pour avoir des résultats en matière de réflexion et de protection. D’où le choix de la nécessité pour son organisation, dans sa nouvelle vision, d’aller vers le partenariat pour mieux agir ensemble.
Aussi, rappelle M. Lamine Touré du CNCR, dans sa contribution au débat, que le Mali n’est pas « un État providentiel [qui] offre des services gratuits comme dans d’autres pays parce qu’il est un pays pauvre ». « Mais le Mali, poursuit-il, fait plus que cela parce qu’il [leur] a donné une loi très généreuse. » Cette loi, en son article 13, à suivre ses explications, leur donne pratiquement les mêmes droits que les Maliens sauf le droit de voter.
Sagaïdou Bilal
Source: Sahel Tribune