L’écotourisme est une démarche touristique engagée en faveur du développement durable visant à préserver la biodiversité et les ressources culturelles d’une zone naturelle. La sensibilisation aux enjeux sociaux et environnementaux de toutes les parties prenantes est une donne essentielle.
Le concept, encore peu développé au Mali, y a néanmoins vécu quelque temps, avant de s’éteindre à petit feu, comme le tourisme lui-même depuis l’avènement de la crise. Pas moins de sept agences proposaient de découvrir le « Mali autrement », au-delà de la très célèbre Tombouctou ou d’autres sites touristiques faisant la renommée du pays à l’étranger. Voyager de manière responsable dans des sites naturels, tout en préservant l’environnement et le bien-être des populations locales, doivent être les crédos à respecter. Ancien guide ayant travaillé plusieurs années avec des touristes étrangers, Augustin Témé a lancé une agence de voyage qui prône l’écotourisme. Précurseur, à l’en croire, il souhaitait une « prise de conscience collective de la part des humains ». « Nous devons savoir que la terre ne nous appartient pas qu’à nous », milite-t-il. Ayant grandi dans un village entouré de forêts, il a vu cette flore détruite du fait de l’œuvre humaine. Feux de brousse, abattage d’arbres pour en faire du bois pour la cuisine ou pour construire des habitations, des comportements qui avaient des effets dominos sur les animaux et le cadre de vie. Durant les excursions organisées par son agence, point de conserves et interdiction formelle de jeter les emballages plastiques d’eaux minérales. « Si l’agence impose des interdits à ses clients, il s’y plient », assure-t-il. Des touristes écolo-responsables, qui, en plus de préserver la nature, mettent le développement durable au centre de leurs préoccupations. « Nous avons construit avec des touristes au moins 107 puits dans le pays dogon, dans des villages où il n’y avait pas d’eau. Les villageois, en échange, devaient s’engager à planter des arbres autour de ces puits », explique Augustin. Mais ce bel élan a pris du plomb dans l’aile, et ce bien avant la crise. En 2010, soit deux ans avant d’être embarqué dans cette très négative spirale, il a décidé de cesser ses activités, sans pour autant fermer son agence. Craignant d’éventuels enlèvements de ses clients, il préféra temporiser. Les autres agences furent obligées de faire de même, certaines mettant la clé sous la porte et d’autres réorientant leurs services vers la billetterie. « Personne n’ose organiser des voyages dans le pays dogon ou à Djenné, or ces deux destinations représentaient 90% des demandes touristiques ».
Projet court-circuité, projet en marche
En 2011, le gouvernement avait mis en route le plan d’actions pour une Stratégie nationale de développement de l’écotourisme. Il couvrait une période de 24 mois, de juillet 2011 à juin 2013. Une mise en œuvre très visiblement mise à mal par les vagues qui ont secoué le pays. Cette année, à l’occasion de la vingtième édition de la Quinzaine de l’environnement, le ministre de l’Environnement, de l’assainissement et du développement durable, Housseini Amion Guindo, en a profité pour s’imprégner de l’état d’avancement du projet de création d’un parc animalier au Mali. Porté par le service des Eaux et forêts, il vise non seulement à diversifier l’offre touristique dans notre pays, mais également à restaurer la faune et la flore des forêts classées du Mali, particulièrement celle de Tienfala. La forêt de Tienfala, située à 34 km de Bamako, classée en 1939 et dotée d’une superficie de 3 000 hectares, s’étend du fleuve Niger au sud aux Monts mandingues au nord. Le projet vise à doter le pays d’un parc animalier et d’en faire une destination éco touristique. Sa mise en œuvre a été retardée par les agressions foncières qui menacent l’existence même de cette forêt. En visite sur le terrain, le ministre a affirmé la détermination du gouvernement à sévir contre les auteurs de cette situation. Selon la cellule communication du département de l’Environnement, plus de 200 animaux, actuellement à Dakar, sont en attente d’être transférés vers le Mali. En outre, elle affirme qu’avec l’implication des services des Eaux et forêts plusieurs campagnes de sensibilisation ont été menées auprès des populations riveraines et des chasseurs, en vue d’obtenir leur adhésion à ce projet, dont ils peuvent tirer profit avec un tourisme de vision, l’écotourisme.