Le gouvernement ne se reconnait pas dans la démarche et les initiatives du représentant du chef de l’Etat pour le Centre. Du moins qu’à une possibilité d’établir un contact avec les terroristes maliens. Longtemps attendu après sa nomination à ce poste, Dioncounda Traoré, qui s’est montré très avare en sorties médiatiques, a confié à la presse la semaine dernière que pour ramener la paix dans cette partie du pays conformément à sa mission, qu’il est prêt à discuter avec Iyad Ag Ghaly, Amadou Kouffa et même ceux qui, selon lui, tirent les ficelles. Le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Tiébilé Dramé ne s’est pas fait prier pour lui répondre. Selon lui, les propos de Dioncounda Traoré n’engage que lui et non le gouvernement malien. Cette réplique a sonné comme un désaveu et un camouflet pour le représentant du chef de l’Etat.
Un quiproquo qui cache mal le malaise qui règne entre les deux parties. Le gouvernement a-t-il un agenda différent de celui du représentant du président de la République? Seraient tenter de demander les observateurs. Touché dans son amour propre, Dioncounda Traoré va-t-il écourter sa mission ? Voilà une autre question qui anime les débats.
Les missions confiées à Dioncounda Traoré
L’homme dans sa logique, il avait carte blanche pour prendre des initiatives et toutes les initiatives tendant à ramener la paix dans le Centre, conformément aux dix missions à lui confier par son mandant à savoir : Favoriser et soutenir le redéploiement des Forces de défense et de sécurité dans les Régions du Centre ; Faire désarmer toutes les milices et forces hostiles ; Elaborer et mettre en œuvre une stratégie globale axée sur la protection des civiles menacés par des violences physiques et la réduction des violences intercommunautaires ; Contribuer au rétablissement des services sociaux de base ; Veiller à ce que les responsables des violations des droits de la personne et d’atteinte à ses droits ainsi de violations du droit international humanitaire aient à répondre de leurs actes et soient traduits en justice ; Assurer le suivi du sort réservé aux crimes perpétrés à Koulongo, Ogossagou et Sobane Da ainsi que d’autres crimes semblables commis au Centre du pays ; Faciliter les échanges intra-communautaires et de contribuer au rapprochement des points de vue à la lumière de l’intérêt exclusif du peuple malien ; Contribuer à l’instauration et au maintien d’un climat de confiance entre toutes les communautés et entre ces communautés et l’Etat ; Contribuer à rétablir les activités économiques du Centre, sécuriser les travaux agro-sylvo-pastoraux et promouvoir l’investissement productif ; Faire un plaidoyer pour la mobilisation des ressources financières en faveur du développement.
Au regard du point sept de sa feuille de route, Dioncounda Traoré semble être sur le bon chemin. Dans la mesure où il lui est demandé de « Faciliter les échanges intra-communautaires et de contribuer au rapprochement des points de vue à la lumière de l’intérêt exclusif du peuple malien.» Rapprocher des points de vue entre qui et qui ? Une autre question qui prête à interprétation.
Alors plusieurs hypothèses sont envisageables. Soit le gouvernement a fait un rétropédalage dans sa dynamique de ramener la paix, soit c’est une technique pour ne pas attirer l’attention de la France dont la position est connue sur cette question. Ou encore, Dioncounda a mal interprété sa feuille de route ou a surestimé les limites de sa mission.
Dans tous les cas de figure, il y a eu un court-circuit entre les deux camps. Il faut maintenant clarifier les positions des uns et des autres sur ce que le représentant du chef de l’Etat peut dire ou ne peut pas dire et ce qu’il peut entreprendre ou pas. Sinon à cette allure, il y a de l’eau dans le gaz. Et l’accalmie dans cette zone n’est pas pour demain.
Dieu veille !
Harber MAIGA
Source: Journal Azalaï Express- Mali