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Des démocraties sans démocrates

La démocratie constitue de nos jours le régime le plus répandu dans le monde. Mais nous n’assistons qu’à des violations graves  contre les droits des citoyens. La liberté qui se trouve au centre des principes démocratiques est gravement atteinte de telle sorte que nous nous demandons si les démocraties modernes ne manquent pas de démocrates.

Les principes fondamentaux de la démocratie sont la liberté d’expression, de culte, de mouvement, l’égalité et la justice, l’impartialité des tribunaux, la division du pouvoir, etc. Des principes ayant pour objectifs spécifiques le bonheur de tous les citoyens. Des citoyens autour desquels toutes les actions tournent puisque législateur et acteur des lois démocratiques. Ce n’est pas pour rien qu’Abraham Lincoln a défini la démocratie comme « le pouvoir du peuple par le peuple et pour le peuple. » La place du peuple est centrale dans la démocratie. C’est ce qui explique le fait que Rousseau ait accordé tant de crédits à ce régime. Il en a tellement accordé qu’il l’a considéré comme le régime qui serait adapté au royaume de Dieu. « S’il y avait un royaume de Dieu, celui-ci se gouvernerait démocratiquement », affirme Rousseau qui poursuit « un régime si parfait ne convient pas à des humains. »

Tout ce dont il avait eu peur arrive aux démocraties actuelles. Celui qui était censé être au milieu se trouve mis de côté. Le peuple législateur et acteur devient un simple esclave dont tout le rôle se résume aux élections.  Une fois celles-ci terminées, le peuple n’a plus droit à la parole. Il devient une « sans-part », un « n’ayant pas droit » comme explique le professeur français Jacques Rancière. Tout se passe comme si la démocratie se naissait et mourrait en un seul jour, celui du vote. Après les scrutins, le peuple devient un être soumis qui se doit d’obéir même si ses droits sont piétinés. Il se doit de faire ainsi pour ne pas subir des coups de matraque ou se voir gazer.

En effet, combien sont les démocraties dans le monde où les citoyens sont privés de leur liberté d’action. Ceux qui arrivent au pouvoir promettent des paradis aux citoyens, mais une fois dans le fauteuil présidentiel, ils transforment la démocratie en obscurantisme voire en « Tyrannie » comme se plait de l’appeler Karl Popper. Ils transforment le monde en géhenne. Il suffit de regarder la gouvernance dans les démocraties modernes pour s’en convaincre. En RDC, le régime Kabila a fait combien de morts parmi les citoyens qui manifestaient pour demander son départ ? Lors des dernières manifestations qui remontent au dimanche 16 février 2018, il y eut 2 morts,  une quarantaine de blessés et une centaine d’arrestations. En Guinée, la fraude électorale continue de semer le désordre pendant que les écoles sont paralysées par un mouvement de grèves. Qui n’a pas été témoin des jets de gaz lacrymogènes sur les manifestants anti referendum au Mali en 2017 ? Le collectif des femmes Amazones n’a-t-il pas été matraqué fin 2017 par le régime obscurantiste d’IBK ?  La caractéristique fondamentale des démocraties actuelles est la corruption, le tripatouillage des résultats électoraux au profit de la majorité présidentielle, la privation des citoyens de leurs droits, etc.

Ces violations se font sous des régimes qui s’appellent démocratiques, par des hommes qui se croient démocrates. En conséquence, étant dans des démocraties, il nous arrive d’avoir la nostalgie de la démocratie. Dans une démocratie, le dialogue doit pouvoir résoudre la quasi-totalité des problèmes. Mais malheureusement, celui-ci n’est pas mis en valeur. Les alternances qui doivent au moins être pacifiques sont les plus sanguinaires parce que ceux qui sont au pouvoir ne veulent pas le quitter. En conséquence, ils refusent de reconnaitre l’évidence s’il arrivait qu’ils sortent perdant des élections.

La démocratie pleure dans la quasi-totalité du monde et demande en conséquence d’être secourue pour qu’au moins la justice puisse régner dans le monde. Le droit du peuple doit être respecté. Cela constitue une condition sine qua non de la paix et par ricochet du développement.

Fousseni TOGOLA

Source: Le Pays-Mali

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