Dans le pipe depuis bientôt une année, les autorités de la Transition semblent bien décidées à recourir aux délégations spéciales pour diriger les collectivités. De bonnes sources, excepté quelques rares d’entre elles, notamment celles de Koulikoro et Sikasso, la quasi-totalité des communes urbaines et rurales verront très prochainement une délégation spéciale à leur tête.
Ladite mesure a pour but d’assainir la gestion desdites collectivités qui, il faut le rappeler, sont accusées de gestion peu orthodoxe par les vérifications et contrôles de l’Etat.
Selon les arguments avancés par la tutelle, les collectivités ciblées sont également prises en défaut sur leurs missions de services publics en matière d’assainissement ainsi que sur des irrégularités constatées dans leur gestion administrative, financière et comptable.
Conséquences : elles seront dissoutes et remplacées par des délégations spéciales pour remplir les
fonctions des Conseils de Collectivités territoriales.
La première phase a commencé avec la dissolution des conseils de cercles et les communes II et IV en
plus du conseil du district de Bamako.
Seulement voilà : selon nos sources, ce sont des militaires qui seraient pressentis pour prendre
les rênes de la plupart des collectivités arrachées des mains de politiques tombés en disgrâce au bout
de 30 années d’expérience démocratique.
Ainsi, à l’instar des zones d’insécurité pour lesquelles les autorités ont préféré des militaires aux
administrateurs civils pour les postes de gouverneur, la gestion de l’écrasante majorité des
communes pourrait revenir à des hommes en uniforme. Pour le district de Bamako, c’est même un
colonel qui serait en lice pour porter le costume retiré à Adama Sangaré, sur fond de motivations
très mitigées et peu conforme au Code des Collectivités comme pour les autres élus destitués.
Dans son esprit, la loi en question fait allusion aux implication d’un dysfonctionnement politique et
du mécanisme délibératif sur les services publics des collectivités, qui est bien différente de la responsabilité administrative qui ne saurait être collectivement partagée par l’ensemble des équipes communales. Or, à en juger par les arguments avancés, sont victimes des élus qui ne partagent nullement les prérogatives en vertu desquelles leurs collègues ont commis des fautes de gestion répréhensibles.
Encore que lesdites fautes devraient relever du domaine de la présomption tant que leur culpabilité
n’aura pas été établie par une décision de justice en bonne et due. Une dangereuse jurisprudence.
Amidou Keita
Le témoin