Une plainte est en passe d’être déposée contre tous les activistes ayant « vilipendé et diffamé » l’homme grâce à qui on parle de transition aujourd’hui. « Il est clair que le Mali est dans une impasse. Ça fait plus de 22 mois que les autorités de transition sont là et vraiment il n’y a pas eu de changement notoire que nous avons constaté. C’est dommage! », a déclaré Youssouf Daba Diawara, coordinateur général de la Coordination des mouvements, associations de sympathisants de l’imam Mahmoud Dicko (CMAS).

Le jeudi, lors d’un forum qui se tenait dans la capitale malienne, l’imam Dicko s’en est pris à « l’arrogance » des responsables de la transition, en même temps qu’à ‘’l’orgueil’’ de la Communauté internationale, au moment où les uns et les autres sont en plein bras de fer. Une telle critique contre les autorités de la transition est devenue exceptionnelle de la part d’une personnalité nationale aussi éminente. Mahmoud Dicko ne s’était pas signalé publiquement par de tels propos depuis longtemps.

Le samedi 28 mai 2022, Youssouf Daba Diawara, président de la CMAS, a pour sa part dénoncé « l’installation au Mali d’une atmosphère défavorable à la liberté d’expression ». Il a annoncé le dépôt d’une plainte contre « des activistes et des vidéastes à la solde du pouvoir », qui ont « vilipendé et diffamé » sur les réseaux sociaux l’imam Dicko après ses déclarations de jeudi au Forum de Bamako.

Les militants invités à rester mobilisés

Dans un communiqué rendu public après la rencontre des partisans de l’imam, la CMAS a, en outre, invité ses membres et sympathisants à rester engagés, debout et mobilisés en attendant son mot d’ordre.

Au Mali, désormais toute critique sur la gestion de la transition est considérée comme la réaction d’un apatride, un proche de la France. Mais la question que ces types de personnes spécialisées en attaques verbales ne se posent jamais; est qu’en est-il des manifestations contre le régime IBK ? L’imam avait accusé Moctare Ouane et Bah Daw d’être trop loin du peuple et très silencieux.

C’est cette sortie d’ailleurs contre la classe politique, la société civile, les autorités de la transition et la Communauté internationale qui fait de lui ipso facto un ennemi de la transition et un proche de la France comme le commentent certains internautes.

Par ailleurs, lors de la conférence de presse tenue le samedi, une frange du Mouvement du 5 juin-Rassemblement des Forces patriotiques (M5-RFP) qui a participé en août 2020 à la chute de l’ex-président malien, Ibrahim Boubacar Kéita, a réclamé la démission du Premier ministre, Choguel Maïga. Ce dernier est le premier responsable du Comité stratégique du M5-RFP.

Il convient de rappeler que le Mali, plongé dans des crises sécuritaires et politiques profondes depuis le déclenchement d’insurrections indépendantistes et djihadistes en 2012 dans le Nord, a subi deux coups d’État menés par le même groupe de colonels en août 2020 et mai 2021.

À cet effet, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest a infligé, en janvier, de vigoureuses mesures de rétorsion au Mali pour sanctionner la volonté des autorités de vouloir se maintenir au pouvoir jusqu’à cinq années supplémentaires. Depuis, la CEDEAO et le Mali tiraillent autour de la durée supplémentaire de la transition.

La CEDEAO propose 12 à 18 mois alors que les autorités de la transition campent sur 24 mois. Le rendez-vous est pris pour le 4 juin prochain à Accra afin de déterminer la nouvelle décision des chefs d’État.

Bourama Kéïta

Source: LE COMBAT