Le désormais très controversé meeting du Premier ministre Choguel K Maiga semble lever un coin du voile sur les relations entre les deux têtes de l’exécutif, à savoir le Colonel Assimi Goita, Président de la Transition et le Premier Ministre Choguel Kokalla Maiga.
Tous ceux qui savent décrypter un message politique devraient arriver à la conclusion que ce meeting, annoncé officiellement pour commémorer les quatre ans du Mouvement du 5 juin Rassemblement des Forces Patriotiques, M5 RFP, n’était en réalité qu’un cadre idoine tout trouvé pour le PM afin de solder ses comptes avec ses adversaires politiques et étrangement aussi avec son employeur le Président de la transition. Ce dernier qui hésite toujours à abroger son décret lui donne chaque jour l’occasion de l’affaiblir aux yeux de l’opinion. Ce meeting tout comme les sorties des « videomen » se réclamant du PM Choguel K Maiga sont la preuve d’une profonde dissension, voir malentendu entre le Président de la transition et son PM. Qu’est ce qui pourrait être à la base de cette inimitié, en passe d’être une opposition entre les deux têtes de proue de l’exécutif ? Pourquoi Assimi Goita n’arrive toujours pas à se débarrasser de son encombrant PM ?
Il ne fait l’ombre d’aucun doute que le torchon semble brûler entre les deux têtes de l’exécutif que sont le Président de la transition, le Colonel Assimi Goita et le Premier ministre Choguel K Maiga. Le meeting qui a été officiellement annoncé pour commémorer le quatrième anniversaire de la prise du pouvoir par l’armée, après le combat héroïque mené par le M5 RFP, s’est transformé en meeting politique d’une rare virulence dans les propos. Dans l’intervention du PM, la seule note qui n’avait pas suscité une grande polémique est celle relative à son soutien aux Forces armées maliennes. Le reste de son discours tant en langue nationale Bamanakan qu’en français a été une longue diatribe vexatoire. A commencer par celui qui a signé son décret de nomination, à savoir le Colonel Assimi Goita. Tout en se disant plus légitime que ce dernier dont la mission n’a consisté qu’à parachever la lutte salvatrice du M5 RFP, le PM a critiqué les responsables politiques qui offrent des forages aux populations en les qualifiant d’actes de corruption, or qui offre aujourd’hui des forages comme œuvres sociales ? Incontestablement la cible est toute désignée, le Président de la transition. Choguel K Maiga a qualifié de début de corruption la construction des forages et des ponts par les hommes politiques. En analysant entre les lignes, les propos du PM ne pourraient viser que deux personnalités, à savoir l’ancien PM Moussa Mara et particulièrement le Président de la Transition le colonel Assimi Goita, lui qui a réalisé d’innombrables forages avec son fonds de souveraineté.
Qu’est ce qui pourrait être à la base de cette étrange situation entre les deux têtes de proue de l’exécutif ?
Peut-être qu’un probable départ du Premier Ministre de la primature est envisagé par son employeur ce qui peut créer une certaine tension palpable en tout cas à en juger par les sorties virulentes de leurs partisans respectifs.
Les jours ou semaines à venir nous édifieront ! Pour le moment les thuriféraires et vidéomen attitrés et appointés par le PM ne font aucun cadeau au Président de la transition !
Pourquoi Assimi Goita n’arrive toujours pas à se débarrasser de son encombrant PM ?
Deux raisons pourraient expliquer le maintien à son poste du PM Choguel K Maiga, la première raison serait relative à un manque d’accord entre les cinq colonels sur son éviction à ce poste. L’unanimité n’est pas faite sur son départ d’où le traitement préférentiel du PM qui adoube certains colonels et dénigre d’autres. La deuxième raison est relative à son refus de quitter à l’amiable pour éviter une crise politique au sommet de l’Etat. A cela il faudrait également ajouter le manque de consensus autour d’une personnalité qui serait la pièce de rechange au cas où ils se débarrasseraient de Choguel K Maiga. Cette situation de ni paix, ni guerre entre les deux têtes de l’exécutif rend l’action gouvernementale très lourde pour ne pas dire paralyse l’administration.
En somme : la crise latente au sommet de l’Etat ne fera qu’accentuer la crise de confiance entre gouvernants et gouvernés et décrédibiliser davantage les autorités surtout avec tous les discrédits que les vidéomen et autres partisans émotifs couvrent les deux personnalités.
Youssouf Sissoko
L’Alternance